Les hôtels se préparent à fermer leur restaurant dès jeudi, pour au moins trois semaines. La plupart les remplaceront par du room service. D’autres préfèrent mettre toute leur activité en pause. (Photo: Shutterstock)

Les hôtels se préparent à fermer leur restaurant dès jeudi, pour au moins trois semaines. La plupart les remplaceront par du room service. D’autres préfèrent mettre toute leur activité en pause. (Photo: Shutterstock)

Depuis l’annonce de la fermeture des restaurants, les annulations se multiplient dans les hôtels. Entre room service et arrêt complet, chacun s’adapte à sa façon, avec plus ou moins d’espoir et d’agilité.

Fin du service jeudi pour les restaurants luxembourgeois. Les devraient être votées à la Chambre ce mercredi, pour entrer en vigueur le lendemain. Qu’en est-il des hôtels? Quel service de restauration peuvent-ils offrir à leurs clients? Et pour le petit-déjeuner? Interrogé à ce sujet, le gouvernement reste mystérieux: «Dans le respect des procédures législatives et du travail de la Chambre des députés, je suis au regret de ne pas pouvoir vous répondre avant le vote de la loi, qui est prévu pour demain en plénière.»

Un manque d’informations pointé du doigt par Clovis Degrave, cogérant de l’Hostellerie du Grünewald, dans le quartier de Dommeldange à Luxembourg-ville: «Il n’y a pas un mois où on n’a pas dû tout changer», se plaint-il. À chaque nouvelle mesure, tout doit être réorganisé, jusqu’au planning du personnel.

Depuis les annonces de lundi, il prévoit la fermeture de son restaurant jeudi, même s’il attend le vote à la Chambre pour être sûr. Il assurera un service de plats à emporter pour les clients extérieurs, et en room service pour ceux qui dorment sur place. «Avec une carte réduite, mais de même qualité», assure-t-il. De même pour les petits-déjeuners: «Le gouvernement n’a rien dit, mais je suppose que les buffets et services au restaurant seront interdits, il faudra les exécuter en chambre.»

Ouvert, mais pas rentable

En tout cas, l’hôtel restera bien ouvert. «Nous avons encore des gens. Par exemple, des architectes étrangers qui doivent surveiller un chantier au Luxembourg», justifie-t-il. Même si depuis les dernières annonces, les annulations se multiplient. Surtout celles des résidents ou frontaliers qui comptaient utiliser leur bon de 50 euros. «Je le vois dans les mails depuis ce matin», témoigne-t-il au lendemain de la conférence de presse du gouvernement. «Les gens ne vont pas venir à l’hôtel juste pour dormir et manger un filet de bœuf en chambre.»

En moyenne, 94,3% des 30 chambres étaient occupées la semaine dernière, alors que d’après les prévisions, elles ne seront plus que 71% à être occupées cette semaine. La partie restauration et l’offre «eat and sleep», mise en place suite au couvre-feu, expliquent en grande partie les bons chiffres des derniers jours. En temps normal, le restaurant représente déjà deux tiers du chiffre d’affaires de . Il avait retrouvé son niveau d’avant la crise, alors que pour l’hôtel, on note une baisse de 40% de l’activité depuis le début de l’année. Sans le restaurant, «l’hôtel n’est pas rentable», avertit Clovis Degrave.

Normalement fermé le lundi et le mardi soir, il a modifié ses horaires pour sauver les derniers couverts avant la fermeture. Son gérant en attend beaucoup , notamment pour payer les coûts fixes.

Car il a peu d’espoir de pouvoir rouvrir le restaurant le 15 décembre. «Normalement, décembre représente l’un des meilleurs mois pour les restaurants, avec les événements d’entreprise, les gens qui sont plus généreux…», regrette-t-il. Pour se consoler, il réfléchit déjà à des offres en take-away pour les fêtes de fin d’année.

Take-away limité aux clients ou aux fêtes

«Nous allons faire du room service», déclare, de son côté, André Pêcheur, directeur du Mama Shelter. Pareil pour le petit-déjeuner. En revanche, pas de take-away pour les clients extérieurs à l’hôtel. Ceux qui y dorment encore se font rares et remplissent moins de 50% des 145 chambres. Avec la fermeture des restaurants, «l’impact est clair. Il va certainement y avoir des annulations», prévoit-il. , l’établissement luxembourgeois de la chaîne hôtelière française ne dispose pas encore de statistiques distinctes pour les parties chambres et restauration. Comme beaucoup, il avait profité ces dernières semaines . «Cela va s’arrêter», craint André Pêcheur, surtout si les commerces rouvrent dans leur pays.

Le prend des mesures encore plus drastiques: «On ferme tout», annonce son propriétaire, Philippe Stoque. «Avec les nouvelles d’hier, ça va être compliqué. Sans restaurant, les gens ne viennent plus.» Pourtant, l’hôtel du Mullerthal était complet les week-ends jusqu’au 20 décembre. «L’hôtel avec restaurant dans les chambres, ce n’est pas pour nous. C’est mieux d’arrêter carrément.» Alors, entre les sonneries de téléphone pour des annulations qui s’enchaînent depuis ce mardi matin, l’établissement se charge de prévenir les autres clients. L’établissement, déjà durement touché par une inondation il y a deux ans et qui avait rouvert juste avant le confinement en mars, ne pense plus accueillir de clients d’ici la fin de l’année. Il prévoit quand même des plats à emporter pour les fêtes. «On redémarrera au printemps, comme il faut», espère Philippe Stoque.

À Mondorf, un hôtel sans wellness

Doublement affecté, avec la fermeture de son restaurant et de son espace fitness et wellness (sauna, piscine, etc.), le ne se décourage pas pour autant. L’hôtel continuera d’accueillir ses clients. «Les cures thermales fonctionnent», précise son directeur, Patrick Le Meur. De même que les soins individuels. Ceux qui logeront sur place pourront profiter du petit-déjeuner, du déjeuner ou du dîner en room service. La carte sera limitée avec des plats différents chaque jour, pour «répondre à la demande des curistes, qui restent souvent trois semaines».

Ici non plus, rester ouvert seulement à moitié n’est pas rentable. Les curistes ne représentent que 20% de la clientèle habituelle. Le reste se partage entre le business (20%) et les loisirs (60%). Ces derniers, souvent là pour le wellness, décommandent depuis lundi. «Nous avons renforcé les équipes au service réservation pour prévenir tous les gens ayant réservé de la fermeture du wellness et du fitness, et de la restauration en chambre», ajoute Patrick Le Meur. Il constate déjà «30 à 40% d’annulations de jeudi à dimanche prochain». Le taux d’occupation de 45% dans les 108 chambres la semaine dernière devrait tourner, la semaine prochaine, «aux alentours de 15-20%», planifie-t-il.

À quelques mètres de là, au Casino 2000 de Mondorf, «tout fermera jeudi», nous dit-on à l’accueil, sans précisions. Sur leur site internet, il était en effet déjà impossible de réserver une chambre ce mardi 24 novembre.