En votant, Fidelity International – dont le volume des participations atteint 787,1 milliards de dollars – entend demander des comptes aux entreprises bénéficiaires d’investissements qui ne prennent en compte dans leur mode de fonctionnement ni le changement climatique ni les impératifs de mixité dans les conseils d’administration.
Quand on parle d’actionnariat, c’est surtout l’exemple des ONG qui s’impose à l’esprit. Jenn-Hui Tan, responsable mondial de la gestion et de l’investissement durable, rappelle que Fidelity a toujours eu une tradition d’engagement actionnarial. «Un engagement dans le droit-fil de la promesse faite aux clients de délivrer de la valeur à long terme pour leurs investissements.»
Aujourd’hui, c’est un nouveau niveau d’engagement que prend la société de gestion. «Nous voulons utiliser notre droit de vote comme une composante à part entière de notre processus d’investissement. Chez Fidelity, nous avons toujours pensé que l’exercice de nos droits de propriété en votant aux réunions des entreprises est une responsabilité fondamentale pour les actionnaires. Grâce à l’utilisation de l’engagement et du vote, nous visons à améliorer les comportements de gouvernance et de durabilité des entreprises dans lesquelles nous investissons.»
Une approche «soft power»
Le but est de promouvoir les bonnes pratiques, «d’entamer le dialogue et d’envoyer un message», avec la conviction que le poids de Fidelity lui permettra d’être suffisamment audible dans les assemblées générales.
Une approche très «soft power» qui pourra aller jusqu’à des sanctions, prévient Jenn-Hui Tan. «Nous croyons que l’engagement positif est la manière la plus efficace de faire évoluer les comportements. Notre préférence ira toujours à l’encouragement plutôt qu’à l’exclusion, mais nous sommes prêts à aller jusqu’à un désinvestissement total si nous sentons que les entreprises dans lesquelles nous investissons n’empruntent pas le bon chemin et ne répondent pas à nos attentes.»
Avec comme étape intermédiaire la possibilité de voter contre la direction d’une entreprise peu éprise de vertu.
Même si la démarche s’applique aux critères ESG dans leur ensemble, deux axes d’activisme sont mis en avant.
Des objectifs chiffrés
Tout d’abord, le changement climatique. «Un changement qui représente un risque majeur pour la rentabilité et la durabilité à long terme des entreprises. S’il est admis que, pour limiter le réchauffement de la planète à un maximum de 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels, l’économie mondiale devra subir une transformation radicale, touchant la plupart des domaines de l’activité humaine, il y a, de la prise de conscience aux actes, encore un fossé.» C’est pour le combler que le gestionnaire demande aux entreprises de prendre des mesures concrètes pour gérer les impacts du changement climatique et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et de publier des informations spécifiques et appropriées sur les émissions, les objectifs, la gestion des risques et la surveillance. «Chez Fidelity, nous travaillons en collaboration avec nos pairs dans le cadre de l’initiative Net Zero Asset Managers, afin de soutenir la transition vers des émissions nettes zéro au niveau mondial», insiste d’ailleurs Jenn-Hui Tan.
En matière de diversité et de mixité, Fidelity fixe des objectifs minimaux à atteindre, soit 30% de mixité au sein des conseils d’administration sur les marchés développés et de 15% dans tous les autres marchés.
«De plus en plus d’études montrent que les organisations qui encouragent la diversité sont plus productives et plus performantes. La diversité apporte des avantages considérables en termes d’atténuation des risques, de prise de décision, de gouvernance et nous voulons que nos entreprises reflètent les avantages de cette diversité.»
Les entreprises sont prévenues. Elles ont jusqu’en 2022 pour se préparer.