Riccardo Lamanna est vice-président senior et responsable national de State Street au Luxembourg. (Photo: Maison Moderne)

Riccardo Lamanna est vice-président senior et responsable national de State Street au Luxembourg. (Photo: Maison Moderne)

Pour Riccardo Lamanna, senior vice president et country head de State Street, le Luxembourg est apprécié des promoteurs de produits de placement collectif opérant une gestion active. En domiciliant leurs solutions au Luxembourg, ils profitent de la reconnaissance dont bénéficie la Place à travers le monde et des possibilités de distribution étendues qu’elle offre. Toutefois, face à des compétiteurs qui se renforcent, l’industrie des fonds luxembourgeoise doit sans cesse veiller à se renouveler et à se diversifier.

À Luxembourg, State Street accompagne de très nombreux gestionnaires de fonds dans l’administration et la distribution de leurs produits d’investissement en Europe et au-delà des frontières de l’Union, au Moyen-Orient, en Asie ou encore en Amérique du Sud. La banque américaine est le principal fournisseur de services dédiés aux fonds d’investissement de la place financière. «Au départ du Luxembourg, nous servons aussi bien des gestionnaires de produits relativement classiques ainsi que d’autres, qui mettent en œuvre des véhicules parmi les plus sophistiqués. Nous les aidons à distribuer leurs fonds dans plus de quarante pays», commente Riccardo Lamanna, Senior Vice President, Country Head of State Street in Luxembourg.

Si State Street est un acteur global, développant une présence partout où ses clients ont besoin des services qu’il propose, le Grand-Duché est à ses yeux une place hautement stratégique. «Nous sommes présents au Luxembourg comme en Irlande, parce que nos clients nous attendent sur ces marchés, assure le dirigeant. Luxembourg est important aux yeux des acteurs que nous accompagnons pour deux raisons. La première a trait aux produits que l’on peut y développer. La deuxième tient aux possibilités qu’offre la Place pour distribuer largement les produits qui y sont domiciliés.»

Luxembourg, une marque reconnue

Ce sont les acteurs qui développent des fonds gérés activement qui considèrent Luxembourg comme une place de choix pour y établir leurs véhicules. «En venant ici, ils s’appuient sur la reconnaissance dont bénéficient les produits luxembourgeois à travers le monde, qu’ils concernent des investissements dans des actifs liquides ou illiquides. Pour les Ucits ou les produits alternatifs, Luxembourg est une marque réputée solide et connue très largement», poursuit Riccardo Lamanna. «La place financière, pour ces produits, restent très compétitive. Elle se démarque par sa capacité à s’adapter, à innover. Elle bénéficie d’un régulateur solide, sérieux et pragmatique, qui est ouvert aux nouvelles idées et soutient le développement de la place. Pour ces raisons, Luxembourg reste l’un des principaux domiciles pour les fonds d’investissement en EMEA.»

Capitaliser sur nos forces

Bien que la taille du territoire soit modeste, Luxembourg est une place financière parmi les plus importantes au monde. Ces dernières années, toutefois, l’industrie a dû faire face à des turbulences sur les marchés relativement importantes. La compétition internationale entre les places financières, d’autre part, s’est renforcée.

«On voit que l’intérêt pour les ETF, les produits passifs, est en croissance. En la matière, l’Irlande offre un cadre plus propice pour accueillir ces produits», commente Riccardo Lamanna. Dans le contexte actuel, au regard des turbulences qui agitent les marchés, la gestion active doit démontrer qu’elle peut faire la différence. «En tant que place, il est essentiel de saisir les opportunités en s’appuyant sur les capacités exceptionnelles du pays», poursuit le dirigeant. «Luxembourg est parvenu à le faire en développant une expertise pointue dans le domaine des marchés privés, adaptant sa boîte à outils pour répondre aux attentes des plus grands gestionnaires de fonds alternatifs. Les fonds durables, d’autres part, pourraient être les prochains Ucits à condition que Luxembourg puisse continuer à accompagner ces développements. Cela pourrait passer par le renforcement d’initiatives remarquables qui ont déjà été prises, autour de la notation des fonds durables au travers de LuxFlag par exemple.»

 

Relever le défi de la main-d’œuvre

S’il faut pouvoir identifier les opportunités et les saisir, de nombreux défis doivent pouvoir être relevés. Pour Riccardo Lamanna, le plus important touche à la main-d’œuvre, qui doit être en ligne avec la taille du marché et les ambitions poursuivies par la place financière. «Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une hausse importante des coûts liés à la force de travail, cela en raison de difficultés à attirer des gens, de la hausse des prix du logement, d’un manque de flexibilité du cadre de travail ou encore des temps de trajets importants pour se rendre au bureau», poursuit le dirigeant de State Street, qui rappelle que Luxembourg est avant tout une place accueillant des activités de back office. «Si l’on ne trouve pas des solutions pour alléger le coût de la main-d’œuvre, cela pourrait devenir difficile pour de grands fournisseurs de services de maintenir leurs opérations localement.»

Une approche réglementaire équilibrée

Un autre enjeu réside dans le maintien d’une approche réglementaire équilibrée, qui contribue à maintenir la confiance des acteurs dans la place financière luxembourgeoise, à renforcer la robustesse du marché, sans pour autant constituer un frein au développement du business. «Nous faisons face à un renforcement des exigences et contraintes à de nombreux niveaux. Si celles-ci doivent être bien appréhendées, il faut éviter d’imposer des règles qui pêchent par excès de formalisme», commente Riccardo Lamanna. «D’autre part, il faut disposer d’un cadre qui facilite l’intégration des nouvelles technologies, comme les registres distribués, l’intelligence artificielle et les outils d’automatisation, permettant au marché d’évoluer avec elles.»

La technologie, levier de compétitivité

Pour le dirigeant de State Street, la technologie doit supporter le développement des activités de l’industrie des fonds luxembourgeoise. En la matière, le pays a tout intérêt à se positionner en pionnier, en soutenant des initiatives de place, comme la mise en œuvre de plateformes mutualisées pour répondre à des enjeux réglementaires ou à soutenir l’émergence de nouveaux segments comme l’ESG. «Cela doit nous aider à faire face à la hausse des coûts, à mieux appréhender la complexité du marché et à améliorer notre compétitivité», conclut Riccardo Lamanna.