Selon les experts du FMI, un retournement brutal des marchés n’est pas à exclure, et aurait alors pour effet d’aggraver les perspectives de reprise. (Photo: Shutterstock)

Selon les experts du FMI, un retournement brutal des marchés n’est pas à exclure, et aurait alors pour effet d’aggraver les perspectives de reprise. (Photo: Shutterstock)

Le Fonds monétaire international alerte sur la décorrélation entre l’évolution des marchés financiers et l’état de l’économie réelle.

rédigée par Tobias Adrian, conseiller financier, et Fabio Natalucci, responsable du rapport sur la stabilité financière mondiale, le FMI note le décalage entre les réactions des marchés financiers et la réalité économique.

«Après avoir fortement chuté en février et mars, les marchés actions se sont redressés, dans certains cas pour se rapprocher de leurs niveaux de janvier, tandis que les spreads de crédit se sont considérablement réduits, même pour les investissements plus risqués. Cela a créé une déconnexion manifeste entre les marchés financiers et les perspectives économiques», lit-on dans la note.

Avant d’ajouter: «Les investisseurs semblent parier sur le fait qu’un soutien durable et solide des banques centrales permettra de soutenir une reprise rapide, même si les données économiques indiquent un ralentissement plus profond que prévu.»

Les deux experts pointent ainsi une hausse des niveaux d’endettement et un risque d’augmentation des insolvabilités, qui fait peser un risque sur les banques de certains pays et qui fragilise les économies émergentes.

Retournement des marchés

«La déconnexion entre les marchés financiers et l’économie réelle peuvent être illustrées par le récent découplage entre l’envolée des marchés boursiers américains et la chute de la confiance des consommateurs (deux indicateurs qui ont historiquement suivi la même tendance), ce qui soulève des questions sur la durabilité de la reprise, si elle n’était pas boostée par les banques centrales», expliquent les auteurs.

Un retournement brutal des marchés n’est pas à exclure, et aurait alors pour effet d’aggraver les perspectives de reprise. Celui-ci peut être engendré par une seconde vague d’infections, mais aussi par la poussée de tensions géopolitiques, l’aggravation des troubles sociaux, ou encore des attentes déçues concernant l’ampleur du soutien des banques centrales à l’avenir.

«Une telle réévaluation, surtout si elle est amplifiée par les vulnérabilités financières, pourrait entraîner un fort resserrement des conditions financières, ce qui limiterait le flux de crédit à l’économie. Le stress financier pourrait aggraver une récession économique déjà sans précédent, rendant la reprise encore plus difficile», craignent les experts.