Forte de plus de 20 ans d'expérience en droit et en affaires, Félicie Weycker est actuellement cheffe de cabinet du département de la Mobilité et des transports.  (Photo: Maison Moderne)

Forte de plus de 20 ans d'expérience en droit et en affaires, Félicie Weycker est actuellement cheffe de cabinet du département de la Mobilité et des transports.  (Photo: Maison Moderne)

Dans son numéro Women on board, Paperjam met en lumière plus de 100 profils de femmes prêtes à rejoindre un conseil d’administration. Découvrez divers profils de femmes ainsi que leurs points de vue et leurs idées pour un meilleur équilibre des genres dans les instances de décision. 

Félicie Weycker occupe actuellement les fonctions de directrice générale des Affaires européennes et juridiques, des marchés publics et logistiques auprès du ministère de la Mobilité et des Travaux publics. Elle siège dans plusieurs conseils où elle représente l’État: Cargolux, Luxair, la Société nationale de circulation automobile (SNCA), la Société nationale de contrôle technique (SNCT) et la Société nationale de certification et d’homologation depuis décembre 2024.

Comment gérez-vous les éventuelles résistances ou le scepticisme à votre égard?

Félicie Weycker. – «Par une bonne préparation, des connaissances acquises ou à acquérir dans le domaine afférent, par la volonté d’apprendre à connaître l’organisation en question, ses activités et son personnel

Pensez-vous que l’égalité hommes-femmes progresse au sein des conseils d’administration? 

 «Lentement car le gouvernement veille à une certaine égalité au sein des conseils d’administration où l’État dispose d’une participation dans le capital.

Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils?

«Si vous m’aviez demandé il y a plus de dix ans, j’aurais clairement dit non. Or, aujourd’hui, je suis d’avis qu’il est inévitable de motiver les femmes à accepter des mandats.

En tant que femme administratrice, sentez-vous une responsabilité particulière de défendre les questions de parité et d’inclusion?

«Oui et il faut se rendre compte que la diversité dépasse le sujet femmes-hommes mais vise beaucoup plus de sujets. En effet, une saine mixité au sein d’un conseil d’administration vise à trouver un équilibre selon l’âge, les formations, les origines, le background culturel de ses administrateurs, etc.).

Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration?

«Les femmes ont souvent une vision à plus long terme, elles sont moins enclines à prendre des risques inutiles, et elles ont souvent une meilleure vision de l’intérêt général. Avec un clin d’œil: ‘Si vous voulez des discours, demandez à un homme. Si vous voulez des actes, demandez à une femme.’ (Margaret Thatcher)

Selon vous, quelles solutions ou quelle politique pourraient encourager une meilleure parité?

«Encourager activement les femmes à accepter des mandats et proposer des programmes de ‘mentorship’ et de ‘sponsorship’.

Quel conseil donneriez-vous à une femme qui hésiterait à se lancer?

«Fais-le et arrête de te poser des questions que les hommes ne se posent pas forcément!

Pour finir, avez-vous une anecdote ou un moment marquant dans votre parcours qui illustre la réalité d’être une femme dans ce rôle ?

«J’en ai deux. La première anecdote concerne une situation où j’ai demandé à une collaboratrice si elle acceptait un mandat. Elle s’est alors posé mille questions: ‘Suis-je à la hauteur?’, ‘Aurai-je le temps?’, ‘Ai-je les connaissances nécessaires?’ En revanche, lorsque j’ai proposé un autre mandat à un collègue homme, il a répondu qu’il était grand temps que je pense enfin à lui, car au vu de son ancienneté, il croyait en avoir droit.

La deuxième anecdote remonte à 15 ans, lors de ma première participation à un conseil. Ce jour-là, je n’ai pas pris la parole, d’une part parce que j’ai pour habitude de m’exprimer uniquement lorsque j’estime pouvoir apporter une valeur ajoutée à la discussion (contrairement à certains hommes, pour qui ce n’est pas toujours le cas…), et d’autre part parce que c’était ma toute première réunion au sein de ce conseil. Pourtant, le président s’est adressé à moi de manière assez impertinente en me demandant: «Vous avez aussi une opinion par hasard?»

Que conseilleriez-vous concrètement à une jeune femme qui voudrait prendre sa place dans la société? Que lui déconseilleriez-vous?

«Fonce! Et n’aie pas peur et arrête de te demander si tu es ‘assez bonne’. Tu le seras, vu que tu te poses la question.»