Aides non remboursables inaccessibles, aides remboursables inadaptées, garanties inefficaces, absence de capital-risque, la Fédération luxembourgeoise des start-up égratigne les aides de l’État. (Photo: Shutterstock)

Aides non remboursables inaccessibles, aides remboursables inadaptées, garanties inefficaces, absence de capital-risque, la Fédération luxembourgeoise des start-up égratigne les aides de l’État. (Photo: Shutterstock)

Dans une lettre ouverte au ministre de l’Économie, (LSAP), la Fédération luxembourgeoise des start-up (FLSU) se plaint des aides jugées «pas» ou «peu» adaptées aux start-up luxembourgeoises.

La sélection des 15 start-up pour le hackathon StartupVsCovid19, organisé par le ministère de l’Économie et Luxinnovation, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Étaient attendues 20 start-up, pour un total de 3 millions d’euros. Malgré un «jusqu’à 20» dans les conditions de participation et une somme de 150.000 euros qui n’était pas acquise par défaut, 97% des 191 membres de la Fédération luxembourgeoise des start-up initiée par Jérôme Grandidier jugent que cette «initiative était intéressante pour l’écosystème, mais [que] son application a été contre-productive».

Ils lui reprochent aussi d’avoir attribué les financements – baptisés chez eux des «récompenses» – à une majorité de start-up issues des incubateurs publics ou semi-publics, par un jury qui préside aux destinées de ces mêmes incubateurs.

Du coup, ils demandent que cinq autres start-up puissent être désignées et toucher la même somme, en dehors de ces incubateurs (Technoport, Lhoft, Luxembourg-City Incubator, House of Startups et Lux Future Lab). D’autant plus, disent-ils, qu’en réalité, le budget consacré à l’innovation a été revu à la baisse, puisqu’il n’y a pas de programme Fit4Start.


Lire aussi


Les aides remboursables ne sont pas adaptées, disent-ils, parce que «la création d’une dette fragilise l’entité et la Place, dans une situation vulnérable face aux investisseurs privés et fonds de capital-risque qui entreront par la suite, ou lors de leurs demandes d’aides publiques. Ces subventions ne sont d’ailleurs pas accessibles aux entreprises en difficulté financière, ce qui est souvent le cas pour les start-up.»

Pas plus que l’aide de 5.000 euros pour les entreprises de moins de 10 salariés, parce que ce pan de l’économie a besoin de talents rares sur le marché, et donc plus chers.

Garantie de l’État et attitude des banques

L’aide de 12.500 euros pour les entreprises entre 10 et 20 salariés ne leur va pas non plus, puisqu’elle est associée à une perte de chiffre d’affaires de 50% par rapport à l’année précédente. «Cet outil ne prend donc pas en compte les entreprises en forte croissance qui multiplient par 2 ou 3 leur chiffre d’affaires chaque année, et ainsi leur manque à gagner sur cette période», écrit la FLSU.

La garantie de l’État à 85% «pour les prêts n’est pas une garantie à première demande, et, même si la start-up apporte une garantie de 15%, les banques privées refusent généralement d’accorder le prêt, car il leur reste un risque à couvrir», ou bien elles l’accordent comme elles l’auraient quand même accordé sans la garantie. Idem pour la garantie spéciale anti-crise de 200 millions d’euros et le financement spécial anti-crise de 400 millions d’euros par la SNCI.

La FLSU se plaint aussi de la difficulté à pouvoir profiter du cofinancement à 70%, contre 50% précédemment, parce que la crise a rendu compliqué de trouver les 30% manquants. «Les start-up qui étaient en levée de fonds, ou prévoyaient de le faire prochainement, voient leurs financements reportés ou annulés, et les négociations s’annoncent très compliquées à court terme», dit la lettre ouverte.

Un fonds de capital-risque et un incitant fiscal à nouveau réclamés

Et puis, comme M. Grandidier le fait à chaque occasion, depuis bien avant la crise du coronavirus: la lettre ouverte. Cette dernière revient sur deux points:

-  Le nombre des fonds d’investissement de capital-risque à vocation régionale est ridiculement bas pour un pays qui compte plus de «4.300 milliards d’actifs sous gestion» et se targue d’être «le second centre de fonds d’investissement après les États-Unis», et la FLSU espère le soutien du ministre pour «la mise en place d’un tissu de fonds de capital-risque faits d’équipes locales pour assurer la rétention et l’attraction des meilleurs projets au Luxembourg»;

- La mise en place d’un incitant fiscal pour les investisseurs particuliers dans les start-up et les PME luxembourgeoises.

La fédération demande aussi plus de simplicité et de clarté dans l’administration des demandes d’aide «jeune entreprise innovante», un droit à la seconde chance systématique en cas de faillite non frauduleuse – mais le texte sur la réforme du droit des faillites est en cours – et… un entretien avec le ministre.