Pour Michèle Detaille, la présidente de la Fedil, la solution aux crises rencontrées par les entreprises sera européenne ou ne sera pas.  (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Pour Michèle Detaille, la présidente de la Fedil, la solution aux crises rencontrées par les entreprises sera européenne ou ne sera pas.  (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

2023 marque le retour, pour la Fedil, à une cérémonie des vœux en présentiel, après deux années de Covid. Ce 24 janvier, l’événement a réuni 900 invités à Luxexpo. La crise des matières premières ainsi que les attentes politiques pour cette année électorale ont marqué le discours.

«Nous avons réussi à traverser 2022 plutôt correctement, en tout cas jusqu’à l’automne. L’estompement de l’effet d’embellie post-Covid, l’inflation et la crise énergétique qui a eu des répercussions sur toutes les chaînes d’approvisionnement et de matières premières font que cela reste compliqué.» La présidente de la Fedil, , a ouvert la cérémonie avec un discours qui a exposé les préoccupations des industries face aux défis et crises qui subsistent en 2023, malgré des mesures de soutien qu’elle juge globalement «satisfaisantes» de la part du gouvernement.

Au sujet des tripartites, elle affirme que «les accords confirment que la tripartite est un bon outil quand elle répond à sa vocation unique: la gestion de crise», tout en faisant passer clairement ses messages, rappelant que «le patronat s’est retrouvé face à des syndicats inflexibles qui ont placé le pouvoir d’achat au-dessus de toutes les autres priorités. La recherche de solutions par tripartite n’a de sens qu’avec des acteurs capables de trouver des compromis».

Prêcher la décroissance, c’est abdiquer devant les défis technologiques et infrastructurels que nous devrons affronter dans notre pays.
Michèle Detaille

Michèle DetailleprésidenteFedil

En 2022, l’objectif de la Fedil était de créer un climat de confiance avec les partis qui se mettaient en ordre de bataille pour les élections de 2023. «Nous les avons tous rencontrés et avons pu leur exposer nos préoccupations et nos attentes. L’accueil a été positif. Pour la Fedil, la solution sera européenne ou ne sera pas.»

Elle appelle ensuite le gouvernement à plus de cohérence entre les ambitions qu’il affiche (décarbonation, digitalisation, compétitivité, temps de travail, etc.) et la réalité de leur faisabilité dans l’économie mondiale telle qu’elle se présente avec des pénuries, des retards de livraison, des prix élevés et des contraintes administratives lourdes. « qui appellent à la décroissance. Prêcher la décroissance, c’est abdiquer devant les défis technologiques et infrastructurels que nous devrons affronter dans notre pays. Cela nous semble inquiétant pour l’attractivité du pays.»


Lire aussi


La concurrence avec les autres pays d’Europe se renforce, et bien que le Luxembourg se dise favorable à la présence d’industries de pointe sur son territoire, Michèle Detaille note que «lorsqu’il y a un projet d’implantation, apparaît toute une série de contraintes administratives qui nuisent au business. Le Luxembourg n’est pas une île: les pays voisins deviennent très attractifs lorsqu’on peut s’y installer en moins de six mois. De la même manière, il y a un risque de délocalisation de l’industrie européenne dans ses secteurs les plus porteurs: les sirènes ne sont pas toutes asiatiques».

Une formation plutôt que le chômage

Concurrence et attractivité sont des sujets liés, lesquels mènent forcément à la question des talents. Un sujet que Paperjam avait abordé avec Michèle Detaille, quelques heures avant la cérémonie. «Dans l’industrie, on ne cherche pas forcément de gens surdiplômés», précisait-elle. Selon la présidente de la Fedil, le problème de la pénurie de talents est autant quantitatif que qualitatif. Elle soutient la solution de «recyclage des talents» qui consiste à donner une formation aux employés lorsqu’ils sont licenciés au lieu de les mettre au chômage.

«On ne trouve pas de tourneurs fraiseurs, car on a épuisé les candidats de la zone Grande Région. Lorsqu’ils sont licenciés, les techniciens qui ont appris à coder, ou ceux qui ont le sens commercial, devraient pouvoir être formés à faire autre chose et aller là où une autre entreprise locale aura besoin d’eux.»

Dans son discours, Michèle Detaille a également pointé la question du temps de travail: «Comment générer plus de richesses en travaillant moins? Nous disons qu’il faut moderniser et assouplir le droit du travail, car on ne travaille pas de la même manière tout au long de sa vie, et la constante est que les gens veulent du temps à eux.»

Après une intervention d’Yves Jégourel, co-directeur du Cercle Cyclope, docteur en économie et titulaire d’une chaire sur les matières premières et le développement durable, le Premier ministre,  (DP), a également adressé un message de soutien à la communauté des entrepreneurs industriels.