La main publique doit investir massivement pour sortir le pays de la crise, selon François Benoy. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

La main publique doit investir massivement pour sortir le pays de la crise, selon François Benoy. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Rapporteur de la loi sur le budget, François Benoy (Déi Gréng) présente des pistes pour que le pays sorte renforcé de la crise.

Pourquoi avoir décidé d’être rapporteur de la loi sur le budget?

– «C’est un moment-clé. La loi budgétaire est la loi la plus importante de l’année. Elle permet à l’État de fonctionner, elle fixe les mesures fiscales et impulse les politiques.

Qu’est-ce qui caractérise ce rapport?

«Il est plus politique que les autres rapports. Avant la présentation du projet de budget, il faut faire un état des lieux de la situation du pays et des finances publiques. Je présente ensuite un certain nombre de réflexions politiques.

Quel thème avez-vous choisi?

«Le sujet principal sera: comment sortir plus forts de cette crise? Pas seulement de la crise du Covid-19, qui nous a vraiment frappés fort aux niveaux sanitaire, humain et économique, mais aussi des autres crises qui existent.

Vous pensez à la crise climatique?

«Oui, car il y a d’autres crises qui ne sont pas à négliger, comme, en effet, la crise du climat et de la biodiversité, mais aussi celle de la justice sociale.

Quelles pistes proposez-vous?

«Il faut faire du Luxembourg un pays plus fort face aux crises. Pour cela, je développe quatre thèmes principaux. Tout d’abord, il faut un État fort, qui fait des investissements, car ce n’est pas le secteur privé qui va régler ces crises. Il faut ensuite davantage de justice sociale.

La justice sociale est un problème au Luxembourg?

«La question du logement est de plus en plus problématique, même pour des gens qui ont de bons revenus. Et il y a aussi la question des politiques climatiques…

Vous pensez qu’elles peuvent créer un sentiment d’injustice sociale?

«Si on fait une politique climatique, il faut absolument qu’elle soit juste au niveau social.

Par quels moyens assurez-vous cela?

«Il faut soutenir les plus faibles revenus dans la transition écologique, comme, par exemple, avec la taxe CO2.

Qu’avez-vous mis en place?

«L’augmentation du crédit d’impôt et de l’allocation de vie chère. Selon le Statec, on compense ainsi les surcoûts pour 40% des ménages qui ont le moins de revenus.

Quels sont les deux autres thèmes principaux de votre rapport?

«La nécessité d’une transition écologique de notre économie aux niveaux de la place financière, de l’agriculture, mais aussi d’autres secteurs. Et celle d’avoir des finances publiques plus résilientes.

Quelles sont les conséquences de la crise sur les finances publiques?

«D’un côté, une hausse des dépenses, avec les aides à l’économie et les investissements dans le système de santé, et de l’autre, une baisse des recettes, du fait du confinement en début d’année. Ce qui se retrouve dans le déficit budgétaire…

À quel niveau le déficit budgétaire est-il impacté?

«Dans les années à venir, on va atteindre les 30% de dette publique par rapport au PIB. Mais on reste quand même loin des 60% qui sont permis par le traité de Maastricht.

Faut-il malgré tout s’inquiéter?

«Le déficit pour l’État central est à 8,6% du PIB, 3,9% l’année prochaine. Cela peut encore changer en fonction de l’évolution de la pandémie. Il faut donc rester vigilants, mais les saines politiques budgétaires des années précédentes nous ont placés dans de bonnes conditions pour aborder cette crise.

Quel principal apprentissage tirez-vous de cette expérience?

«Cela m'a bien sûr permis de rentrer dans les détails du budget et de la politique des finances publiques, mais le plus intéressant, pour moi, ce sont les 35 entretiens que j’ai eus.

Qui avez-vous rencontré?

«Les syndicats, le patronat, des acteurs de l’économie, de la santé, de la société civile, les organisations de l’environnement, les jeunes... J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir parler avec tous ces gens. C’est le plus important, personnellement.»

Cet article a été rédigé pour l’édition datée “” qui est parue le 17 septembre 2020.

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