Un nouvel outil, sous la forme d’une brochure, vient compléter les nombreux dispositifs mis en place par l’État en faveur d’une meilleure égalité entre les femmes et les hommes. En plus des lois déjà adoptées, du guichet de l’égalité salariale ou encore du programme Actions positives, cette nouvelle brochure se veut un outil pratique ayant vocation à encourager les entreprises à progresser davantage sur la question. Via une quinzaine de pages, elle donne des clés et des conseils pratiques mais veut surtout rappeler que l’égalité entre les genres est un enjeu stratégique pour toute entreprise.
«L’égalité des genres peut être considérée comme l’une des solutions pratiques et efficaces pour répondre aux défis contemporains du monde du travail. Ancrer l’égalité dans la politique de l’entreprise ne signifie pas seulement valoriser les collaboratrices et les collaborateurs, mais aussi se rencontrer sur un pied d’égalité dans tous les processus de décision», déclare la ministre (LSAP).
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La nouvelle brochure explique notamment en quoi les PME sont un moteur décisif pour une meilleure égalité femmes-hommes. Elle veut aussi déconstruire certains clichés tout en permettant aux entreprises de s’auto-évaluer, et d’avoir les clés pour mettre en place une stratégie reposant sur cette égalité. (Photo: Maëlle Hamma/Maison Moderne)
À ce titre, elle souligne les progrès accomplis, notamment sur la question de l’égalité salariale. Alors qu’en 2007, l’écart salarial entre femme et homme était de 10,2%, il est tombé à 0,7% en 2020. Ce qui fait du Luxembourg le leader européen en la matière. Une belle progression qui découle sans doute en partie de la loi adoptée en 2016, inscrivant l’égalité salariale dans le Code du travail.
Des progrès sur les salaires, pas sur l’accès aux postes à responsabilité
Pour autant, d’importantes disparités demeurent, en particulier lorsque l’on regarde le nombre de femmes occupant des postes à responsabilité. Les chiffres de l’Observatoire de l’égalité pour 2012 montrent en effet que l’emploi féminin dans les postes de direction n’est que de 21,9%. Quant aux postes de cadres, seulement 4,1% sont occupés par des femmes. Tout comme l’égalité salariale, inscrite dans la loi, la mise en place de quotas dans les entreprises pourrait être une piste.
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Sur ce point, du chemin reste en effet à parcourir. Le ministre du Travail (LSAP) confirme d’ailleurs que «le marché du travail luxembourgeois reste dominé par les salariés de sexe masculin». En effet, le taux d’emploi en 2021 pour les 15-64 ans (hors travailleurs frontaliers) était de 73% pour les hommes et de seulement 66% pour les femmes. En termes de nombre d’emplois en 2022, 282.000 étaient occupés par des hommes, contre 193.000 par des femmes. D’autres données, telles que la durée de vie au travail ou le nombre de contrats à durée indéterminée, vont également dans ce sens.
Une question de flexibilité?
Mais alors, comment inverser, ou du moins donner une chance à la balance d’être un peu plus équilibrée? qui agite les débats en ce début d’année pourrait être une piste intéressante. Elle apparait aujourd’hui comme essentielle pour favoriser un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Pour les femmes, elle se résume souvent aux emplois à temps partiel qui peuvent aller de pair avec une plus grande précarité. En 2022, 44.000 emplois à temps partiel étaient ainsi occupés par des femmes. Les hommes en occupaient presque quatre fois moins, soit 12.000.
Si plus de flexibilité du temps de travail ne permettrait sans doute pas de parvenir à une parité parfaite dans les entreprises, elle permettrait toutefois d’instaurer une plus grande égalité des chances entre les sexes, et ainsi donner aux femmes davantage d’opportunités de montrer leurs compétences, en même temps que la possibilité de s’organiser selon leurs impératifs.
Enfin, selon Georges Engel, les changements qui sont en cours dans le domaine du travail représentent aussi des pistes intéressantes. C’est notamment le cas selon lui de «la digitalisation qui offrira de nouvelles perspectives dans le domaine professionnel». Il a également souligné l’importance du sujet de la santé au travail qui joue également un rôle dans la lutte pour une meilleure égalité entre femmes et hommes dans le monde du travail.