Selon un sondage réalisé par jobs.lu en septembre dernier au Luxembourg, 80% des répondants en recherche d’un emploi déclarent en effet qu’ils seraient davantage attirés par une annonce si la rémunération y était renseignée. (Crédit: Maison Moderne) 

Selon un sondage réalisé par jobs.lu en septembre dernier au Luxembourg, 80% des répondants en recherche d’un emploi déclarent en effet qu’ils seraient davantage attirés par une annonce si la rémunération y était renseignée. (Crédit: Maison Moderne) 

Les candidats aspirent à ce que la rémunération soit davantage indiquée dans les offres d’emploi. La pratique, peu courante au Luxembourg, peut permettre aux employeurs de mieux attirer les talents.

Sondage rémunération réalisé par jobs.lu (Crédit: Maison Moderne) 

Sondage rémunération réalisé par jobs.lu (Crédit: Maison Moderne) 

«Nous vous offrons une rémunération selon votre profil.» La plupart des appels à candidatures font mention d’une phrase de ce type et n’indiquent pas clairement le salaire et les avantages extralégaux proposés pour le poste. «Ce n’est pas une habitude ancrée sur le marché grand-ducal. Dans d’autres pays, par contre, c’est une démarche très courante, et je pense qu’elle devrait se répandre davantage ici dans les années à venir», souligne Arthur Meulman, directeur général de jobs.lu. Car la rémunération constitue, pour un candidat, l’un des principaux critères qui entrent en considération dans le choix d’un nouveau job. Selon un sondage réalisé par jobs.lu en septembre dernier au Luxembourg, 80% des répondants en recherche d’un emploi déclarent en effet qu’ils seraient davantage attirés par une annonce si la rémunération y était renseignée. Pour 15% d’entre eux, cette mention ne changerait en rien l’attractivité d’une annonce, tandis que 5% disent que cette indication pourrait les influencer.

Des entreprises encore hésitantes

Si les entreprises sont peu enclines à divulguer cette information dans l’offre d’emploi, c’est parce qu’elles craignent notamment de perdre de potentiels candidats pour qui le salaire annoncé ne répondrait pas aux attentes. Le plus souvent, ce point est donc plutôt abordé lors de la première entrevue. Les entreprises espèrent ainsi pouvoir adapter la rémunération en fonction de la personne recrutée et de son profil. «Si un candidat affiche par exemple davantage de compétences que celles requises, l’employeur doit pouvoir lui proposer une rémunération en adéquation avec ses qualifications, tout en restant cohérent vis-à-vis de ses pratiques internes et du marché local», explique Stéphanie Verheyleweghen, en charge du recrutement au sein de la Banque internationale à Luxembourg (BIL). «Les candidats, et surtout ceux qui disposent d’un profil expérimenté ou évoluent dans un secteur concurrentiel, savent d’ailleurs qu’ils bénéficient d’une certaine marge de manœuvre dans la négociation de leur salaire», poursuit-elle.

La plupart du temps, l’employeur souhaite également que les candidats qui postulent à ses offres soient avant tout motivés par le fait de rejoindre l’entreprise, par la fonction et les missions proposées, plus que par la rémunération.

Un argument de vente

Indiquer le salaire dès l’offre d’emploi présente néanmoins certains avantages. «Cela permet de mieux filtrer les profils, et donc de faire gagner du temps à tout le monde, candidat comme employeur, souligne Arthur Meulman. Le candidat peut voir si la rémunération proposée correspond à ses attentes, et ainsi postuler en toute connaissance de cause, sans risque de frustration s’il va plus loin dans le processus. L’employeur, quant à lui, ne s’engage pas dans une démarche de recrutement avec une personne qui, finalement, n’acceptera pas le poste car il ne répond pas à ses prétentions salariales.»

Sur un marché de l’emploi compétitif, où les candidats manquent, comme c’est le cas par exemple dans le secteur IT au Luxembourg, aborder le sujet de la rémunération dès l’appel à candidatures peut également constituer un atout pour attirer des talents. «Dans la mesure où c’est une information qui est rarement donnée, elle peut être un élément permettant à une entreprise de se démarquer», complète le directeur général de jobs.lu.

Renseigner le montant de la rémunération n’exclut pas de garder une certaine souplesse dans la négociation du salaire. Pour ce faire, il est préférable d’indiquer une fourchette, et non un montant fixe. Si vous avez toutefois peur de passer à côté de certains candidats, vous pouvez ajouter la mention «négociable selon profil» à côté de la tranche proposée, et ce afin de démontrer votre ouverture sur le sujet.

Les avantages extralégaux très appréciés

Bien sûr, aujourd’hui, les conditions salariales sont loin d’être le seul critère pris en compte par les candidats. «Les avantages extralégaux, tels qu’une voiture de fonction, une assurance-groupe, des tickets-restaurant, une cantine, la participation aux frais de déplacement ou, cerise sur le gâteau, une salle de sport ou une crèche pour les enfants des collaborateurs, sont de plus en plus pris en compte par les candidats dans leur choix de carrière», remarque Arthur Meulman.

Désormais, c’est l’ensemble des éléments que peut offrir une entreprise qui est scruté par le candidat. «Les opportunités de carrière, les possibilités de formation, l’attention portée à , la flexibilité des horaires, la pratique du télétravail, la stabilité et la bonne réputation de l’employeur – qui plus est dans un contexte de crise tel que celui dans lequel nous évoluons actuellement – sont autant d’éléments très importants aux yeux des candidats», confie Stéphanie Verheyleweghen. Si la rémunération constitue donc un enjeu à ne pas négliger pour recruter des talents, elle est loin d’être le seul challenge pour les employeurs.