Un an après le début de la procédure, la Commission européenne a validé la vente de cinq usines, dont celle de Dudelange, au groupe britannico-indien Liberty House. (Photo: OGBL)

Un an après le début de la procédure, la Commission européenne a validé la vente de cinq usines, dont celle de Dudelange, au groupe britannico-indien Liberty House. (Photo: OGBL)

La Commission européenne a donné son feu vert, mercredi, au rachat des cinq unités d’ArcelorMittal par Liberty House, dont l’usine de Dudelange. ArcelorMittal pourra finaliser son acquisition de l’italienne Ilva.

Mai 2018, la Commission autorise le rachat d’Ilva par ArcelorMittal sous réserve que cette dernière vende certaines usines. De quoi rassurer Bruxelles que la concurrence sera bien effective sur les marchés européens des produits en acier plat au carbone laminés à chaud et à froid et galvanisés.

ArcelorMittal s’engage à céder:

- une aciérie intégrée à Galati, Roumanie;

- une aciérie intégrée à Ostrava, Tchéquie;

- des usines de finition en Italie, en Belgique, au Luxembourg (Dudelange, 300 employés) et en Macédoine du Nord.

Avril 2019, la Commission valide la transaction après une double analyse:

- le groupe Liberty House est un acquéreur approprié des actifs d’ArcelorMittal, ce qui dissipe les doutes de la Commission quant aux marchés européens des produits en acier plat au carbone laminés à chaud et à froid et galvanisés;

en vertu du règlement sur les concentrations, est autorisé le rachat par le groupe Liberty House des actifs vendus par ArcelorMittal. La Commission a conclu qu’il n’y avait pas de problèmes de concurrence, étant donné qu’il n’y a que des chevauchements limités entre les activités du groupe Liberty House et les usines sidérurgiques rachetées. 

La Commission nourrissait «initialement de sérieuses inquiétudes a priori» concernant la proposition, explique-t-elle dans le communiqué publié mercredi. «En particulier, dans les propositions initiales d’ArcelorMittal, l’acquisition dépendait fortement d’argent emprunté, notamment auprès d’ArcelorMittal, et une partie du prix d’achat était subordonnée à la performance des actifs. En outre, certains actifs qui devaient être cédés sur la base des engagements avaient été morcelés.»

ArcelorMittal a indiqué mercredi soir dans un communiqué qu’elle espérait boucler la transaction avant le début juillet.

ArcelorMittal améliore son offre

Le financement de l’opération a été profondément retouché, dit la Commission européenne: le groupe Liberty House apportera davantage de fonds propres pour l’acquisition, le niveau d’endettement diminuant globalement en proportion du prix d’acquisition; ArcelorMittal ne financera plus les acquisitions d’usines sidérurgiques par Liberty House au moyen d’obligations pour le financement d’acquisitions par le vendeur («vendor loan notes»).

«En conséquence, les actifs cédés seront mieux armés en cas de récession dans l’industrie sidérurgique et le fonctionnement des usines sidérurgiques cédées ne sera pas tributaire du financement par ArcelorMittal», relève la Commission européenne.

Les conditions dans lesquelles les actifs cédés s’approvisionneront en supports en acier pendant une période transitoire ont été améliorées afin d’être plus favorables aux usines de transformation de l’acier en aval. Ce qui rendra les usines cédées plus viables à long terme.

D’autres actifs, comme l’ensemble des droits d’émission de CO2 associés aux usines, sont désormais inclus dans l’opération.

Face à la peur des syndicats de voir les sites fermer à brève échéance, les dirigeants de Liberty House étaient venus discuter en fin d’année. «En 25 ans», avait alors expliqué le directeur financier de GFG France (la filiale française de la maison mère de Liberty House), Christian Cirino, «Liberty House n’a jamais fermé un seul site ni même perdu de l’argent.»

Au départ, Dudelange devait être acquise avec 60% de crédits et 40% apportés par le groupe GFG Alliance ou la famille, plutôt en obligations. Le groupe avait annoncé début novembre vouloir investir 10 millions d’euros et détailler un plan stratégique de 100 jours «à la réception des clés».

Liberty House est une société dirigée par l’Indien Sanjeev Gupta, active surtout dans le domaine des métaux et de l’industrie. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de 7,9 milliards de dollars l’an dernier, et emploie 10.000 personnes dans une trentaine de pays.