Après 33 ans dans l’entreprise, Fabienne Bozet a quitté ses fonctions de CEO de Circuit Foil et est devenue administratrice indépendante de SES. (Photo: List)

Après 33 ans dans l’entreprise, Fabienne Bozet a quitté ses fonctions de CEO de Circuit Foil et est devenue administratrice indépendante de SES. (Photo: List)

Fabienne Bozet n’est plus la CEO de Circuit Foil. Devenue administratrice indépendante chez SES à la place de Béatrice de Clermont-Tonnerre le 6 avril, elle laisse le site industriel de Wiltz, unique en Europe, entre les mains de Sean Kim, un «simple» chef de division.

Sans faire la moindre vague, a actualisé son profil LinkedIn. La CEO de Circuit Foil est devenue «administratrice indépendante et ancienne CEO dans l’industrie». Ce n’est pas rien: la dirigeante belge aura passé 33 ans dans cette société, y étant entrée en septembre 1989 en qualité de contrôleur de gestion puis directrice financière, pour la quitter officiellement en décembre 2022 après avoir passé six ans et demi au poste de CEO.

Il y a une semaine, elle relayait encore une offre d’emploi de sa désormais ancienne entreprise pour un poste d’assistant à la responsable des ressources humaines, Stéphanie Duchene, sans qu’aucun poste de CEO ne soit signalé vacant. Le poste a simplement été attribué à Sang Beom, dit «Sean», Kim en mars.

Fraichement diplômée de l’Institut luxembourgeoise des administrateurs, Mme Bozet est devenue administratrice indépendante de SES, où elle a remplacé Béatrice de Clermont-Tonnerre.

Une nouvelle feuille de cuivre ultrafine pour la 5G-6G

Cela remet-il en question la stratégie de produit à haute valeur ajoutée dans laquelle Fabienne Bozet s’était résolument engagée pour cette usine jusqu’ici unique en Europe? Rien ne permet de le dire sérieusement, d’autant que les autorités luxembourgeoises ont fait les yeux doux au groupe coréen, quels que soient les changements d’actionnaires de ces dernières années, pour assurer le devenir de ce fleuron. Sollicité, le nouveau directeur du site n’a pas donné suite à nos demandes de précisions.

En 2021, le Luxembourg institute of science and technology (List) a signé sur une feuille de cuivre de nouvelle génération. Avec toujours plus de communications, celle-ci va non seulement servir à transporter de plus en plus de signaux électriques à haute fréquence – la feuille sera précieuse dans la 5G, la 6G, les voitures électriques de nouvelle génération – mais aussi à améliorer la protection contre la foudre des avions grâce à sa légèreté.

En novembre dernier, les nouveaux maîtres de Circuit Foil, Solus Advanced Materials – qui ont repris les parts de Doosan Corp, une autre société coréenne (actionnaire depuis 2014) – ont rencontré les Luxembourgeois pour la première fois à l’occasion d’une mission économique à Séoul, emmenée par le , et le ministre de l’Économie, (LSAP). Le rachat avait été initié pendant la pandémie de Covid. Ce déjeuner d’affaires a été le premier sujet à l’ordre du jour de la mission économique luxembourgeoise.

La Hongrie et le Canada en plein déploiement

Outre ces bons offices, Circuit Foil fait aussi partie d’un projet européen appelé «GreenSpeed» qui réunit onze entreprises européennes autour d’une feuille de cuivre utile dans les batteries, qui soit plus «verte» et qui utilise de l’anode 100% silicium, un matériau très à la mode chez les constructeurs parce qu’il permet d’avoir des batteries de bien meilleure qualité et à la durée de vie nettement plus longue. Cela doit permettre de réduire les émissions de dioxyde de carbone et de composés organiques volatils tout au long du processus, de la fabrication des matériaux à l’installation des batteries.

Pour les 327 employés de Wiltz, il ne s’agit toutefois pas de s’endormir sur ses lauriers. Car le groupe coréen a des ambitions européennes et internationales. Au premier trimestre, Soluce Advanced Materials indique que son usine de Hongrie est passée de 15.000 tonnes de cuivre pour les batteries automobiles en 2020, à 23.000 tonnes au deuxième trimestre de 2023 et atteindra 100.000 tonnes en 2027. Depuis juillet, il construit aussi sa nouvelle usine dans la région de Granby au Québec, au Canada, acquise en novembre 2021. La première usine d’une entreprise coréenne en Amérique du Nord aura des capacités de 63.000 tonnes à terme, là encore pour les batteries automobiles et SAM prévoit une production de 18.000 tonnes en 2027.


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Le Canada a un charme particulier qui n’a pas échappé au média coréen BusinessKorea: «Le Canada est en train de devenir une plaque tournante mondiale pour les véhicules électriques grâce à l’absence de droits de douane et à une alimentation électrique stable et respectueuse de l’environnement en vertu de l’Accord États-Unis-Mexique-Canada et de l’Accord économique et commercial global entre l’Union européenne et le Canada.»

Une pénurie de cuivre dès 2035?

Le site luxembourgeois est dans la même ligne de business mais à destination des technologies de 5G, 6G et des appareils électroniques, dit le rapport sur le premier trimestre. Sa meilleure chance ou son pire cauchemar?

C’est là que ça se complique: le cuivre utilisé de plus en plus pour les batteries des véhicules électriques ne sera plus produit en quantité suffisante pour répondre à la demande à partir de 2035, selon Standard and Poors.

Avec la demande d’électricité fournie à partir d’éoliennes en mer – – la technologie se tourne vers des alternatives au cuivre, et notamment le graphène, ce qui aura pour conséquence, rapidement, que l’usine de Wiltz pourrait travailler sur des matériaux devenus obsolètes…