L’industrie de la mode pollue. L’industrie de la mode exploite. L’industrie de la mode nourrit des fashionistas avides de fringues à moindre coût. Jusqu’à quand? C’est ce cercle que le fondateur de l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg, Jean-Louis Zeien, cherche à briser avec l’organisation, par Rethink.lu, des Fair Fashion Days, les 20 et 21 avril à Al Seeërei, à Diekirch.
Comment? En offrant une «vitrine» éphémère à ceux qui s’engagent à changer les habitudes. Comme Anukoo, Conscious Step, Dedicated, Gary Mash, Little Green Radicals, Melawear, Meyer Hosen, Turtle Bags, Comazo Earth, Fair Pants, Alva, Brabantia, Kalani ou Sleep Organic. Seize marques de créateurs luxembourgeois proposent une alternative, pas toujours assez connue.
«Acheter un T-shirt à deux ou trois euros ne fait aucun sens, il y a toujours quelqu’un qui doit payer le prix réel!», s’emporterait presque M. Zeien. «Je propose de payer un prix équitable et de freiner la surconsommation! Je ne plaide pas pour la non-consommation, mais pour une consom-action.» Bien qu’abordable, une consommation exclusivement équitable se confronte à une offre limitée, et la grande masse des marques n’est pas encore prête à suivre. «C’est dramatique», ajoute M. Zeien. Les solutions que propose l’ONG sont: consommer moins, consommer mieux et adopter les bons réflexes, tels que donner une deuxième vie aux vêtements et éviter le gaspillage.
«Une autre mode que celle de Rana Plaza est possible. On veut donner un exemple fondamentalement positif au grand public.» Ainsi, il explique l’importance de prendre conscience des conditions souvent tragiques dans lesquelles certains vêtements sont produits et la nécessité d’un changement dans les habitudes de consommation.
(Cliquez sur les images pour découvrir les impacts)
L’industrie du coton (souvent appelé «l’or blanc») est extrêmement polluante, utilisant environ 24% des insecticides et 11% des pesticides mondiaux, bien qu’elle ne couvre que 2,5% des terres cultivées. Cette forte utilisation de produits chimiques pose des risques pour l’environnement et la santé des populations locales.
Les conditions de travail y sont précaires et souvent dangereuses pour les travailleurs. Fairtrade soutient plus de 45.000 producteurs de coton, en leur assurant un prix minimum garanti et une prime Fairtrade, qui finance des projets communautaires allant de la construction d’écoles à l’installation de systèmes d’eau potable, en passant par des salaires ajustés, pour que les producteurs puissent se permettre un niveau de vie «digne».
Chaque produit certifié Fairtrade doit respecter des normes économiques (1er slide), sociales (2e slide) et écologiques (3e slide) strictes. Les producteurs et les commerçants engagés doivent se conformer à un ensemble défini de règles. Les objectifs de Fairtrade incluent l’équité commerciale, la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie par des relations commerciales stables et respectueuses.
Évolution positive de Fairtrade
Le domaine du coton équitable connaît une évolution positive au Luxembourg, bien que lente. L’été dernier, Fairtrade notait une augmentation de 29% des commandes de vêtements de travail certifiés Fairtrade, grâce à , Jos & Jean-Marie Neuberg ou les Ateliers du Tricentenaire, qui contribuent à cette tendance positive et adoptent des pratiques plus responsables.
Le Luxembourg est placé à la sixième place mondiale en ce qui concerne la consommation Fairtrade par tête d’habitant, la Suisse occupe la première place. Les consommateurs du Luxembourg ont dépensé en moyenne Mais c’est «pratiquement impossible» de savoir quelle part est dédiée à la mode équitable, «à cause de l’online».
«En 2022, le chiffre d’affaires généré par le textile équitable tournait autour de 3 millions d’euros. Cependant, il est difficile d’obtenir des données précises, car beaucoup de ventes se font en ligne. Cela complique l’analyse de la consommation globale et la détermination précise des parts de marché des produits du commerce équitable», nuance M. Zeien.
L’État doit s’impliquer davantage
Jean-Louis Zeien met en avant le rôle de l’État dans la promotion du commerce équitable et des pratiques durables dans l’industrie de la mode. «Il y a un troisième acteur, à ne pas oublier, c’est l’État», explique M. Zeien. L’État et les communes jouent un rôle de modèle en adoptant des pratiques équitables, notamment dans l’achat de vêtements professionnels. «Pour moi, cela devrait être une évidence que des vêtements professionnels, si c’est possible, soient réalisés par l’État,» ajoute-t-il.
Jean-Louis Zeien a exprimé un optimisme mesuré concernant les engagements récents du gouvernement luxembourgeois, citant spécifiquement les termes de l’accord de coalition: «Le gouvernement s’efforcera de promouvoir un commerce équitable et des relations égales avec les pays partenaires.» Il ajoute que cet engagement n’est pas seulement un signal politique, mais aussi un plan d’action concret pour l’avenir: «Cela démontre une volonté claire d’intégrer le commerce équitable dans notre politique nationale et de coopération internationale, exploitant ainsi les capacités et compétences de notre secteur privé pour un impact significatif contre la pauvreté et pour le développement durable.»