Pour le directeur de la CSSF, Claude Wampach, le tableau assez noir dressé par l’ABBL, notamment sur l’immobilier, est exagéré. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/archives)

Pour le directeur de la CSSF, Claude Wampach, le tableau assez noir dressé par l’ABBL, notamment sur l’immobilier, est exagéré. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/archives)

Directeur en charge de la surveillance des banques à la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) et membre du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire, Claude Wampach a un point de vue complètement différent de celui de l’ABBL sur les exigences de fonds propres.

Claude Wampach n’a pas dû tomber de sa chaise. Mais, à , le directeur en charge de la surveillance des banques à la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) et membre du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire a au moins tiqué. «Je suis étonné de découvrir le tableau très sombre qui y est dressé, en particulier pour le financement de biens immobiliers au Luxembourg. La CSSF ne partage pas ces vues. Les impacts du règlement dit ‘CRR3’, tels qu’ils peuvent être estimés à ce jour, restent d’ordre limité au niveau des banques luxembourgeoises de détail dans leur ensemble. Au niveau individuel, certaines banques verront leur situation de solvabilité améliorée alors que d’autres connaîtront des effets défavorables, mais somme toute limités», fait savoir le directeur de la CSSF.

«L’article en question contient des approximations douteuses. Le calcul qui est fait au niveau de l’«output floor», insinuant que désormais, pour des opérations pondérées à 150%, une banque doive réserver des fonds propres additionnels à hauteur de 150%*72,5%, n’est pas approprié. En effet, ce calcul s’effectue en moyenne, au niveau agrégé, et non pas au niveau transactionnel. La différence importe. Ainsi, pour les grandes banques de détail luxembourgeoises, l’output floor n’est pas contraignant et n’exige pas la mobilisation de capitaux additionnels», assure-t-il. Par ailleurs, même s’il est vrai que pour l’Union européenne, les exigences de fonds propres augmentent de 7,8% (à bilan donné), cela ne veut pas dire que les «les banques seront amenées à devenir plus sélectives». En effet, elles disposent déjà aujourd’hui des fonds propres suffisants, dépassant les minima réglementaires, pour supporter leurs opérations.

«Admettons qu’il puisse y avoir un nuage gris pour l’une ou l’autre banque luxembourgeoise qui sera contrainte de réserver un surplus de fonds propres à ses opérations. Il faut tout de même mettre ceci dans son contexte, à savoir la tourmente financière que le monde a connue à partir de l’été 2007 avec tout son lot de souffrance humaine! Les règles bâloises – en référence au Comité de Bâle sur le contrôle bancaire – qui sont en passe d’être mises en œuvre à travers le règlement européen dit CRR3, sont la réponse politique à cette lourde crise financière de 2008, dont le Luxembourg a été, heureusement, relativement épargné. Or, il ne faut pas oublier que ceci s’est fait aussi au prix d’interventions étatiques (et des contribuables luxembourgeois) qui ont permis de renflouer des filiales luxembourgeoises de groupes étrangers pris dans la tourmente. Ensuite, dès 2011, face aux dettes publiques qui s’étaient dès lors creusées en Europe, la crise de la dette souveraine menaçait de désintégrer la zone euro», rappelle M. Wampach.

«Certaines personnes semblent avoir la mémoire courte», conclut-il.