Les boulangeries Fischer ne rendent désormais plus la monnaie sur les chèques-repas. D’autres d’établissements fixent des limites pour éviter les abus. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Les boulangeries Fischer ne rendent désormais plus la monnaie sur les chèques-repas. D’autres d’établissements fixent des limites pour éviter les abus. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Fischer a décidé de ne plus retourner la monnaie lors d’un paiement via chèques-repas, à l’instar de beaucoup de restaurants et commerces. D’autres établissements les refusent ou ne le font qu’à partir d’un certain montant d’achat, pour éviter les abus. La loi ne fixe cependant pas de règle claire.

Depuis fin octobre, les boulangeries Fischer ne rendent plus la monnaie à leurs clients lors d’un paiement via chèques-repas (ou titres-restaurant). Le siège de l’entreprise confirme cette nouvelle pratique, mais en l’absence de la CEO, personne n’a souhaité expliquer le pourquoi du changement. D’application, parfois depuis bien plus longtemps, dans des restaurants, cela était plus rare dans les boulangeries vendant des sandwichs, plus économiques qu’un plat à 10,80 euros, plafond maximal des chèques-repas.

« ne précise pas si le commerçant doit rendre l’argent», analyse l’association Vialux (pour Vouchers issuers association). Mais «l’usage veut qu’ils ne puissent pas être échangés contre du liquide afin de préserver leur affectation alimentaire».

Le chèque-repas n’est pas fait pour que le client encaisse de l’argent, mais se restaure.
François Koepp

François KoeppCEOHoresca

«Le chèque-repas n’est pas fait pour que le client encaisse de l’argent, mais se restaure. », appuie , CEO de la fédération Horesca. Qui estime que les clients mécontents de Fischer peuvent «acheter un sandwich et un pain et ils auront leur compte».

Remboursement intégral ou à partir d’un seuil

Chaque enseigne pratique donc sa propre politique. Avec de nettes différences.

Certaines boulangeries rendent la monnaie s’il y a un montant minimal d’achat. Il faut par exemple dépenser «au moins la moitié» de son titre chez Namur, avenue de la Liberté. De même chez Oberweis. Mais la Table du pain rembourse sans limites. Tandis que chez Paul, à la Gare, on reçoit sa monnaie après avoir acquis des viennoiseries pour au moins trois euros. Cocottes rend la monnaie à partir de huit euros d’achat pour un chèque de 10,80 euros.


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Kaempff-Kohler s’est retrouvée contrainte de fixer un seuil, deux mois . «Il y avait des abus de clients qui payaient un croissant avec un titre-restaurant pour récupérer neuf euros», illustre , le directeur. «En Ville et à Niederanven, nous n’avions pas cette problématique».

Le retour de monnaie est désormais conditionné à un achat d’au moins 50% de la valeur du chèque. «Nous avons des frais», explique-t-il encore. «Sodexo nous rend 10,80 euros moins 2,8%. On perd vite la marge du croissant en remboursant en cash.»

Une partie du business model des fournisseurs de titres-restaurant () est en effet basé sur la commission qu’ils prélèvent lorsqu’ils remboursent les restaurateurs leur rapportant les chèques-repas reçus par les clients, . Non communiquée, elle se situe entre 2,5 et 4%, selon les restaurateurs interrogés. L’autre source de revenus des fournisseurs vient bien-sûr de la vente de ces chèques-repas aux entreprises qui les distribuent à leurs employés.

Au Luxembourg,  ou avaient accès à une cantine ou des repas gratuits, selon des données du Statec datant de 2019. Sont cependant exclus de l’étude les frontaliers, ce qui rend l’estimation du nombre de tickets distribué difficile. Vialux ne dispose d’ailleurs pas de cette donnée.

Des pratiques différentes aussi dans les restaurants

Ne pas retourner la monnaie d’un paiement en chèques-repas semble moins rare dans les restaurants, où il est aussi plus facile d’atteindre la valeur faciale du chèque.

Au Phenicia, dans la capitale, par exemple. «Si j’accepte deux titres à 10,80 euros et que je rends cinq euros, je paie une commission de 2,5% aussi sur ces cinq euros», calcule son responsable, Kefah Bader Aldin. «À la fin de l’année, on peut arriver à des ‘pertes’ de 3 à 5.000 euros».

«Nous perdons de l’argent à chaque titre encaissé, que nous rendions ou non la monnaie», dit pour sa part , CEO de Steffen. 2,5% de commission sur un chèque de 10,80 euros correspondant à 27 centimes à payer au fournisseur, qu’on rende un ou neuf euros.

Dans ses restaurants ou points de vente à emporter, Steffen accepte donc les chèques-repas «à partir d’un achat d’au moins la moitié de sa valeur» pour pouvoir rendre la monnaie. L’objectif: «rester concurrentiels et flexibles».

Par ailleurs, les restaurateurs doivent . Il faut compter cinq jours ouvrés en formule classique et 48 heures en express, affirme Sodexo.

«Nous encaissons les titres plusieurs fois par semaine», explique encore Tom Steffen.

Un projet de loi qui se fait attendre

Combien de restaurants acceptent de rendre la monnaie sur les chèques-repas? L’Horesca ne peut le dire. La diffusion des chèques digitaux pourrait permettre d’éluder la question.  Interrogée, Vialux (dont la présidente est la responsable de Sodexo BRS Luxembourg) n’a pas non plus de chiffres à communiquer à ce sujet.

D’autres problématiques entourent les titres-restaurant. Comme le fait qu’on peut acheter des articles non alimentaires en grande surface avec, voire faire le plein d’essence dans certaines stations. La loi prévoit aussi l’utilisation d’un seul ticket par jour, soit une dépense maximale de 10,80 euros. Même si dans les faits, de nombreux établissements acceptent le cumul de titres. Dès lors, quel plafond autoriser avec une carte numérique?

Une modernisation de la loi, devant notamment répondre à ces interrogations, était attendue pour 2022 et annoncée dans . Elle est «toujours en cours de rédaction au sein de l’administration des finances», indique Vialux. La Chambre des députés, pour sa part, confirme n’avoir reçu aucun projet de loi sur le sujet. Interrogé, le ministère des Finances affirme qu’«il est prévu de finaliser les travaux dans les mois à venir».