Faire entendre sa voix, ce dimanche en France, est particulièrement important. (Photo: Shutterstock)

Faire entendre sa voix, ce dimanche en France, est particulièrement important. (Photo: Shutterstock)

Chaque voix comptera ce dimanche pour le second tour des élections législatives anticipées. Derrière le fiasco d’Emmanuel Macron émerge une voie alternative à l’arrivée de l’extrême droite.

Ce n’est plus une faille narcissique. Mais la version psychologique de la fracture sismique de San Andreas en Californie, source potentielle de tous les séismes... Dans une interview à nos confrères du Dauphiné libéré, cette semaine, le père du président français y raconte qu’Emmanuel Macron a imaginé la dissolution il y a des mois déjà, qu’il a anticipé la prise de pouvoir par l’extrême droite, pour les deux dernières années de son mandat, afin qu’après cette très connue usure de Matignon, plus personne n’ait envie de voter pour Marine Le Pen à la présidentielle de 2027.

Quelle faillite intellectuelle et morale.

Car ce que dit en creux cette stratégie, c’est qu’il considère que personne ne pourrait battre le leader de l’extrême droite, lui-même ne pouvant se représenter, au point de lui livrer le pouvoir en espérant qu’elle ne puisse mettre en œuvre aucun de ses projets nauséabonds.

Et, pire encore, que le sujet n’est pas de concocter un programme qui s’intéresse vraiment aux électeurs, ce qui devrait être l’essence de la politique, mais qu’il n’a comme unique ambition que l’exercice du pouvoir. Ce n’est pas d’aujourd’hui. Avec la bénédiction des médias, des grands patrons et de nombreux béats lassés par François Hollande, le roi du «en même temps» a dézingué les dynamiques politiques il y a plus de sept ans, affaiblissant dans le même mouvement la droite républicaine et la gauche modérée et absorbant le centre mou d’un François Bayrou alors accusé d’avoir utilisé des fonds du Parlement européen pour rémunérer des assistants parlementaires qui travaillaient en réalité pour son parti en France.

Avec un électeur sur trois qui n’a pas voté au premier tour – ce qui signifie soit qu’il n’a pas compris les enjeux, soit qu’il considère que la politique n’a aucun intérêt dans sa vie particulière – dont un jeune sur deux, et un autre électeur qui s’est exprimé en faveur de l’extrême droite, est-ce qu’il y a autre chose à faire que de s’abandonner au fatalisme ou à l’arrogance? Le premier serait de se dire «advienne que pourra», avec les petits arrangements de l’entre-deux-tours, la clique du Rassemblement national aura nettement moins de députés qu’elle ne l’espère pour diriger le pays. La seconde serait d’inviter les Français à voter pour tout autre candidat que le candidat issu du RN, exercice dans lequel on retrouve aussi bien les socialistes luxembourgeois que le patron de l’ADR en réaction. Qui êtes-vous, qui sommes-nous, pour dire à un seul électeur pour qui voter? Qui êtes-vous, qui sommes-nous, pour croire que cela aura le moindre impact? Dans l’isoloir, l’électeur est face à lui-même et à ses responsabilités, pas un mouton aveugle et inculte…

Mais il reste une troisième voie, soyons optimistes. Votez pour tout autre candidat que le candidat de l’extrême droite. Non pas pour «faire barrage» à ce mouvement qui déshonore la France, terre de mélanges et de partages, son histoire, sa culture et ses valeurs et qui libère une violence et une parole raciste insupportables. Mais pour que puisse naître une grande coalition qui irait de la droite républicaine à la gauche modérée et aux Verts, abandonnant le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, et ses agitateurs à leurs colères, leurs agacements, leurs accointances douteuses et poisseuses… Une coalition de bric et de broc? Une coalition inhabituelle, dont font l’expérience bon gré mal gré d’autres démocraties et qui obligerait ces professionnels du pouvoir à revenir aux fondamentaux: s’intéresser aux destins individuels et collectifs des gens qui les élisent; esquisser, négocier et adopter des compromis au lieu de députés qui votent, le doigt sur la couture du pantalon, quand le chef le leur demande.

Le Premier ministre, Gabriel Attal, a déjà tendu la main à différents partenaires pour cela. Ils ne semblent pas y être opposés. Ce qui se passera dimanche soir est presque déjà écrit: M. Mélenchon va vociférer vite et fort que toute autre nomination que la sienne serait un hold-up. Il restera alors deux ans pour «aspirer» les électeurs de l’extrême droite avec un programme digne de ce nom, qui descend dans la compréhension granulaire des problèmes et des attentes des uns et des autres. Soyons là encore optimistes que le message aura été compris. Ou naïfs, plus que résignés. Tout, sauf ceux qui donneront le pouvoir à l’extrême droite.