En marge des réunions de printemps, le FMI revoit à la baisse ses prévisions de croissance et se dit préoccupé par l’actuelle fragmentation géoéconomique. (Photo: Shutterstock)

En marge des réunions de printemps, le FMI revoit à la baisse ses prévisions de croissance et se dit préoccupé par l’actuelle fragmentation géoéconomique. (Photo: Shutterstock)

Ce ne sera pas 2,9% comme précédemment annoncé, mais 2,8%. La croissance mondiale pour 2023 est pénalisée par une inflation qui devrait rester importante, autour des 7%.

À l’occasion des réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, les experts du FMI ont abaissé leurs prévisions de croissance à 2,8%. En janvier dernier, le FMI tablait encore sur 2,9% pour cette année. Dans le scénario le plus pessimiste, scénario où une crise bancaire se propagerait, la croissance mondiale ne serait plus que de 2,5%, «soit le taux le plus faible depuis le ralentissement de l’économie mondiale en 2001». «Les signes timides du début de l’année 2023 qui donnaient à penser que l’économie mondiale pourrait atterrir en douceur à la faveur d’un ralentissement de l’inflation et d’une croissance régulière se sont estompés, dans un contexte marqué par une inflation obstinément élevée et, plus récemment, les perturbations du secteur financier», détaille le FMI.

L’Europe à la traine

Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI, attribue ce ralentissement de la reprise à une inflation qui va rester importante, «en dépit du relèvement des taux des banques centrales», aux alentours de 7% au niveau mondial. «L’inflation mondiale baissera, bien que plus lentement que prévu initialement, passant de 8,7% l’an dernier à 7% cette année et 4,9% en 2024», estime le chef économiste. Pour celui-ci, dans la plupart des pays, l’inflation ne devrait pas revenir à son niveau cible avant 2025. La faute à une diminution plus lente que prévu de l’inflation sous-jacente.

Ce sont les pays industrialisés qui devraient connaître le ralentissement le plus marqué avec un taux de croissance chutant de 2,7% en 2022 à 1,3% en 2023. Entre zones, les écarts restent fortement marqués: la croissance américaine atteindrait 1,6% alors que celle de la zone euro 0,8% seulement. Ce qui reste meilleur que les 0,7% annoncés en janvier. L’Allemagne, traditionnel moteur économique de la zone et partenaire majeur du Luxembourg, est désormais attendue en léger repli (-0,1%).

Quant au Royaume-Uni, sa croissance sera limitée à 0,4%. Comme celle de la Russie…

Les pays émergents et en développement affichent de meilleures perspectives avec des taux de croissance bondissant de 2,8% au quatrième trimestre 2022 à 4,5% au quatrième semestre 2023.

La bombe à fragmentation économique

Pierre-Olivier Gourinchas s’attend cependant à «une reprise graduelle de l’économie» et estime à 3% la croissance mondiale de 2024. Tout en soulignant une tendance globale à la contraction des perspectives de croissance à moyen terme, «les prévisions à cinq ans ayant diminué progressivement de 4,6% en 2011 à 3% en 2023». Si ce resserrement n’est pas surprenant, «la croissance ralentissant au fur et à mesure que les pays convergent», l’économiste pointe d’autres causes qui l’inquiètent plus: «les séquelles de la pandémie, l’essoufflement des réformes structurelles ainsi que de la menace grandissante de la fragmentation géoéconomique, qui exacerbe les tensions commerciales, réduit les investissements directs, et freine l’innovation et l’adoption des technologies au sein de “blocs” fragmentés».

Et de prévenir: «Un monde morcelé a peu de chances d’assurer le progrès de tous et de nous permettre de relever des défis d’ampleur mondiale, tels que le changement climatique ou la préparation aux pandémies. Nous devons à tout prix éviter d’emprunter ce chemin».

Un chemin au cœur des discussions lors de l’actuelle réunion de printemps.