Sur l’année 2018, les fonds alternatifs ont globalement mieux performé que les Ucits. (Photo: Shutterstock)

Sur l’année 2018, les fonds alternatifs ont globalement mieux performé que les Ucits. (Photo: Shutterstock)

Monterey Insight a récemment sorti son étude annuelle sur l’écosystème des fonds d’investissement au Luxembourg, marquée par une montée en puissance de l’américain State Street.

À fin avril 2019, l’industrie luxembourgeoise des fonds d’investissement gérait 4.404,6 milliards d’euros d’actifs. Un record absolu qui marque surtout le retour aux jours fastes, après une année 2018 qui a connu d’importantes périodes de turbulences. «Effectivement, d’après nos analyses, l’exercice 2018 a été marqué par de bonnes et de moins bonnes nouvelles», convient Karine Pacary, directrice de Monterey Insight.

Basé à Londres, ce centre de recherche sur les fonds d’investissement publie chaque année une étude sur ce secteur toujours relativement discret au niveau du Luxembourg. Il fait de même pour l’Irlande, Jersey, Guernesey et, depuis un an, pour le Royaume-Uni. À la mi-juin, il a dévoilé les résultats de sa 25e étude sur le Grand-Duché, la 9e depuis qu’il a quitté le périmètre de Thomson-Reuter pour voler de ses propres ailes.

Dif­ficile de dire comment les positions évolueront à l’avenir.

Karine PacarydirectriceMonterey Insight

Le premier enseignement de l’étude est la montée en puissance de la banque américaine State Street au cours de l’année 2018 face à son opposant traditionnel, J.P. Morgan Bank. Dans ce combat des chefs, State Street, déjà en tête l’an dernier dans le secteur de l’administration de fonds, a dépassé son principal concurrent dans le secteur des banques dépositaires.

Et, selon les nouveaux classements de Monterey Insight, associé à IFDS, State Street s’impose aussi dans le classement des agents de transfert, prenant cette fois le dessus sur RBC Investor Services Bank et sur... J.P. Morgan, déjà troisième l’an dernier dans cette catégorie. Ceci dit, le groupe financier new-yorkais garde sa prédominance dans le club des promoteurs de fonds, devant DWS International (Deutsche Bank) et Amundi, et dans la catégorie des gestionnaires de fonds devant les deux mêmes challengers.

«Dif­ficile de dire comment les positions évolueront à l’avenir entre ces deux géants», note la responsable de Monterey Insight. «Leur évolution dépendra surtout des acquisitions qu’ils feront.»

Les Fiar en force

En termes de produits, l’étude montre que 2018 a soufflé le chaud et le froid. «Les fonds Ucits ont à nouveau été très populaires au niveau des lancements et des enregistrements, mais la valeur totale des actifs s’est affichée en baisse», note Karine Pacary. Elle pointe aussi que les nouveaux fonds créés l’an dernier ont été de plus petite taille. En 2018, les cinq premiers produits ont atteint une taille globale de 2,7 milliards d’euros contre 7,6 milliards un an plus tôt.

Au niveau de la croissance organique des produits existants, l’étude travaille par échantillon. Sur les 20 plus grands produits qui ont connu des pertes, le total des moins-values atteint 212 milliards d’euros. Pour les 20 produits qui ont le mieux performé, le total des bénéfices atteint 149 milliards.

«On voit donc que les pertes dans ces échantillons sont supérieures aux bénéfices», comptabilise la directrice générale de Monterey Insight. «Et, autre point significatif, l’échantillon des fonds en perte ne compte que des Ucits alors que celui des grands fonds en bénéfice compte aussi bien des Ucits que des Sicar (sociétés d’investissement en capital à risque, ndlr) et des Fis (fonds d’investissement spécialisés, ndlr).»

Il y a certainement eu des transferts de fonds Ucits vers des Fiar, mais leur progression reste impressionnante.

Karine PacarydirectriceMonterey Insight

Parmi les succès de l’année, l’étude pointe la progression des Sicar, qui gagnent 12% pour atteindre un total de 54,2 milliards d’euros et des Fis qui grimpent de 5% à 539 milliards. Sur l’année 2018, les fonds alternatifs ont globalement mieux performé que les Ucits, comme on le voit.

La catégorie, nettement moins importante en volume, a progressé alors que les Ucits ont reculé. Et, dans ce succès, la meilleure performance est à mettre au compte des Fiar (fonds d’investissement alternatifs réservés). Lancés commercialement en 2016, ils ont connu un succès rapide.

Sur l’année 2018, la croissance des nouveaux enregistrements est de 169% en un an alors que les actifs ont gonflé de 158%. «Il y a certainement eu des transferts de fonds Ucits vers des Fiar, mais leur progression reste impressionnante», observe Karine Pacary.

Poussée des fusions

L’étude de Monterey passe au scanner le secteur des fonds luxembourgeois de manière très large. Dans le domaine de l’audit des fonds, elle montre ainsi que PwC domine largement le marché avec 6.385 fonds parmi ses clients. C’est le double de KPMG (3.076), son principal challenger. Le cabinet Arendt & Medernach arrive, lui, en première place parmi les conseillers juridiques avec 4.285 fonds clients. Il est suivi par Elvinger Hoss Prussen (3.511), Linklaters (858) et Allen & Overy (604).

Enfin, parmi les grandes observations faites par le centre de recherche londonien, il faut encore pointer l’importance des opérations de fusion et acquisition. «Nous en avons répertorié une vingtaine l’an dernier», con­firme Karine Pacary. «C’est nettement plus important que les autres années et ces opérations ont autant concerné les banques dépositaires que les agents de transfert ou l’administration de fonds.»