, c’est au tour du FMI de revoir à la baisse ses perspectives de croissance économique.
Selon Pierre-Olivier Gourinchas, conseiller économique et directeur des études du FMI, c’est l’invasion de l’Ukraine qui est responsable de ce déclassement des perspectives de l’économie mondiale. Une invasion qui intervient alors que l’économie ne s’était pas encore remise totalement de la pandémie. «Avant même la guerre, l’inflation s’était accélérée dans de nombreux pays en raison des déséquilibres entre l’offre et la demande, et de l’aide apportée par les pouvoirs publics pendant la pandémie, ce qui avait entraîné un resserrement de la politique monétaire. Les dernières mesures de confinement prises en Chine pourraient provoquer de nouveaux goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement mondiales», estime-t-il.
Avant de publier ses nouvelles prévisions, le FMI s’était déjà inquiété du potentiel frein à la croissance que constitue .
2,8% de croissance pour la zone euro
Au final, la croissance pour 2022 devrait être de 3,6% au niveau mondial. Les économies émergentes tireraient mieux leur épingle du jeu que les économies développées (3,8% de croissance contre 3,3%). La plus grande perdante de la guerre serait, outre la Russie (-8,5% de croissance attendus), la zone euro, dont les perspectives plafonnent à 2,8%, contre 3,9% précédemment. Affaiblissement des perspectives également pour les États-Unis (3,7%) et pour la Chine (4,4%).
Les perspectives à moyen terme sont revues à la baisse pour tous les pays ou groupes de pays, à l’exception des pays exportateurs de produits de base – Russie exclue – qui bénéficient de la forte augmentation des prix de l’énergie et des denrées alimentaires.
Le grand bond en arrière
Le FMI, , voit une inflation élevée pour une longue période.
Ce qui accroît le risque de troubles sociaux dans les pays les plus pauvres, durcit les conditions de financement pour les pays émergents et les pays en développement, et complique la normalisation des politiques budgétaires et monétaires.
«En outre, la guerre a accru le risque d’une fragmentation plus durable de l’économie mondiale en blocs géopolitiques s’appuyant sur des normes technologiques, des monnaies de réserve et des systèmes de paiement internationaux distincts. Un tel ‘bouleversement tectonique’ entraînerait des pertes d’efficience à long terme, accroîtrait la volatilité et serait source de graves difficultés pour le cadre fondé sur des règles qui ont régi les relations internationales et économiques au cours des 75 dernières années», estime Pierre-Olivier Gourinchas.
L’austérité pointe le bout de son nez
Pour l’économiste en chef du FMI, le contexte complique l’action des banques centrales qui «devront résolument ajuster leur politique, afin de garantir l’ancrage des anticipations d’inflation à moyen et long termes». «Elles devront communiquer clairement et procéder à un cadrage prospectif de la politique monétaire, afin de réduire au minimum les perturbations que pourraient engendrer certains changements d’orientation.»
La guerre implique également pour les pays de rééquilibrer leurs finances publiques. Tout en continuant de soutenir les populations et les secteurs économiques vulnérables.
Et même si le mot n’apparaît pas, c’est bien le retour de l’austérité qui se dessine en filigrane.
Enfin, le FMI appelle à ne pas oublier les grandes priorités que sont la lutte contre le réchauffement climatique, la lutte contre le Covid et le bon fonctionnement du dispositif mondial de sécurité financière.
«En l’espace de quelques semaines, le monde s’est une fois de plus retrouvé en présence d’un choc majeur. Alors qu’une reprise durable était en vue pour l’après-pandémie, la guerre a éclaté, ce qui pourrait réduire à néant les progrès récemment accomplis. Les nombreux défis à relever exigent que des mesures adaptées fassent l’objet de concertations aux niveaux national et international pour empêcher que la situation ne se dégrade encore davantage et pour améliorer les perspectives économiques de tous», plaide l’économiste.