Guy Ertz, chief investment advisor au sein de BGL BNP Paribas. (Photo: Maison Moderne)

Guy Ertz, chief investment advisor au sein de BGL BNP Paribas. (Photo: Maison Moderne)

L’inflation fait à nouveau la une des médias. En effet, les chiffres d’inflation ont été en forte hausse ces derniers mois, surtout aux États-Unis. Les investisseurs avertis sont conscients de l’impact potentiellement négatif d’une hausse généralisée de la croissance des prix au-delà des attentes. La question quant à la nécessité de se couvrir contre ce risque est donc omniprésente.

Aux États-Unis, une poussée de l’inflation au-delà des 5% est probable au deuxième et troisième trimestre, mais les chiffres devraient progressivement retomber au début de l’année prochaine. L’inflation devrait revenir vers 3% fin d’année et 2% fin 2022. En zone euro, l’inflation dépassera l’objectif de 2% de la BCE dans les prochains mois et devrait se normaliser en dessous de ce niveau début 2022.

En effet, les comparaisons annuelles sur la période mai à décembre vont encore se faire par rapport à des niveaux de prix très bas en 2020. Ceci veut dire qu’on aura des effets de base importants qui maintiendront l’inflation à un niveau élevé. Ces effets devraient toutefois s’inverser fin d’année. De plus, les pénuries dans certaines chaînes d’approvisionnement (semi-conducteurs, matériaux de construction) devraient se normaliser dans les prochains mois.

À moyen terme, la principale source de surprise à la hausse pour l’inflation devrait être le marché de l’emploi. À ce stade, il y a encore beaucoup de surcapacités surtout en Europe. Aux États-Unis, la situation semble toutefois plus tendue au vu du niveau du taux de chômage déjà faible et de la flexibilité de ce marché. Une inquiétude a priori justifiée apparaît donc étant donné les programmes très importants de relance sur les prochaines années. Le risque de surchauffe semble toutefois rester limité. En effet, d’après certaines estimations, près de 20% des travailleurs dans la tranche de salaire la plus basse sont toujours au chômage et le taux de participation reste très faible, autour de 62% contre approximativement 67% début 2000. La comparaison pour la population sans formation universitaire est de 55% contre 66%. Ceci devrait donc limiter le potentiel de hausse généralisée des salaires dans les prochains mois malgré une dynamique de création d’emplois au-dessus de la moyenne.

En conclusion, il ne semble pas utile à ce stade de se couvrir contre le risque d’inflation en Europe. Pour les actifs en dollar, le scénario de base va dans le même sens. Toutefois, pour des investisseurs plus averses au risque ou attribuant une plus forte probabilité au scénario lié à une surprise à la hausse de l’inflation, plusieurs options existent.

Sur base des données historiques, plusieurs classes d’actifs ont montré des propriétés positives dans un scénario de surprise de l’inflation à la hausse. Les obligations à taux variables ou avec une indexation sur l’inflation sont un premier groupe. Il faut toutefois noter que, sans surprise importante à la hausse de l’inflation, ces actifs ont un rendement attendu proche de zéro aujourd’hui. L’or, l’immobilier ainsi que les actions de sociétés qui ont un pouvoir de fixation des prix important ont également montré des vertus dans ce type de scénario.