Facebook souffle ses 20 bougies. Après avoir englouti Instagram, WhatsApp et créé Threads, le géant du net, renommé Meta entre-temps, s’impose comme la référence en matière des réseaux sociaux. Avec ses quelque 39 milliards d’euros de bénéfices l’année passée, le succès de l’entreprise ne se dément pas. 

Le nombre d’utilisateurs actifs mensuellement de Facebook et d’autres services de Meta est continuellement en augmentation. Cependant, la courbe commence à stagner. Au dernier trimestre 2023, ce nombre dépassait tout de même les 3 milliards d’utilisateurs, soit un peu plus du double d’il y a 10 ans. 

Si l’on se concentre uniquement sur le Luxembourg, les dernières données du Statec de 2021 indiquaient que 82% des utilisateurs de réseaux sociaux possédaient un compte Facebook, loin devant Instagram, Twitter, Linkedin ou encore TikTok.

Selon le site Statista, 478.300 Luxembourgeois avaient un compte Facebook au premier semestre 2023. Meta ne communique pas les résultats du nombre d’utilisateurs par pays, cependant elle le détaille par partie du monde. Si les utilisateurs en Europe se stabilisent depuis quelques années, ceux d’Asie-Pacifique et du reste du monde sont à l’origine de l’augmentation du nombre d’utilisateurs.  

Si le chiffre d’affaires de Facebook est en croissance nette d’année en année, ce n’est pas le cas de ses bénéfices. Après deux années consécutives où les bénéfices représentaient un tiers du chiffre d’affaires, en 2022, ils «tombent» en dessous des 20% du chiffre d’affaires. L’année dernière, les bénéfices ont fait une remontée notable, pour atteindre un peu plus de 39 milliards d’euros. Tandis que le chiffre d’affaires est lui aussi en augmentation, talonnant les 135 milliards d’euros. À titre de comparaison, cela représente 1,6 fois le PIB du Luxembourg. 

Et si Facebook avait été luxembourgeois?

Fait régulièrement oublié, un des premiers réseaux sociaux qui a existé a été créé au Luxembourg. Aux balbutiements d’internet auprès du grand public en 1994, se connecte à intranet. À l’époque, il y a un coût direct pour chaque connexion et très peu d’utilisateurs au Luxembourg. Le chat passe par des logiciels spécifiques, souvent des réseaux universitaires. On s’y connecte au moyen d’IRC (Internet Relay Chat), des serveurs connectés au réseau. Ce n’est que quelques années plus tard qu’on utilise le web. 

Il décide de proposer un salon de conversation: Luxusbuerg.

En 1999, avec l’aide de Post Luxembourg, page d’accueil d’internet par défaut, Luxusbuerg devient un canal officiel de cette page. Les salons se multiplient et se gèrent de manière autonome, des règles sont instaurées et des modérateurs sont installés. C’est le moment de passer aux rencontres IRL (in real life) avec des soirées organisées pour les membres du réseau tous les deux mois. Des soirées qui atteignent jusqu’à 600 convives. Chose possible du fait du caractère particulier du Luxembourg, avec une proximité physique des utilisateurs. Le pic des utilisateurs est atteint entre 2001 et 2002, et Luxusbuerg devient la page internet la plus visitée au Luxembourg avec ses quelque 70.000 internautes. Aux prémices, l’aspect divertissement primait, mais rapidement l’aspect business s’est dévoilé avec la création, en parallèle, de Nvision, entreprise de vente d’espaces publicitaires.

C’est l’arrivée de MySpace, en 2005, puis de Facebook, qui chamboule tout. Les utilisateurs adoptent rapidement ces nouvelles plateformes. En 2011, le réseau ferme définitivement par manque d’affluence.

Facebook, encore actif au Luxembourg?  

Au Luxembourg, Meta était notamment présente au moyen d’une de ses filiales, Novi Financial, depuis mars 2021. Novi était un portefeuille crypto faisant partie d’une tentative de Meta de se lancer dans le domaine des cryptomonnaies pour faciliter les paiements instantanés grâce l’utilisation de stablecoin USDP.

Principalement utilisés aux États-Unis et au Guatemala, les services du portefeuille crypto de Meta ont vite été mis à mal par le régulateur américain visant leur cryptomonnaie Diem (anciennement Libra).

Depuis septembre 2023, Novi a cessé ses activités. Dès fin 2022, elle encourageait ses utilisateurs à vider leur portefeuille crypto sur la plateforme. Les derniers comptes disponibles au Luxembourg indiquent pourtant un bénéfice de 44.533 euros pour l’année 2022. Mais ses general managers, Clemente Sardi et Alejandra Elsea-Belousek, ont quitté le Luxembourg. Le premier pour rejoindre les bureaux californiens de Meta, la seconde pour un poste chez Remitly au Royaume-Uni, laissant la structure apparemment inactive.

Contactée pour des commentaires, Meta n’avait pas répondu à nos sollicitations à l’heure de la publication de cet article.

Vers le futur et le métaverse

Aujourd’hui, Facebook souffre d’une image un peu vieillissante (comprendre: les gen Y et Z n’y sont plus), bien qu’elle reste la plateforme la plus utilisée et la plus intergénérationnelle.

Pour Raoul Mulheims, «Facebook disparaîtra en tant que tel. Il sera absorbé ou déporté vers d’autres usages. Les canaux et supports médias d’aujourd’hui (ordinateur et smartphone) seront remplacés par la réalité virtuelle ou le métaverse». Dès lors, le fil d’info et les messages, ainsi que l’archivage de contenus visuels, pourraient ne plus prendre la même forme. L’écran deviendra-t-il secondaire pour laisser sa place à l’audio? Par exemple, un assistant personnel (caché dans vos smart glasses) qui s’adapte à la situation? Le déclin relatif à Facebook risque de se prolonger, mais Meta sera toujours là pour se réinventer.

Joyeux anniversaire, quand même.