L’ancienne, héritière de l’empire AB Inbev, en a terminé avec la justice suisse d’après le magazine belge La Dernière Heure. Elle a été condamnée en début de semaine à une peine d’emprisonnement de 30 mois, dont 15 avec sursis, pour blanchiment aggravé et faux dans les titres. Mais ayant déjà passé 10 mois en détention préventive, elle ne retournera pas derrière les barreaux helvétiques.
Une occasion pour la justice luxembourgeoise de voir aboutir sa demande de remise de Farida – dite Fara – Chorfi sur la base d’un mandat d’arrêt européen délivré il y a environ deux ans par la responsable de l’exécution des peines du Parquet général. Car Mme Chorfi doit toujours purger la peine d’emprisonnement de 24 mois, dont 15 avec sursis, par la Cour d’appel. «La procédure est en cours», indique le porte-parole de la justice à Paperjam.
815.000 actions d’AB Inbev dérobées
C’est par ricochet de SwissLeaks – la fuite de données de la banque HSBC – que Mme Chorfi a attiré l’attention des autorités suisses, intriguées de trouver 88 millions d’euros répartis sur une vingtaine de comptes au nom de cette avocate. Une somme issue des 815.000 actions au porteur qu’elle aurait dérobées aux fils adoptifs de la vicomtesse décédée en 2008, et blanchies à travers des montages financiers sophistiqués et des sociétés offshore à Dubaï, Singapour et Monaco.
L’ancienne avocate - elle n'est plus inscrite au Barreau de Luxembourg depuis 2013 et n'apparaît plus non plus sur l'annuaire du Barreau de Bruxelles - a d’ailleurs été condamnée à rendre aux deux frères les 327.000 actions AB Inbev qui ont été retrouvées et à leur verser 34 millions d’euros, représentant la valeur des 488.000 titres manquants. Quelque 30 millions d’euros encore confisqués seront versés dans les caisses de l’État à Genève, explique encore La Dernière Heure.
Mme Chorfi avait été pour tentative d’escroquerie et faux. Elle avait été condamnée à 30 mois de prison en première instance pour deux épisodes au cours desquels elle aurait tenté de s’emparer d’une partie de l’héritage de la vicomtesse Amicie de Spoelberch, et ce à la suite de diverses plaintes déposées par l’octogénaire en 2006. Une première fois lors du transfert des actions au porteur – matérialisées en titre de papier – dans un coffre chez Natixis, la seconde lorsqu’elle avait dicté à la vieille dame un testament la désignant légataire universelle de sa fortune. Officiellement dans le but de créer une fondation qui n’avait toutefois jamais vu le jour.
Un mandat d’arrêt européen valable en Suisse
En appel, l’avocat général lui avait en l’absence de certaines pièces et de l’ancienneté des faits et la peine avait été ramenée à 24 mois d’emprisonnement, dont 15 assortis du sursis. L’avocate de 57 ans, qui s’est décrite comme «une mouche prise dans la toile d’une conspiration ourdie par les héritiers de Spoelberch en proie à une guerre de succession», selon La Dernière Heure – il est vrai que la vieille famille belge avait tenté durant un temps de priver les fils adoptifs de la vicomtesse de leur part d’héritage avant une transaction à sept zéros en 2010 –, doit donc retourner derrière les barreaux, luxembourgeois cette fois, pour s’acquitter de sa dette à la société. Le mandat d’arrêt européen couvrant l’espace Schengen, la Suisse devrait prendre les mesures nécessaires pour remettre la quinquagénaire au Grand-Duché si elle se trouve encore sur son territoire.