Juillet 2020. Deux mois après la création de John Cockerill Fortress à Mondorf, la technologie anti-drone séduit un parterre de VIP à Paris. Un premier succès pour ses deux promoteurs. (Photo: John Cockerill)

Juillet 2020. Deux mois après la création de John Cockerill Fortress à Mondorf, la technologie anti-drone séduit un parterre de VIP à Paris. Un premier succès pour ses deux promoteurs. (Photo: John Cockerill)

Fortress International en a terminé avec sa faillite, selon le Barreau. Ses fondateurs, un ingénieur français, Jean-Marc Tyberg, et l’ancien officier du renseignement israélien, Jacques Neriah, ont rejoint une nouvelle société de pointe à Mondorf, propriété du patron de John Cockerill et du FC Metz.

Ne cherchez pas, son nom n’apparaît nulle part. Ou presque… Colonel du renseignement israélien, bien connu au Luxembourg où il a été attaché militaire, Jacques Neriah a surtout été le conseiller politique et diplomatique et chargé des missions spéciales du Premier ministre Yitzhak Rabin au début des années 1990. Ses analyses des enjeux au Proche et au Moyen-Orient continuent d’avoir leur audience et l’homme de s’intéresser au renseignement.

Le seul endroit où on le retrouve est sur , dont il est co-CEO et cofondateur, comme Jean-Marc Tyberg, le visage «légal» de leurs sociétés au Luxembourg. , les trois sociétés en question (Fortress International, Fortress High Tech Capital et Fortress General Partner) sont en faillite et la première des trois a été clôturée le 19 février. Au registre des bénéficiaires effectifs, M. Tyberg est le seul désigné dans cette société, tandis que les bénéficiaires des deux autres sont protégés.

Les deux fondateurs de Fortress qui se retrouvent dans John Cockerill Fortress aux côtés des dirigeants de la société de Bernard Serin. (Source: capture d’image du site fortress-int.com)

Les deux fondateurs de Fortress qui se retrouvent dans John Cockerill Fortress aux côtés des dirigeants de la société de Bernard Serin. (Source: capture d’image du site fortress-int.com)

La faillite de ces trois sociétés n’a pas mis fin au business des deux hommes dans les technologies de pointe. Au contraire, le 20 mai dernier, ils ont rejoint le conseil d’administration d’une société créée sur mesure, John Cockerill Fortress, qui appartient à 70% à CMI Luxembourg Holding, et dont ils ont pris les autres 30% via Fortress International. Assez pour que M. Tyberg en prenne la présidence, tandis que la direction est confiée à un homme de Bernard Serin, à la tête de John Cockerill via sa holding luxembourgeoise.

Contre les drones au-dessus des centrales ou des stades

La société, dit l’acte constitutif, «a pour objet toutes activités industrielles, artisanales ou commerciales, dont les prestations de vente, d’ingénierie, de production, de support, de maintenance et de services, de solutions de systèmes technologiques, notamment pour la sûreté et la sécurité des sites industriels sensibles et infrastructures critiques, sans que cette liste ne soit limitative. La société pourra également conclure des contrats de partenariat privé-public de type ‘PPP’ ou ‘P3’ avec des entités publiques.»

Deux mois plus tard, raconte le site de John Cockerill, «70 représentants des services régaliens de l’État français et d’industriels français et belges ont assisté, le mardi 7 juillet 2020, en région parisienne, à une démonstration grandeur nature des solutions technologiques de John Cockerill Fortress dédiées à la sécurité et la sûreté des infrastructures critiques et des sites sensibles. Notre solution éprouvée de C-UAS – Fortress Drone Defender – a fait forte impression par sa capacité à détecter, identifier, classifier, intercepter et neutraliser tous les types de drones malveillants s’approchant d’un site devant être protégé. De même, la solution de détection intelligente Fortress Multi-Iris les a convaincus de sa pertinence et de son efficacité.»

«Notre portefeuille de solutions et de systèmes technologiques est parfaitement adapté pour répondre aux nouveaux enjeux de la sécurité, de la sûreté et de la souveraineté», y explique Jean-Marc Tyberg. «Les acteurs publics et privés intensifient leurs efforts et nous répondons à leurs besoins pour faire face à ce défi majeur: garantir la sérénité de n’importe quel site industriel ou urbain, que ce soit en permanence ou le temps d’un événement ponctuel, contre des actes malveillants ou terroristes.»

D’où vient ce portefeuille de solutions technologiques de pointe, mystère. Mais les deux seules clairement mises en valeur sur le site de feue Fortress International ont toutes les deux été développées en Israël.

Red Sky Drone Defender System, la technologie de drones de protection vantée par les deux hommes, est celle développée par Israël Military Industries (IMI Systems), contrôlée par le gouvernement israélien jusqu’en 2018 et son rachat par Elbit Systems, autre fleuron israélien coté au Nasdaq.

Celle qui permet de surveiller un site à partir d’une caméra 3D ultra-performante vient d’une autre société israélienne, Magna BSP.

CMI Luxembourg Holding, la discrète holding de la zone d’activités économiques «Le Triangle Vert» à Ellange, a pu ajouter une nouvelle branche à ses activités sidérurgiques et industrielles: la protection de sites industriels ou sensibles.

Pas sûr que cette nouvelle structure, qui rejoint les CMI India, CMI T5i Luxembourg, CMI Luxembourg et la suisse Pegasus Engineering (en liquidation), dans le portefeuille du président du FC Metz et ses deux fils Nicolas et Emmanuel, ne déclenche les mêmes foudres d’Amnesty International que celle lancée de l’autre côté de la frontière à Commercy, en Meuse.

Alors que le groupe parade dans la région parisienne avec ses technologies, dans laquelle elle met en lumière les liens avec certains hommes politiques français et les financements publics pour monter ce centre de formation «sur un îlot de verdure et arboré» de 10 hectares, qui prépare à la conduite des engins de John Cockerill Defense (véhicules, tourelles Cockerill et simulateurs Agueris).

Un mois plus tard, à la FN Herstal, mais regrette que des technologies de John Cockerill puissent continuer à être vendues aux Saoudiens.

La porte du four ouverte, le soufflé retombe.

Le tranquille CEO de la Cockerill Maintenance & Ingénierie, devenue CMI puis John Cockerill, 6.000 salariés et 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires, peut s’intéresser à un autre de ses soucis: les finances du FC Metz qu’il dirige depuis la sortie de Carlo Molinari. Après la débâcle de Mediapro, qui pourrait coûter 15 à 20 millions d’euros au club lorrain, et l’absence de public, qui amputera les recettes de 5 autres millions d’euros, Bernard Serin va devoir une nouvelle fois mettre la main à la poche.