La Geode de Fleet Space est capable d’examiner la composition du sol et du sous-sol en utilisant le son. Sa miniaturisation et sa capacité à transmettre les données presque en temps réel est un changement de paradigme pour l’industrie minière et l’espace. (Photo: Fleet Space)

La Geode de Fleet Space est capable d’examiner la composition du sol et du sous-sol en utilisant le son. Sa miniaturisation et sa capacité à transmettre les données presque en temps réel est un changement de paradigme pour l’industrie minière et l’espace. (Photo: Fleet Space)

Fleet Space, considérée comme la scale-up la plus prometteuse en Australie et discrètement arrivée au Luxembourg fin 2022, a annoncé le déploiement de sa solution ExoSphere, pour détecter le cuivre de la mine de Barrick Gold au Pakistan… depuis l’espace. Et rêve déjà de la Lune, poussée par la croissance de son chiffre d’affaires et ses actionnaires.

Ils passaient la poussière du désert américain dans leurs tamis et allaient dépenser leurs maigres paillettes d’or dans le saloon du coin dans un bourbon improbable. Ils passent toujours la poussière du désert, africain, dans des tamis de fortune, même pas sûrs de récupérer quoi que ce soit de leurs maigres paillettes de cobalt, de manganèse ou de cuivre. Les temps changent mais à bien y regarder, ils ne changent pas tellement pour «les chercheurs d’or».

À moins de considérer que la société australienne Fleet Space porte en elle les germes d’une rupture complète de ce secteur d’activité souvent très décrié, qui aiguise tous les appétits sans toujours vouloir rendre le moindre dollar aux autochtones. Jeudi dernier, le vainqueur du «Fast 100» australien en 2023 – en raison de son chiffre d’affaires en augmentation de 582% en trois ans – a annoncé avoir déployé ExoSphère pour faire progresser l'exploration du cuivre de Barrick Gold sur son projet «Reko Diq» au Pakistan.

Son réseau de satellites en orbite terrestre basse, les capteurs sismiques intelligents dotés de l’informatique de pointe et le traitement rapide des données génèrent des cartes souterraines 3D des systèmes d’eaux souterraines locales et des complexes de porphyre de cuivre pour plusieurs zones d’intérêt, comprenant plus de 1.150km2 du projet. Un ciblage de forage alimenté par l’IA ramène l’impact environnemental près de zéro, avec une technologie qui a reçu cette année le «Climate Technology Impact» de la Fondation Banksia. De quoi trouver du cuivre, sans creuser, plus rapidement et plus sûrement.

35 clients, 250 études

L’enjeu est loin d’être anecdotique: selon le Fonds monétaire international, pour réussir une transition écologique et environnementale, il faudra trouver des ressources en terres rares – aujourd’hui souvent détenues par la Chine – qui auront une valeur de 13.000 milliards de dollars. Et les principales compagnies minières ne s’y trompent pas: outre Barrick Gold, Fleet Space a des contrats avec plus de 35 clients dans le monde, dont Rio Tinto, Core Lithium et Gold Fields, avec plus de 250 études pour des projets d’exploration minière terminés ou en cours. 

«L’infrastructure satellite en pleine expansion de l’humanité débloque rapidement de nouvelles capacités qui peuvent aider à relever certains des défis les plus urgents auxquels notre planète est confrontée», dit la cofondatrice et CEO de Fleet Space, Flavia Tata Nardini. (Photo: Fleet Space)

«L’infrastructure satellite en pleine expansion de l’humanité débloque rapidement de nouvelles capacités qui peuvent aider à relever certains des défis les plus urgents auxquels notre planète est confrontée», dit la cofondatrice et CEO de Fleet Space, Flavia Tata Nardini. (Photo: Fleet Space)

En avril, la start-up de l’espace a annoncé le déploiement de son satellite de nouvelle génération Centauri-6 lors de la mission Bandwagon-1 de SpaceX, lancée à bord d’un Falcon 9 depuis Cape Canaveral, satellite qui s’ajoute à la constellation de six satellites déjà en orbite. Récemment, le Centauri-4 a été le plus petit satellite à commande vocale au monde après une démonstration des capacités Push-To-Talk (PTT) à la Division des capacités interarmées de la Force de défense australienne dans le cadre de son programme Ascend2Leo.

«L’infrastructure satellite en pleine expansion de l’humanité débloque rapidement de nouvelles capacités qui peuvent aider à relever certains des défis les plus urgents auxquels notre planète est confrontée. Au rythme actuel des découvertes et de la production de minéraux, nos objectifs de zéro émission nette et d’avenir énergétique propre sont irréalisables dans les décennies à venir», a déclaré la cofondatrice et CEO de Fleet Space, Flavia Tata Nardini, ex-ingénieure en propulsion de l’Agence spatiale européenne. Centauri-6 a une plus grande capacité de liaison montante et une plus grande redondance, permettant un transfert de données plus résilient à partir des capteurs sismiques par satellite au sol. Le satellite a également été conçu avec un système de propulsion électrique ionique alimenté par des panneaux solaires pour fournir une poussée dans le vide spatial. La conception de Centauri-6 s’appuie également sur des composants imprimés en 3D, notamment l’antenne patch métallique imprimée en 3D que Fleet Space a mise au point sur les précédents satellites Centauri.

Il y a un peu plus d’un an, la société a levé 50 millions de dollars australiens (30,1 millions d’euros) dans une série C menée par la société de capital-risque australasienne et investisseur existant Blackbird Ventures, avec Grok Ventures, Alumni Ventures, Hostplus, TelstraSuper, Bondi Partners/The 1941 Fund et Pavilion Capital. De quoi poursuivre le développement de la success-story, discrètement arrivée au Luxembourg fin 2022 dans le même bâtiment que BDO.

Le futur Spider qui se posera sur la Lune en 2026 sera capable de détecter la composition du sol. Le régolithe sera très utile. L’eau, sous une forme ou sous une autre aussi, pour remplir les réservoirs des fusées qui pourraient aller plus loin… (Photo: Fleet Space)

Le futur Spider qui se posera sur la Lune en 2026 sera capable de détecter la composition du sol. Le régolithe sera très utile. L’eau, sous une forme ou sous une autre aussi, pour remplir les réservoirs des fusées qui pourraient aller plus loin… (Photo: Fleet Space)

Elle rêve déjà du moment suivant, après avoir obtenu une subvention de quatre millions de dollars australiens pour son Spider qui ira sur la Lune en 2026 dans le cadre d’un projet de la Nasa. Le dispositif géophysique qui sera déployé sur la Lune par l’atterrisseur lunaire Blue Ghost de Firefly enregistrera en continu les ondes sismiques naturelles du sous-sol lunaire pendant 14 jours. «L’humanité est sur le point de faire d’énormes progrès dans notre compréhension scientifique du régolithe lunaire en utilisant des technologies sismiques avancées pour acquérir des informations plus approfondies sur le sous-sol de la Lune», a déclaré le cofondateur et directeur de l’exploration chez Fleet Space Technologies, Matt Pearson. 

La deuxième mission lunaire de Firefly utilisera un vaisseau spatial à deux étages avec l’atterrisseur lunaire Blue Ghost de Firefly empilé sur le véhicule orbital Elytra pour permettre des livraisons polyvalentes sur la surface lunaire et en orbite. Elytra déploiera d’abord l’atterrisseur Blue Ghost et le satellite Lunar Pathfinder de l’Agence spatiale européenne en orbite lunaire. Blue Ghost se posera ensuite sur la face cachée de la Lune avec le radiotélescope LuSEE-Night de la Nasa et le Spider de Fleet.