Le secteur financier non bancaire – souvent encore appelé Shadow Banking, avec tout ce que ce terme peut avoir de connotation négative pour les profanes – regroupe un ensemble varié d’activités, d’entités et d’infrastructures financières: les fonds d’investissement, les compagnies d’assurance, les fonds de pension et d’autres intermédiaires financiers. Des entités régulées comme les banques, mais de manière différente et souvent par des acteurs différents au sein des juridictions et d’une juridiction à l’autre.
Le secteur financier non bancaire a acquis une place de plus en plus importante dans le financement de l’économie au fur et à mesure que les banques étaient soumises à des régulations censées éviter les dérives ayant conduit aux crises financières qui se sont succédé à partir de 2008. Des réglementations qui limitent leur production de crédit. Le private equity doit à ces régulations son envol des dernières années. Tout comme au contexte de taux bas, voire négatif. Un contexte qui s’est retourné en 2022.
Source de risque systémique
Selon le – chargé par le G20 de Séoul tenu en 2010 dans le cadre du suivi de la crise financière mondiale de 2008 de surveiller ce secteur – le financement non bancaire peut devenir une source de risque systémique s’il implique une transformation des échéances et des liquidités ou s’il conduit à l’accumulation de l’effet de levier.
La diversité et l’implication croissante des entités non bancaires dans l’offre de crédit ont conduit à davantage d’interconnexions, y compris sur une base transfrontalière, ce qui signifie que les tensions dans le secteur peuvent être transmises plus largement à d’autres parties du système financier et à l’économie au sens large.
Une inquiétude qui semble de plus en plus d’actualité.
Endettement et asymétrie de liquidités
Le FMI y consacre tout un chapitre de son dernier . Pour l’institution de Washington, les entités du secteur font courir un risque accru à la finance mondiale, du fait de leur exposition aux conséquences de la hausse des taux. Ces risques pourraient s’intensifier dans les prochains mois et menacer particulièrement les économies émergentes.
«La stabilité financière mondiale pourrait dépendre de leur résilience à mesure que la politique monétaire se resserre pour lutter contre l’inflation élevée», estime le FMI. «Les récentes tensions qui ont perturbé certaines banques aux États-Unis et en Europe sont un rappel flagrant des foyers de grande vulnérabilité financière qui se sont constitués au fil des années durant lesquelles les taux d’intérêt étaient bas, la volatilité comprimée et les liquidités abondantes. Ces risques pourraient s’intensifier dans les mois à venir, dans un contexte de resserrement continu de la politique monétaire à l’échelle mondiale.»
Pour le FMI, le premier risque tient au niveau d’endettement de ces entités. Le second est relatif aux asymétries de liquidités, comprendre «lorsqu’une institution n’est pas en mesure de générer suffisamment de liquidités, soit par la liquidation d’actifs, tels que des obligations ou des actions, soit par l’utilisation de lignes de crédit pour faire face à des demandes de rachat de la part d’investisseurs». Bref, un remake des scénarios et .
Améliorer la réglementation
Alors que les banques centrales sont confrontées à la difficulté d’arbitrer entre la lutte contre l’inflation et la stabilité financière, le FMI appelle les États à mettre en place une meilleure réglementation du secteur en s’inspirant de la stricte réglementation des banques, notamment pour ce qui est de la gestion des risques.
Il appelle également les banques centrales à étendre le cas échéant d’éventuelles facilités de prêts aux acteurs financiers non bancaires.