Les fonds environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ont fortement rebondi au cours des quatre premiers mois de 2024, levant 55 milliards de dollars, selon le fournisseur de données sur les investissements alternatifs Preqin. Un rapport publié par l’entreprise ce mercredi 3 juillet s’est penché sur la collecte de fonds, la performance et les politiques ESG, mettant en évidence une intégration variable selon les classes d’actifs et les régions.
Tendances en matière de collecte de fonds
En 2023, la collecte de fonds ESG a connu un déclin par rapport au pic de 163 milliards de dollars atteint en 2022. Preqin a attribué cette hausse en 2022 à la capacité des fonds ESG à attirer les investisseurs malgré des conditions économiques difficiles. Cependant, des facteurs tels que les hausses de taux d’intérêt et les pressions sur les portefeuilles en 2023 ont entraîné une baisse significative de la collecte de fonds ESG à 90 milliards de dollars. Néanmoins, en avril 2024, les fonds ESG avaient rebondi à 55 milliards de dollars, maintenant un rythme similaire à l’année exceptionnelle de 2022, avec des gestionnaires européens supervisant 68% du total.
Comparaison des performances
Preqin a également abordé le débat en cours sur l’impact de l’ESG sur la performance des fonds. En analysant 10.812 fonds non ESG et 215 fonds ESG, l’étude n’a pas trouvé de différence de performance statistiquement significative entre les deux catégories. Les fonds ESG ont affiché un taux de rendement interne (TRI) moyen de 13,5%, légèrement inférieur au TRI de 15% enregistré par les fonds de capital privé non ESG.
Cette constatation correspond à l’opinion de la plupart des investisseurs, 66% d’entre eux ayant déclaré en juin 2024 qu’ils pensaient qu’il n’y avait pas de lien avec la performance. Toutefois, l’analyse des sous-stratégies ESG a indiqué que les fonds d’impact ont produit des rendements nettement inférieurs. Notamment, les fonds ESG les plus jeunes ont enregistré des TRI moyens encore plus faibles.
Sentiment des investisseurs
Sur le plan géographique, l’Europe est en tête des fonds énergétiques axés spécifiquement sur les énergies renouvelables, tandis que les États-Unis conservent leur position dominante dans les investissements plus généraux en capital énergétique. Le rapport souligne le potentiel des véhicules électriques pour réduire de manière significative les émissions de carbone dans le secteur des transports. En outre, le sentiment des investisseurs souligne l’importance cruciale de l’ESG, puisque 60% d’entre eux ont déclaré qu’ils avaient rejeté des transactions en raison de préoccupations liées à l’ESG ou qu’ils étaient enclins à le faire, ce qui souligne la pertinence stratégique de l’ESG pour les parties prenantes et son impact sur la dynamique de la concurrence.
Le rôle croissant des infrastructures
L’infrastructure est apparue comme un secteur central dans la collecte de fonds ESG, représentant 44% du total des fonds et posant un défi important au capital-investissement. La dette privée a également connu un afflux substantiel de capitaux ESG, marquant son année la plus active en 2023. Au sein de l’infrastructure, les énergies renouvelables ont représenté un record de 59% des transactions en 2023, les fonds d’infrastructure ayant levé 72% des 1,23 trillion de dollars de capitaux consacrés aux énergies renouvelables depuis 2014.
Alex Murray, vice-président et responsable des actifs réels, research insights, chez Preqin, a indiqué dans un communiqué: «L’ESG s’avère plus durable que beaucoup ne l’avaient anticipé, suite au retour à la concentration sur la génération de rendement dans un scénario plus élevé pour plus longtemps. La forte croissance de sa part de collecte de fonds sur les marchés privés suggère que de plus en plus de gestionnaires souhaitent que leurs nouveaux fonds soient reconnus comme des fonds ESG. Les raisons invoquées vont de la capacité à lever des capitaux à la gestion des risques en passant par la sélection des opérations. Quoi qu’il en soit, ce secteur encore relativement naissant au sein des alternatives continuera à se développer malgré toute réaction négative aux États-Unis, étant donné l’environnement réglementaire plus souple de l’Europe.»
Cet article a été rédigé par en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.