Cette année, dans le cadre de leur consultation annuelle visant à prendre le pouls de l’économie de la Place, les experts du FMI notent que le Luxembourg a relativement bien résisté à la pandémie, grâce à la combinaison de trois facteurs: un soutien politique sans précédent, grâce aux réserves fiscales accumulées; une adaptation rapide au télétravail, facilitée par la structure de l’économie, basée sur les services financiers; et une réouverture rapide de l’économie, due à la stratégie de tests et de suivi de la population à grande échelle. Un vrai satisfecit.
Si ces efforts n’ont pu éviter , l’institution basée à Washington table sur un rebond de l’activité en 2021, à hauteur de 4,5%, «dans un contexte de maintien d’un soutien politique ciblé et de conditions financières mondiales accommodantes». À moyen terme, la production ne retrouvera cependant pas ses niveaux d’avant-crise, à cause de la dégradation du bilan des entreprises et de l’impact sur le marché du travail, qui conservera des cicatrices de la crise.
Appel à une politique budgétaire favorable
La vigueur de la reprise dépendra avant tout de l’évolution de la crise sanitaire. «Mais aussi de facteurs plus globaux, comme le durcissement des conditions financières, l’accélération de la démondialisation et les pertes de revenus potentiellement non négligeables dues à des modifications de la fiscalité internationale.»
En conséquence, les experts du FMI estiment que la politique budgétaire devrait rester favorable et, à mesure que la reprise s’accélérera, «être plus orientée vers les personnes les plus vulnérables afin d’éviter une augmentation des inégalités», lesquelles ont déjà été . Et de préconiser une normalisation budgétaire, dès lors que la production aura largement retrouvé son niveau antérieur à la crise.
À plus long terme, le FMI estime que le Grand-Duché devrait pouvoir tirer parti de sa marge de manœuvre budgétaire importante pour maintenir ses niveaux élevés d’investissement public, «pour combler ses lacunes en matière d’infrastructures» et pour accélérer sa transition vers une économie verte.
Favoriser une reprise inclusive
Crise oblige, la question sociale s’est faite plus présente dans les analyses du Fonds.
Concernant le marché du travail, le FMI appelle, au nom d’une «reprise inclusive», dès que la reprise le permettra, à basculer les aides de la préservation des emplois vers l’aide aux travailleurs. En ciblant les groupes les plus touchés par la pandémie, à savoir les jeunes, les personnes peu qualifiées et les personnes nées à l’étranger. Le FMI préconise de développer les subventions à l’embauche et la formation afin d’«améliorer les compétences et promouvoir la réintégration des travailleurs touchés par la crise sur le marché du travail».
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Autre sujet récurrent d’inquiétude systémique et social: la bulle sur le marché immobilier. et appelle à faire plus si cet endettement continuait à augmenter. Et suggère plus d’actions pour améliorer l’inclusion sur le marché immobilier. Outre qui liera les subventions allouées aux communes à la quantité de logements sociaux réalisés, le FMI approuve visant à décourager la spéculation, à soutenir l’offre locative et à augmenter l’offre de terrains constructibles.
Inquiétudes pour la Place
Arbitre de la bienséance en matière de fiscalité, le FMI encourage le Luxembourg à diversifier ses recettes et à améliorer l’efficacité des investissements publics afin de compenser les pertes à prévoir dues aux nouvelles règles en matière de fiscalité des entreprises internationales. Règles envers lesquelles le FMI souligne l’attitude positive du pays. Et donne comme pistes l’augmentation des prélèvements environnementaux et la fiscalité du logement.
La santé de la Place est déterminante pour celle de l’économie. Le FMI note que les banques à vocation nationale restent résilientes, mais appelle à la vigilance, notamment à cause des problèmes de rentabilité structurelle existant dans le secteur. Du côté des fonds d’investissement, l’institution de Washington appelle à un nouvel approfondissement de la surveillance et de la réglementation macroprudentielle du secteur, plus particulièrement dans l’élaboration de méthodologies internes pour les tests de résistance de la liquidité à l’échelle du système.