«Nous devons réorienter les ressources financières vers des initiatives et des projets qui favorisent et intègrent un avenir juste et durable», a commenté Nicoletta Centofanti, CEO de la Luxembourg Sustainable Finance Initiative, dans le rapport 2024 de la LSFI. (Photo: LSFI/photographer.lu)

«Nous devons réorienter les ressources financières vers des initiatives et des projets qui favorisent et intègrent un avenir juste et durable», a commenté Nicoletta Centofanti, CEO de la Luxembourg Sustainable Finance Initiative, dans le rapport 2024 de la LSFI. (Photo: LSFI/photographer.lu)

Les fonds ESG domiciliés au Luxembourg ont connu un rebond des actifs sous gestion, a constaté la LSFI dans la dernière édition de son rapport sur la finance durable. Mais ce succès ne se limite pas aux fonds communs de placement. Les fonds ESG du marché privé ont connu une croissance «remarquable», selon le rapport.

La Luxembourg Sustainable Finance Initiative (LSFI), en collaboration avec le cabinet de conseil PwC Luxembourg, a dévoilé le 5 décembre le rapport «». Les crises causées par le changement climatique, les conditions météorologiques extrêmes et les pertes naturelles ont augmenté ces dernières années, causant des dommages à l’environnement, des déplacements forcés et des conséquences financières, écrit , CEO de la LSFI, dans l’avant-propos du rapport.

Mais la finance durable a été une «pierre angulaire» de la politique de l’Union européenne, qui s’est imposée comme un «leader mondial» et s’est engagée à mobiliser 1.000 milliards d’euros d’investissements durables au cours de la prochaine décennie. Des progrès ont également été réalisés au Luxembourg, note Mme Centofanti, avec des initiatives telles que le Luxembourg Green Exchange (LGX), l’agence de labellisation Luxflag ou l’International Climate Finance Accelerator (ICFA). La LSFI elle-même a été fondée en 2020 pour sensibiliser, promouvoir les initiatives de finance durable et accompagner le secteur financier du Grand-Duché dans sa transition vers la durabilité.

Mais il faut faire plus, et «nous devons réorienter les ressources financières vers des initiatives et des projets qui favorisent et intègrent un avenir juste et durable», ajoute-t-elle. «La finance durable est une opportunité cruciale pour le secteur financier lui-même.» Elle peut contribuer à ce que la place financière luxembourgeoise reste «robuste, compétitive et résiliente».

Le rapport examine les stratégies ESG utilisées par les fonds communs de placement domiciliés au Luxembourg, les rapports sur les principaux impacts négatifs, l’utilisation du modèle ESG européen et, pour la première fois, l’ESG dans les fonds du marché privé, trois acteurs-clés dans l’espace de la finance durable du Luxembourg (LGX, Luxflag et l’ICFA) et une vue d’ensemble des activités de stewardship. Voici quelques éléments-clés du rapport.

Croissance «remarquable» des fonds ESG du marché privé

Plaque tournante des marchés privés, les actifs sous gestion des fonds des marchés privés domiciliés au Luxembourg sont passés de 740,9 milliards d’euros en 2019 à 1.708 milliards d’euros en 2023. Les actifs sous gestion des fonds ESG de marchés privés représentent spécifiquement 622,8 milliards d’euros (36,5%) des actifs sous gestion totaux des marchés privés en 2023, contre 42,9 milliards d’euros en 2019. «La croissance enregistrée par les fonds ESG du marché privé a été remarquable», indique le rapport.

Le private equity est la classe d’actifs la plus courante pour les fonds ESG de marchés privés.

Il y a un «grand saut» dans les actifs sous gestion entre 2020 et 2021, a noté Frédéric Vonner, partner et responsable de la finance durable et du développement durable chez PwC Luxembourg, lors d’une conférence de presse présentant le rapport. Cela est probablement dû à la méthodologie utilisée pour examiner ces données, a-t-il dit, car 2021 est l’année où le niveau 1 du règlement sur la divulgation des informations relatives à la finance durable (Sustainable Finance Disclosure Regulation – SFDR) est entré en vigueur. «C’est l’année à partir de laquelle tous les fonds, tous les véhicules réglementés ont dû déclarer leurs ambitions ESG.» Les données antérieures à 2021 – donc 2019 et 2020 – peuvent donc ne pas être représentatives du marché.

Les actifs sous gestion des fonds communs de placement ESG atteignent 3.248 milliards d’euros

Au premier semestre 2024, le total des actifs sous gestion des fonds communs de placement ESG s’élevait à 3.247,7 milliards d’euros, soit une augmentation par rapport aux 3.020,7 milliards d’euros du premier semestre 2023. Les actifs sous gestion des OPCVM ESG ont connu une augmentation de 12,3% depuis leur point bas du second semestre 2022. Les OPCVM non ESG domiciliés au Luxembourg ont également connu un rebond, mais à un taux de croissance plus faible, indique le rapport.

Les OPCVM ESG représentaient près des trois quarts (73,3%) du total des actifs sous gestion des OPCVM au Luxembourg (4.428,3 milliards d’euros) au premier semestre 2024.

Le type de stratégie (exclusion, implication et sélection ESG) est resté relativement stable au cours des trois dernières années. La «sélection ESG» signifie que ces fonds appliquent des facteurs ESG dans leur processus de sélection global et ne peuvent pas être explicitement inclus dans les catégories d’exclusion ou d’implication ; l’«exclusion ESG» fait référence aux fonds qui appliquent un ou plusieurs critères d’exclusion (en excluant par exemple de leurs investissements des secteurs controversés tels que le tabac, l’alcool, les drogues ou l’énergie fossile). Les fonds «implication ESG» appliquent une ou plusieurs des sous-stratégies suivantes, explique le rapport: best-in-class, positive tilt, thématique, microfinance, SDG ou fonds d’obligations durables. L’approche d’exclusion domine (61,6% des actifs sous gestion à la fin juin 2024).

Dans l’ensemble, l’étude a montré «une forme de stabilité et de continuité dans les tendances que nous avons observées au cours de l’année dernière», a commenté M. Vonner. Cela témoigne également de la consolidation du marché des fonds ESG.

Les deux tiers (68%) des actifs sous gestion des OPCVM domiciliés au Luxembourg correspondent à des fonds qui se présentent comme des fonds de l’article 8 en vertu du règlement sur la divulgation des informations relatives à la finance durable (SFDR), note le rapport. Seuls 4% des actifs sous gestion d’OPCVM correspondent à des fonds relevant de l’article 9. Le reste des actifs sous gestion (27%) correspond à des fonds relevant de l’article 6.

En ce qui concerne le nombre de fonds, à la fin du premier semestre 2024, un peu moins de la moitié (48%) ont déclaré des fonds relevant de l’article 8, 44% des fonds relevant de l’article 6 et 5% des fonds relevant de l’article 9.

Les fonds «vert clair» de l’article 8 promeuvent des caractéristiques environnementales et/ou sociales, tandis que les fonds «vert foncé» de l’article 9 ont un objectif d’investissement durable et que les fonds de l’article 6 n’ont pas de critères ESG.

Logiciels et services et semi-conducteurs

Les deux secteurs dans lesquels les fonds ESG investissent le plus sont les «logiciels et services» (5,2% des actifs sous gestion alloués à ce secteur) et les «semi-conducteurs et équipements semi-conducteurs» (4,3% des actifs sous gestion).

Les banques et les supermarchés prennent les devants

Si l’on considère les initiatives spécifiques – telles que la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), le Partnership for Carbon-Accounting Financials (PCAF) ou les Science-Based Target Initiatives (SBTI) – adoptées par les marchés financiers luxembourgeois, les banques et les super ManCo ont pris les devants en adhérant à la GFANZ, selon le rapport. Environ une banque et une super ManCo sur trois ont adhéré au GFANZ, qui est une «coalition mondiale d’institutions financières qui s’engagent à soutenir la transition vers le zéro net d’ici 2050».

Le rapport de la LSFI a également constaté que 106 des 440 gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs, banques, compagnies d’assurances, super ManCo et ManCo Ucits basés au Luxembourg et analysés ont publié un rapport sur les principaux impacts négatifs («principle adverse impacts», PAI) de leurs décisions d’investissement.

Cet article a été rédigé initialement , traduit et édité pour le site de Paperjam en français.