Jean-François Terminaux: «Recourir au cloud, à l’intelligence artificielle ou encore à la blockchain a des implications en matière de gestion des risques et des données.» (Montage: Maison Moderne)

Jean-François Terminaux: «Recourir au cloud, à l’intelligence artificielle ou encore à la blockchain a des implications en matière de gestion des risques et des données.» (Montage: Maison Moderne)

Pour des acteurs financiers opérant dans un contexte réglementaire strict, les barrières à l’usage des nouvelles technologies sont nombreuses. Finance & Technology Luxembourg, qui fédère les acteurs du numérique au service de la finance, veut faciliter l’appréhension des contraintes et responsabilités en la matière pour soutenir l’innovation. Dans cette optique, elle contribue à l’élaboration d’un nouveau standard.

Pour rester à la pointe, l’industrie financière luxembourgeoise doit trouver les moyens d’innover en intégrant efficacement les technologies prometteuses. Or, dans un environnement réglementé, ce n’est pas forcément toujours évident. Le cadre existant peut souvent être considéré comme un frein à l’innovation. Dans ce contexte, l’association Finance & Technology Luxembourg (FTL) entend faciliter l’usage des technologies avancées dans le respect de la réglementation applicable.

Luxembourg dispose en effet d’une expertise robuste en matière d’usage de la technologie dans le respect du cadre réglementaire imposé
Jean-François Terminaux

Jean-François TerminauxPrésident du CA Finance & Technology Luxembourg

«Luxembourg dispose en effet d’une expertise robuste en matière d’usage de la technologie dans le respect du cadre réglementaire imposé», explique Jean-François Terminaux, président de l’association. «Historiquement, nous représentons les PSF de support, des prestataires de services informatiques évoluant au service des acteurs financiers. Ces dernières années, FTL a toutefois évolué pour intégrer des acteurs innovants, à l’instar des sociétés de la fintech, catalyseurs de la transformation numérique des métiers de la finance. L’un des enjeux, en la matière, est de faciliter l’innovation en garantissant le respect de la réglementation qui s’impose.»

Un cadre réglementaire renforcé

Devant répondre à des exigences strictes en matière réglementaire, imposées notamment par la régulateur local, les acteurs luxembourgeois peuvent faire valoir une expertise avancée pour soutenir la transformation technologique des acteurs financiers présents au Luxembourg, mais aussi en Europe. «Ce qui s’impose aujourd’hui localement l’est aussi au niveau européen», poursuit Jean-François Terminaux. «Le cadre ne cesse de se renforcer, avec notamment les exigences de l’EBA, le nouveau règlement DORA, adopté la semaine dernière, sur la résilience opérationnelle numérique des acteurs, ou encore la directive NIS2 en matière de cybersécurité. Ce qui s’impose aujourd’hui à tous les acteurs, la CSSF l’exigeait des acteurs locaux depuis 20 ans. Pour soutenir l’innovation, il y a lieu de valoriser davantage cette expertise et expérience, de la rendre davantage visible et compréhensible à l’international.»

Faciliter le recours aux technologies

Dans cette optique, FTL s’est vu confier une mission de modernisation du statut de PSF de support dans le cadre du Haut Comité pour la Place financière. À cette fin, l’association a effectué un travail conséquent d’identification des exigences et standards applicables en matière d’utilisation des technologies dans le domaine de la finance.

«Recourir au cloud, à l’intelligence artificielle ou encore à la blockchain a des implications en matière de gestion des risques et des données», poursuit le président de l’association. «Notre défi, pour faciliter le recours à ces technologies dans le respect du cadre légal, réside dans la mise en œuvre d’un nouveau standard. Pour cela, nous sommes partis de la norme ISAE 3000 pour écrire ce nouveau standard, avec l’objectif d’y intégrer les différentes exigences et circulaires qui s’appliquent, en commençant par la Circulaire CSSF 20/750 en matière de gestion des risques IT et sécurité. Nous voulons répondre de manière structurée aux enjeux qui s’imposent aux acteurs voulant faire un usage des possibilités offertes par la technologie.»

Innover en intégrant les contraintes

 Ce nouveau standard doit permettre de dépoussiérer le cadre en vigueur, difficile à appréhender, pour faciliter le recours aux nouvelles technologies. «Une démarche de transformation et d’innovation, dans les métiers régulés de la finance, doit intégrer ces contraintes, explique Jean-François Terminaux. L’idée, quelle que soit la technologie envisagée, est d’avoir un cadre qui garantit la maîtrise des risques en veillant à déterminer la responsabilité de chaque acteur.»

Le simple fait de déployer un réseau sans fil, dès lors, pose beaucoup de questions.
Jean-François Terminaux 

Jean-François Terminaux Président du CAFinance & Technology Luxembourg

L’innovation, que l’on soit une fintech ou un acteur traditionnel de la finance, implique de recourir à des approches ouvertes, permettant de plus aisément combiner les technologies, les fonctionnalités, et nécessitant de recourir à la sous-traitance de certains processus. «Aujourd’hui, le simple fait de mettre en place un réseau Wi-Fi implique le déploiement d’antennes sur site, mais celles-ci seront le plus souvent gérées depuis le cloud et sécurisées à l’aide de solutions technologiques recourant à l’intelligence artificielle», explique Jean-François Terminaux. «Où vont les flux de données? Comment sont-ils traités? Le simple fait de déployer un réseau sans fil, dès lors, pose beaucoup de questions. Si l’innovation découle de l’agrégation de solutions technologiques pour répondre à de nouveaux usages, il faut garantir la maîtrise des éléments au cœur de la chaîne de valeur et à travers les nouveaux partenariats mis en œuvre.»

Valoriser l’expertise luxembourgeoise

 Le standard qu’a commencé à développer FTL et ses membres, et qui sera présenté à la conférence annuelle de l’association fin novembre, doit donc faciliter une meilleure intégration des technologies dans une démarche d’innovation. «La mise en œuvre d’un tel standard peut agir comme un catalyseur, définissant notamment comment mieux recourir à des solutions technologiques dans le cloud ou portées par des fintechs, qu’elles soient établies au Luxembourg ou à l’étranger», explique le président de FTL. «À travers lui, en s’appuyant sur des acteurs agréés, on facilite l’accès à des solutions avancées ou à l’outsourcing en s’assurant du respect du cadre.» 

S’appuyant sur l’expertise luxembourgeoise en matière de gestion des enjeux réglementaires, ce standard peut constituer un levier de compétitivité pour les acteurs locaux, positionnant le Grand-Duché comme un centre d’excellence autour de ces questions.