La librairie Fellner Louvigny fermera ses portes le 31 août prochain. (Photo: Eric Chenal/archives Paperjam)

La librairie Fellner Louvigny fermera ses portes le 31 août prochain. (Photo: Eric Chenal/archives Paperjam)

La librairie Fellner Louvigny installée en centre-ville de Luxembourg fermera ses portes après le 31 août prochain. Un commerçant de plus en Ville-Haute qui tirera définitivement le rideau.

En novembre 2018, Hans Fellner . Moins de deux ans après, il se voit obliger d’annoncer que son commerce fermera le 31 août prochain. «Il y a un manque de passage en ville qui entraîne une chute de notre activité. Mais ce n’est pas la seule raison, le problème est plus global», explique Hans Fellner, qui a aussi mené des études en sociologie urbaine. Il évoque en effet plusieurs couches d’explications qui, mises les unes au-dessus des autres, font que son commerce, comme d’autres autour de lui, ne fonctionnent plus aussi bien qu’avant.

L’absence des flâneurs

Ce qui fait la particularité d’un centre-ville est qu’on peut normalement y trouver un certain nombre de flâneurs, qui sont autant de clients potentiels pour les commerçants. Or, depuis l’année passée, le libraire a remarqué un manque de circulation des piétons et de fréquentation de la population dans le centre-ville. «Il y a encore quatre ou cinq ans, nous nous posions la question avec la Ville de Luxembourg de savoir comment améliorer la situation, influencer différemment les flux de la circulation piétonne. Mais aujourd’hui, nous ne nous posons plus cette question, car le consommateur ne vient tout simplement plus en ville.»

Il faut aussi constater un changement de comportement des personnes qui travaillent en ville qui, pour éviter les bouchons, arrivent très tôt au travail, ne font pratiquement plus de pause déjeuner, et donc ne consomment plus pendant ce temps libre, et repartent le plus vite possible chez eux, avant le gros du trafic. Une évolution qui pousse encore plus la consommation sur internet, qui porte évidemment aussi une part d’explication à cette désertification des commerces de proximité, tout comme l’attrait des centres commerciaux en périphérie de ville.

Les chantiers, mais pas seulement

, ayant un effet négatif sur la perception esthétique de la ville, et sur son confort. «Mais ces travaux ne sont pas l’unique raison», insiste Hans Fellner, «même s’ils contribuent à désorienter les usagers et qu’il y en a trop en même temps. Nous perdons les clients de la semaine, et les samedis ne suffisent pas à rattraper le chiffre d’affaires. Et une fois que les habitudes sont perdues, il est très difficile de les réinstaurer.»

Par ailleurs, pour Hans Fellner, «les commerces souffrent aussi en général d’une transformation des habitudes de consommation. La tendance actuelle est de répondre à un certain minimalisme. Nous ne sommes plus dans l’idée d’avoir beaucoup de biens matériels, d’accumuler. Nous tendons plutôt à une certaine sobriété matérielle. Tout ceci n’incite pas à acheter, que ce soit des livres ou autre chose. Aussi, j’ai décidé d’arrêter, en toute dignité. Je ne pense pas être personnellement en cause. Ni même que ce soit un cas spécifique à Luxembourg. Je pense que le commerce fait actuellement face à un changement profond que je subis comme d’autres commerçants.»