Le FMI prône la mise en place d’un conseil budgétaire européen dont l’une des missions serait de dessiner la politique fiscale de l’Union européenne. (Photo: Shutterstock)

Le FMI prône la mise en place d’un conseil budgétaire européen dont l’une des missions serait de dessiner la politique fiscale de l’Union européenne. (Photo: Shutterstock)

Un article d’opinion de trois directeurs du FMI, suivi de la publication d’un livre blanc, pose les bases d’une Union budgétaire européenne. Ainsi, le FMI veut une réforme de la politique budgétaire des États membres afin d’éviter une crise de la dette.

Dans  publiée le 5 septembre sur son site web, le Fonds monétaire international (FMI) donne la parole à trois de ses cadres, poussant à la création d’une union budgétaire en Europe. L’article a d’autant plus de poids qu’il s’agit du directeur des affaires fiscales, du directeur du département européen et de la directrice en charge de la stratégie et de la politique du FMI.

D’emblée, les auteurs indiquent que les conditions en Europe n’ont jamais été autant propices à la mutualisation des efforts en matière de budget: «Une dette élevée et des taux d’intérêt en hausse font primer l’amélioration de la gouvernance pour ancrer la politique budgétaire dans les États membres de l’UE.» Cela en tenant compte du soutien crucial de la politique budgétaire apporté aux entreprises et aux ménages face aux chocs économiques telles les restrictions lors de pandémie ou la crise énergétique en cours.

Un manque de finances publiques saines

Malgré tout, la capacité des gouvernements à apporter un soutien aux opérateurs économiques s’amenuise au fil de chaque crise. L’endettement des États et leurs difficultés à faire face à la flambée de l’inflation ne permettent plus d’affronter correctement «les augmentations extrêmes du coût de la vie et la lutte contre le changement climatique». Des finances publiques saines s’imposent. «Dans ce contexte, l’Union européenne a besoin de règles budgétaires révisées qui offrent la flexibilité nécessaire pour des politiques audacieuses et rapides en cas de besoin.»

En outre, le taux d’endettement de certains États membres au-delà de 60% de leur PIB, tel qu’autorisé par la Commission européenne en réponse à la pandémie, «pose des défis supplémentaires pour revenir aux règles existantes». Pour rappel, la dette publique de l’Italie a atteint près de 160% de son PIB à l’issue de la crise sanitaire, 140% pour le Portugal, 120% pour l’Espagne et la France. À l’opposé, le ratio de la dette publique luxembourgeoise par rapport à son PIB est de 21,63%, soit bien inférieur au seuil symbolique de 30% que le gouvernement s’est imposé de ne pas dépasser.

La suggestion du FMI de réformer le budget européen ne se limite pas à une simple prise de position de certains employés haut placés dans une tribune. L’organisation internationale a simultanément émis un livre blanc de 49 pages, intitulé

L’inspiration de NextGenerationEU

Ce livre blanc comporte trois recommandations. La première consiste à créer un nouvel organe: le conseil budgétaire européen. Il serait en charge de développer une nouvelle approche budgétaire commune, tout en maintenant les règles de 3% de déficit et de 60% de la dette. Deuxièmement, tous les États membres seraient priés de se mettre en conformité avec les nouvelles règles afin d’aboutir à une convergence budgétaire qui aurait des plafonds de dépenses. Des conseils budgétaires nationaux indépendants devraient ainsi voir le jour pour «renforcer les freins et contrepoids», notamment «en réalisant et approuvant des projections macroéconomiques». Finalement, la Commission européenne poursuivrait son rôle de surveillance tout en se dotant d’une capacité de fourniture de biens publics communs de l’UE», à l’instar de l’expérience acquise avec NextGenerationEU, le plan de relance européen post-Covid-19 à 800 milliards d’euros.

Ce n’est pas la première fois que la création d’une Europe budgétaire émerge au cours des derniers mois. Au Brussels Economic Forum, organisé par la Commission européenne en mai, le commissaire européen en charge de l’économie, Paolo Gentiloni, : «Ça a été l’une des propositions les plus fréquentes au cours de ces dernières années. (…) Nous avons fait un pas important en 2020 avec l’adoption de NextGenerationEU.» Également présente, la first deputy managing director du FMI, Gita Gopinath, avait ajouté: «NextGenerationEU, qui a été une véritable percée, si elle est couronnée de succès, devrait alors donner confiance en l’existence d’une capacité budgétaire centrale.» L’exécutif européen et le FMI semblent donc bien alignés.