fait partie de ces quelques entrepreneurs luxembourgeois à qui tout réussit. Mais derrière cette image d’Épinal se cache une longue histoire, émaillée d’idées innovantes et de nombreuses heures de travail acharné. Aussi, quand il lance en 2017 la regtech Finologee avec ses comparses et , ils disposent déjà tous les trois d’un beau curriculum vitae dont les premières lignes s’écrivent à la fin du siècle dernier. «En ce qui me concerne, Finologee est ma quatrième start-up fondée au Luxembourg», explique Raoul Mulheims.
De l’agence web au micropaiement
Pour lui, tout commence réellement en 1999 avec la naissance de Nvision, une agence web et digitale plutôt pionnière dans son genre, dont il quittera l’actionnariat en 2018. «Avec le même groupe d’associés, nous avons ensuite créé Mpulse, dès 2006, qui constitue notre première expérience dans le monde du micropaiement», poursuit l’entrepreneur. C’est donc à cette époque que l’équipe fait sa première entrée dans le monde du paiement mobile et digital, avec l’ambition déjà affirmée d’aller plus loin dans l’exploration de cet univers encore méconnu. «En 2009, nous profitons d’une nouvelle loi sur la recherche et le développement pour soumettre un dossier avec l’idée de porter l’activité de paiement mobile à une autre échelle. On ne savait pas vraiment ce que ça allait devenir, ni même comment le faire», se souvient Raoul Mulheims.
C’est de ce travail de recherche et développement que naît Digicash, en 2012, devenue Payconiq en 2021 et aujourd’hui rachetée par EPI. Une belle histoire qui conduira plus tard à la naissance de Finologee. «La création de Digicash marque notre entrée dans la sphère des véritables services financiers. Nous obtenons l’agrément en tant qu’établissement de paiement et devenons un acteur régulé de la place financière luxembourgeoise. Nous avons surtout construit une logique d’encaissement différente et trouvé un accord avec la Banque et caisse d’épargne de l’État, première banque participant à ce système alors unique en Europe, qui permet de directement connecter notre moyen de paiement digital aux comptes des clients de la banque. Sans ce premier accord, nous n’en serions sans doute pas là aujourd’hui…»
Nous n’étions pas les seuls sur ce terrain, mais notre expérience passée dans le domaine du paiement et des relations bancaires nous rendait plus légitimes.
Au fur et à mesure, d’autres banques rejoignent l’aventure et permettent de faire grandir l’outil. Après quelques années de travail acharné, Digicash devient un standard sur le marché pour le paiement des factures, au départ d’un simple QR code, mais aussi pour le paiement de personne à personne, sur base d’un numéro de téléphone. «Pour grandir davantage, l’option choisie a été celle d’une reprise partielle de l’activité par Payconiq, qui prenait en charge la relation commerciale avec les banques et les réseaux de commerçants, tandis que la propriété intellectuelle de l’environnement technique restait chez nous», raconte Raoul Mulheims. «Nous sommes devenus un prestataire, et Payconiq a continué à faire grandir la solution, qui va prendre encore une dimension supplémentaire avec son rachat par EPI en avril 2023.»
Un acteur réglementé du marché financier
C’est de cette expérience, et de nouvelles opportunités de marché à saisir, que va naître Finologee en 2017. «À l’époque, afin d’assurer des prestations techniques pour un client, nous obtenons tout d’abord l’agrément de PSF de support. Ensuite, nous identifions un nouveau besoin avec l’arrivée de la directive européenne PSD2, qui allait obliger les banques à permettre à des tiers de déclencher des paiements sur les comptes de leurs clients. Nous avons rapidement constaté qu’il s’agissait d’un service très technique qui n’était pas à la portée de toutes les banques. Dans ce contexte, une forme de mutualisation de l’infrastructure faisait du sens. Nous n’étions pas les seuls sur ce terrain, mais notre expérience passée dans le domaine du paiement et des relations bancaires nous rendait plus légitimes», constate le fondateur.
Nous voulons continuer à grandir, au Luxembourg et à l’étranger, en nous appuyant sur le socle solide que nous avons construit ces dernières années.
Rapidement, Finologee séduit 37 banques, qui utilisent ses services pour ouvrir leur infrastructure à d’autres acteurs. Un deuxième axe de développement est identifié avec le concours de Keytrade Bank, qui souhaite à l’époque permettre l’ouverture totalement automatisée d’un compte en banque. Au fil des discussions avec le régulateur et de nombreuses heures de travail, le défi est relevé. «Sur base d’un constat de risque peu élevé, nous avons réussi à proposer une ouverture de compte automatisée. Grâce à ces deux premiers jalons, nous avions les principaux ingrédients pour lancer Finologee, tout en travaillant sur le développement d’une ligne de produits autour du sujet AML/KYC. Afin d’aider les établissements financiers à gérer cet aspect, nous avons proposé une plateforme de gestion documentaire qui répond tant aux attentes des acteurs qu’à celles des régulateurs.»
Après avoir atteint le seuil de rentabilité en 2019, Finologee est la seule regtech luxembourgeoise à intégrer en 2021 le RegTech 100 des fintech actives dans le domaine de la réglementation. Le succès est au rendez-vous, mais Raoul Mulheims et ses associés n’en restent pas là pour autant. Ils présentent alors Enpay. Cette nouvelle solution innovante permet aux acteurs régulés d’utiliser une plateforme unique pour se connecter à leurs différentes banques, effectuer des paiements, mais aussi récupérer différents rapports et gérer l’ensemble des flux.
Avec ses 40 collaborateurs et ses 13,1 millions de chiffre d’affaires en 2022 au niveau du groupe, Finologee continue d’écrire son histoire, résolument tournée vers l’avenir. «Nous voulons continuer à grandir, au Luxembourg et à l’étranger, en nous appuyant sur le socle solide que nous avons construit ces dernières années.»
Cet article a été rédigé pour le supplément de l’édition de parue le 20 juin 2023. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.
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