La gestionnaire de l’Office régional du tourisme région de la Moselle luxembourgeoise, actif sous la marque «Visit Moselle», Nathalie Neiers, évoque les atouts et les défis de cette région à l’est du pays en termes de développement touristique.  (Photo: Pancake! Photographie)

La gestionnaire de l’Office régional du tourisme région de la Moselle luxembourgeoise, actif sous la marque «Visit Moselle», Nathalie Neiers, évoque les atouts et les défis de cette région à l’est du pays en termes de développement touristique.  (Photo: Pancake! Photographie)

Chaque vendredi du mois d’août, embarquons à la découverte de l’écosystème qui s’est développé autour de la rivière de la Moselle. Cette semaine, focus sur la stratégie touristique déployée dans cette partie est du pays, qui concentre beaucoup d’atouts pour attirer les visiteurs. Mais les faire rester est un défi majeur…

Dans l’est du pays, la région touristique de la Moselle luxembourgeoise regorge de potentiel. Son principal atout: sa rivière, qui sert aussi de frontière avec l’Allemagne. «Une position géographique exceptionnelle, avec, aussi, la frontière avec la France et Schengen. Ce qui nous donne une situation touristique particulière dans le pays», avance la gestionnaire de l’Office régional du tourisme de la Moselle luxembourgeoise, actif sous la marque «Visit Moselle», Nathalie Neiers. Au quotidien, l’ORT et Visit Moselle travaillent à étoffer l’offre touristique de cette zone.

Une offre touristique d’abord centrée sur la rivière. «Nous comptons beaucoup de partenaires touristiques qui sont très dynamiques et qui proposent des offres sur l’eau, telles que des croisières culinaires, des tours de découverte d’à peu près une heure sur bateau, mais aussi des fêtes thématiques. Et depuis deux ans, nous comptons également un prestataire qui propose de la location de bateaux électriques sans permis à partir de Remich», détaille la gestionnaire. Parmi eux, Navitours et Entente Moselle – qui exploite l’incontournable M.S. Princesse Marie-Astrid – proposent des excursions en bateau. Toujours sur l’eau, l’offre touristique ne prévoit en revanche pas d’activités ou autres sports nautiques, tels que le ski nautique. «Il se pratique sur la Moselle, mais plutôt dans les clubs. Donc nous ne le commercialisons pas comme une activité touristique», précise Nathalie Neiers.  

La rivière Moselle est le cœur battant de la stratégie touristique dans l’est du pays.  (Photo: Shutterstock)

La rivière Moselle est le cœur battant de la stratégie touristique dans l’est du pays.  (Photo: Shutterstock)

Mais capitaliser sur la rivière ne suffit pas à bâtir une stratégie touristique solide. Alors au fil du temps, l’accent a été mis sur les autres atouts de la région. Sans compter le travail mené au niveau national. «Le ministère investit beaucoup dans de nouvelles structures d’accueil touristique, cela passe par la rénovation de bureaux d’accueil, par exemple, pour les rendre accessibles. Six bureaux d’information touristique ont été rénovés dans les dernières années et sont ouverts toute l’année, même lorsque la saison un peu plus calme, en hiver», évoque Nathalie Neiers.

Oenotourisme et outdoor

Pour compléter sa stratégie touristique, la Moselle luxembourgeoise s’attache aussi à regarder les tendances et prendre en compte les demandes des touristes. Et elle a aussi capitalisé sur un autre atout local: la présence des vignerons. «On voit par exemple une forte tendance sur les visites guidées, couplées avec des dégustations. Nous proposons donc des promenades oenotouristiques. Nous avons aussi lancé une série d’événements autour du vin, comme le Wine Enjoy décliné de plusieurs façons tout au long de l’année avec le Wine and Cheese, Wine Light, Wine taste… Il y a aussi dans la région beaucoup de fêtes traditionnelles autour du vin.»

En plus de l’œnotourisme, les loisirs nature ou outdoor représentent aussi un pilier fort de l’offre touristique dans cette région. «La randonnée et le vélo sont aussi des activités prisées chez nous, et de plus en plus demandées. L’offre suit avec, par exemple, de la location de vélo électrique, via le système Rent-a-bike qui permet de louer un vélo électrique à un point A et le rendre dans un point B», explique Nathalie Neiers. Ce réseau, composé de neuf stations, rencontre aussi un franc succès, et permet aussi de créer une offre couplée: vélo/œnotourisme. Côté randonnées et hinking, si la Moselle ne parvient pas à rivaliser avec l’Oesling ou le Mullerthal très prisés des randonneurs, elle propose toutefois des parcours, de plusieurs dizaines de kilomètres, mais aussi des boucles adaptées à tous les marcheurs, et aux familles. 

La Moselle luxembourgeoise peine à rivaliser avec l’Oesling ou le Mullerthal sur l’offre de randonnées, mais elle propose tout de même plusieurs circuits adaptés au grand public.  (Photo: Shutterstock)

La Moselle luxembourgeoise peine à rivaliser avec l’Oesling ou le Mullerthal sur l’offre de randonnées, mais elle propose tout de même plusieurs circuits adaptés au grand public.  (Photo: Shutterstock)

Si l’agence Visit Moselle ne tient pas de statistiques sur la typologie des touristes, elle constate toutefois une forte fréquentation de la part des couples actifs, des seniors et des familles, intéressés par du tourisme «actif». «On constate aussi qu’on a de plus en plus de visiteurs qui viennent en groupes. Par exemple, cette année, nous avons eu 56% de demandes en plus pour des visites guidées de groupes. Avant, il s’agissait de groupes de six à huit personnes, aujourd’hui ce sont des groupes de 15 à 25 personnes», constate la gestionnaire qui travaille donc à réadapter l’offre touristique à cette évolution. «Nous recevons aussi souvent des expats qui viennent pour la journée, qui vivent à Luxembourg, mais qui connaissent moins cette partie du pays», complète-t-elle.

Selon le Statec, un peu plus de 120.000 nuitées ont été enregistrées en 2022 en Moselle luxembourgeoise. Un chiffre que l’ORT aimerait voir augmenter. «Une des particularités de notre région, c’est que nous avons surtout des touristes qui restent pour une journée. Car nous sommes en manque d’hébergement», glisse la gestionnaire. 

Faire rester les touristes apparait donc aujourd’hui comme un challenge. «Le manque d’hébergement est un grand défi pour nous. On a de moins en moins de structures et de capacités en logements touristiques. Donc, en termes de nuitées, nous sommes à des niveaux plus bas que d’autres régions. C’est un manque qu’on observe tout le long de la Moselle, mais aussi dans toute la région, et aussi un peu dans l’arrière-pays», dit-elle.

Répondre à ce défi consistera avant tout à étudier les besoins en termes de typologie de logement. «Nous devons nous demander quel type de logement sera adapté pour la région. Est-ce qu’on doit investir dans des solutions telles que les logements insolites bien connus en France, en Belgique et en Allemagne? Dans ce cas, il nous faut aussi le support politique pour changer des choses au niveau de la règlementation. Quant aux gites, nous en avons déjà un certain nombre, mais nous devons travailler à les rendre plus visibles, peut-être en lien avec l’Association du tourisme rural», prévoit Nathalie Neiers.

Elle évoque aussi un autre défi de taille pour la pérennité du tourisme: «Trouver des moyens financiers aussi pour permettre l’organisation de grandes manifestations. Ce qui est de plus en plus difficile. Le sponsoring diminue de plus en plus. Nous aurons toujours des idées pour organiser de belles et grandes manifestations, mais il faudra des gens motivés et des fonds pour cela», prévient-elle.  

Des défis qui s’imposent plus largement à la région, au-delà de l’aspect touristique qui produit aussi des retombées économiques. «Le tourisme est une source d’emplois. Il a aussi un impact sur l’activité des vignerons, des établissements de restauration. Mais aussi dans le quotidien des habitants. Par exemple, lorsque le ministère du Tourisme refait des aires de jeux, cela bénéficie aussi aux enfants du territoire. Il s’agit aussi de la qualité de vie des habitants», souligne Nathalie Neiers. 

Pour continuer à attirer des touristes, la stratégie de l’ORT repose en partie sur une communication dite classique. «Mais depuis quelques années, cela change. On mise beaucoup sur la radio et les réseaux sociaux pour toucher nos publics cibles. On fait par exemple appel à des blogueurs expatriés qui ont de grandes communautés. On ne peut plus se limiter à une communication classique», pense la gestionnaire. En plus de la communication, des projets d’envergure sont menés pour renforcer l’offre. Comme la Wine house qui sera un incontournable de l’axe oenotouristique de la stratégie de Visit Moselle. «C’est un projet qui date déjà il y a 15 ans, et ça sera certainement un attrait incontestable dans la région, une belle porte-entrée aussi pour les touristes qui viennent nous voir. C’est un projet qui sera certainement terminé en 2026.»