En 2022, une délégation emmenée par le Grand-Duc héritier Guillaume et Franz Fayot, alors ministre de l’Économie, avait scellé l’arrivée au Luxembourg du centre de recherche européen de FM Global au Luxembourg. (Photo: SIP)

En 2022, une délégation emmenée par le Grand-Duc héritier Guillaume et Franz Fayot, alors ministre de l’Économie, avait scellé l’arrivée au Luxembourg du centre de recherche européen de FM Global au Luxembourg. (Photo: SIP)

Luxembourg, déjà headquarter européen de l’assureur américain FM depuis le Brexit, devient aussi son point central en Europe dans la recherche et l’innovation, avec la pose de la première pierre, ce lundi, de son centre de recherche, le FM Science and Technology Center, en discussion depuis plus de deux ans et qui ouvrira en 2027.

«Les dirigeants d’entreprise sont profondément préoccupés par l’évolution du climat et manquent souvent de données objectives et exploitables pour les aider à protéger la valeur qu’ils ont créée. Nos solutions de résilience climatique fournissent aux clients les informations dont ils ont besoin pour protéger leurs actifs contre les risques climatiques, aujourd’hui et à l’avenir. En 2022 et 2023, nos clients ont mis en œuvre plus de 3.000 recommandations en matière de risque climatique, réduisant ainsi de 33 milliards de dollars américains les pertes potentielles liées aux risques climatiques et renforçant ainsi la résilience de leur entreprise.»

La phrase, extraite du rapport de durabilité de FM Global de 2023, dit tout de la stratégie de l’assureur qui, après avoir créé ses deux premiers centres de recherche aux États-Unis, en a ajouté un à Singapour et donc un en Europe, au 5 rue Robert Stumper dans la capitale. Anticiper les risques permet de tout mettre en œuvre pour en diminuer l’impact, ce qui, évidemment, fait les affaires de tout assureur.

«Le FM Science and Technology Center en Europe renforce la présence de FM au Luxembourg, où se trouve le siège européen du groupe depuis 2017. Le Luxembourg constitue un emplacement stratégique clé pour FM, grâce à sa position géographique centrale en Europe et à son accès aux clients et aux talents de plusieurs pays voisins, dont la France et l’Allemagne», dit le communiqué de presse, diffusé à l’occasion de la pose de la première pierre. «Le nouveau Science and Technology Center se concentrera sur la recherche de pointe dans les domaines des aléas climatiques, des technologies industrielles et des solutions de prévention des pertes liées aux cyber-risques. De plus, cette installation créera un environnement collaboratif permettant aux clients, prospects, collègues et partenaires de FM de bénéficier de formations et d’apprendre grâce à des laboratoires expérientiels. Ce projet illustre parfaitement l’approche unique de FM, fondée sur l’ingénierie, en matière de réduction des risques et de prévention des pertes grâce à la recherche scientifique – un élément essentiel pour renforcer la résilience des clients aujourd’hui et à l’avenir.»

Ce centre «représente une étape majeure dans le développement de FM, alors que nous renforçons notre soutien et nos ressources pour nos clients de la région EMEA et introduisons de nouvelles capacités de recherche sur un marché clé», a déclaré le président et directeur général de FM, Malcolm Roberts. «Nous sommes fiers d’accroître notre présence au Luxembourg et dans la région EMEA au sens large. Alors que FM poursuit sa croissance à l’échelle mondiale, nous nous adaptons et intégrons les normes, pratiques et connaissances locales dans notre plateforme. Cette inclusivité enrichit non seulement notre compréhension, mais renforce aussi nos relations avec nos assurés, partenaires et communautés à travers le monde.»

Le Premier ministre, Luc Frieden (CSV), a souligné «l’importance de la recherche et du développement pour assurer la prospérité économique». «Le FM Science and Technology Center témoigne de l’excellence de l’écosystème luxembourgeois en matière d’innovation axée sur les données en Europe», a poursuivi le chef du gouvernement.

L’accord avait été annoncé en novembre 2022 à l’occasion d’une visite luxembourgeoise à Boston. Accompagné par le Grand-Duc héritier Guillaume, le ministre de l’Économie Franz Fayot (LSAP) avait signé une déclaration d'intention commune avec Kevin Ingram, vice-président exécutif principal et directeur financier de FM Global, décrivant les domaines potentiels de coopération entre FM Global et le Luxembourg en matière de R&D suite à la signature du protocole avec le List. 

L’assureur mutualiste américain fondé en 1835 s’est toujours appuyé sur le principe que la plupart des sinistres sont prévisibles et évitables: Zachariah Allen, propriétaire d'une usine textile du Rhode Island, apporta des améliorations à son usine afin de réduire les risques d’incendie et d'accroître sa résistance aux intempéries; mais comme sa compagnie d’assurance refusa de réduire sa prime, il s’allia avec d'autres propriétaires d'usines pour créer une mutuelle d'assurance de biens, Factory Mutuals, chargée d'assurer les usines à «bons risques» et d'offrir des incitations aux assurés en leur restituant les primes restantes à l'échéance de leur contrat. Dans les années 1980, 42 mutuelles ont fusionné en trois sociétés, qui ont elles-mêmes fusionné en 1999 pour former l’entité moderne FM Global​. Aujourd’hui, FM Global figure parmi les leaders mondiaux de l’assurance des biens d’entreprise, avec une présence internationale et une clientèle comprenant environ un quart des entreprises du Fortune 50.

Les résultats financiers de FM Global ont été très solides ces dernières années, reflétant son efficacité en souscription et la faible sinistralité de sa clientèle. En 2022, le volume global de primes a atteint 8,8 milliards de dollars, en progression de +12% sur un an. La tendance s’est poursuivie en 2023: FM Global a frôlé les 11 milliards de dollars de primes annuelles. Le ratio combiné (charges rapportées aux primes) a atteint un niveau exceptionnel d’environ 67% en 2023, traduisant une rentabilité technique largement supérieure à la moyenne du marché​, performance qui s’est concrétisée par un bénéfice avant impôts d’environ 2,1 milliards de dollars sur l’exercice 2023.

L’entreprise a ouvert son premier centre de recherche à Rhode Island en 2023, puis un autre dans le Massachussetts et un troisième à Singapour. Un nouveau centre de recherche devrait accroître celui de Norwood en 2026. Dans son centre historique, quatre laboratoires se concentrent sur la technologie incendie, les risques naturels, les risques électriques et l’hydraulique, et mènent des expériences qui permettent de mieux comprendre ces risques. Le laboratoire de technologie incendie, par exemple, permet aux chercheurs d'étudier les causes des défaillances structurelles, la vitesse de propagation des incendies et les systèmes de protection par sprinklers. Le laboratoire des risques naturels peut simuler des vents de force ouragan et des tempêtes de grêle, les impacts des tremblements de terre et même les effets des rayons UV du soleil sur les matériaux de construction. Les chercheurs du laboratoire des risques électriques testent quant à eux les équipements pour vérifier s'ils enflamment la poussière ou d'autres types de gaz, que ce soit en fonctionnement normal ou en cas de dysfonctionnement. Enfin, le laboratoire d'hydraulique reproduit les systèmes de protection incendie des entreprises afin de garantir leur installation et leur bon fonctionnement.