De la BEI au Parlement européen en passant par la Cour de justice de l’UE ou encore la Cour des comptes européenne, les fonctionnaires employés par l’UE réclament un pouvoir d’achat équivalent à celui de leurs collègues affectés à Bruxelles ou ailleurs. (Montage: Dominique Perrault Architectes)

De la BEI au Parlement européen en passant par la Cour de justice de l’UE ou encore la Cour des comptes européenne, les fonctionnaires employés par l’UE réclament un pouvoir d’achat équivalent à celui de leurs collègues affectés à Bruxelles ou ailleurs. (Montage: Dominique Perrault Architectes)

Le coût de la vie au Luxembourg pèse sur le panier des fonctionnaires européens, dont le salaire est calculé sur la même base que celui de leurs collègues à Bruxelles.

Souvent présentés comme bien lotis – avec un salaire moyen de 111.000 euros en 2018 selon le Statec –, les fonctionnaires européens travaillant au Luxembourg ne sont toutefois pas tous logés à la même enseigne. Depuis 2004 et le début d’une série d’élargissements de l’UE aux pays d’Europe de l’Est, le statut a été sensiblement révisé et plusieurs dizaines d’agents contractuels perçoivent un salaire inférieur à celui de l’ouvrier qualifié selon l’Union syndicale Luxembourg, principal syndicat du secteur.

D’ailleurs, un tiers des agents de l’UE serait obligé de se loger dans la Grande Région, partageant les difficultés des autres salariés face à l’évolution soutenue du coût du logement au Grand-Duché.

Les fonctionnaires européens de Luxembourg bataillent depuis de nombreuses années pour faire reconnaître une disparité de pouvoir d’achat par rapport à leurs collègues de Bruxelles. Le statut de la fonction publique européenne prévoit en effet que tous les agents doivent avoir un pouvoir d’achat identique quel que soit leur lieu d’affectation.

La Belgique et le Luxembourg sont considérés depuis les années 1970 sur un pied d’égalité, or le niveau de vie de ces deux pays a évolué dans des proportions très éloignées depuis lors. Une étude de l’OCDE de 2006 constate ainsi une disparité de 5,6% au détriment du Luxembourg, selon l’Union syndicale Luxembourg. Et ce fossé s’est encore creusé ces dernières années, atteignant 8% en 2016 et 16,8% en 2018.

Un écart supérieur à 10% selon une enquête récente

Signé en 2016 entre le ministre des Affaires étrangères et européennes et la vice-présidente de la Commission Kristalina Georgieva, l’accord devant pérenniser les emplois européens au Luxembourg achoppe également sur l’aspect financier.

Les agents actifs dans l’IT et la cinquantaine d’agents de l’Olaf invités à rejoindre le Parquet européen refusent de déménager à Luxembourg du fait de la disparité de pouvoir d’achat, assure l’Union syndicale Luxembourg. Quant à la BEI, c’est aussi son recours grandissant à des CDD qui freine les candidats venus d’autres pays.

Conscient que cette disparité de pouvoir d’achat nuit à l’attractivité du pôle européen luxembourgeois, le gouvernement a fini par demander à la Commission de procéder à une enquête sur le terrain, précise une source à Paperjam.lu. Le rapport bouclé fin juillet couvre non pas le seul Grand-Duché, mais la Grande Région. Quand bien même: il fait état d’un écart de plus de 10% avec le niveau de vie de Bruxelles. Sachant qu’au-delà de 5%, la Commission est habilitée par le Conseil et le Parlement européen à émettre un coefficient correcteur au bénéfice des fonctionnaires.

Le gouvernement examine actuellement des pistes de solution potentielles pour maintenir l’attractivité du site du Luxembourg.

Ministère des Affaires étrangères et européennes

Les fonctionnaires européens travaillant au Luxembourg comptent donc sur le gouvernement luxembourgeois pour solliciter officiellement la Commission, dans un contexte à la fois délicat et propice avec l’arrivée de la nouvelle commission Von der Leyen et les discussions autour du cadre financier pluriannuel – le budget de l’UE pour les cinq années à venir.

Contacté par Paperjam.lu, le ministère des Affaires étrangères et européennes confirme que «compte tenu du coût de la vie relativement élevé à Luxembourg par rapport à Bruxelles, le gouvernement examine actuellement des pistes de solution potentielles pour maintenir l’attractivité du site du Luxembourg en tant que siège des institutions européennes, dont la Commission». L’introduction d’un coefficient correcteur «qui pourrait éventuellement compenser la différence de coût de la vie entre Luxembourg et Bruxelles est à l’étude», ajoute le ministère avec prudence.