Christophe Bianco, head of sales & bids, cyber digital solutions business line chez Thales, s’est engagé dans le secteur de la technologie et de la cybersécurité en 1996 au Luxembourg, au moment du démarrage effectif d’internet. Il a cofondé Excellium en 2012.
Trois types de cybercrimes
Les opportunistes actifs dans la cybercriminalité (phishing, ransomware, etc.) ne sont «pas les plus dangereux mais les plus coûteux financièrement», a déclaré M. Bianco. Deuxièmement, les activistes sont des personnes qui ont du temps à consacrer à une mission (anonyme, végétalien, antinucléaire, etc.). Ils ne créeront pas de dégâts significatifs, mais tenteront régulièrement d’interrompre les commerces ciblés. Enfin, avec les institutions européennes sur son territoire, le Luxembourg est confronté à des attaques de pirates ou de mercenaires qui sèment la pagaille pour le compte d’autres pays non amis lors de l’imposition de nouvelles sanctions, par exemple.
Pas «si», mais «quand». Et ensuite?
En plus d’aider les entreprises à mettre en place des opérations de cyberdéfense, Excellium a développé une expertise en matière de lutte contre les cyberincidents. «Beaucoup d’entreprises pensent qu’il ne leur arrivera rien.» Mais lorsqu’une crise frappe une entreprise, M. Bianco explique que «plus la crise est longue, plus il faut de temps pour revenir à une production normale». Il a vu un client, un responsable expérimenté de la cybersécurité au Luxembourg, prendre une retraite anticipée car «il a frôlé l’épuisement professionnel».
Lorsqu’il s’attaque à un problème, M. Bianco souligne l’importance de l’attention portée aux détails. Une fois, alors qu’il accompagnait un client qui gérait une crise de cybersécurité, le pirate informatique a réussi à s’inviter à la conférence téléphonique virtuelle du comité de crise.
Une chance à saisir
Comme décrit dans les Excellium et son partenaire en capital-risque, Sonae Capital, ont préparé le terrain pour une sortie bien pensée. En effet, Excellium a été tentée par une sortie bien plus tôt que prévu, étant donné les multiples attractifs offerts en 2022, sans aucun doute une vente opportune en termes d’évaluation (non divulguée par Thales).
Les vendeurs ont engagé Stifel, une banque d’investissement spécialisée dans la cyberdéfense, entre autres secteurs, pour diriger la vente, qui a attiré plusieurs soumissionnaires, dont Thales. Thales était un candidat idéal étant donné leur préférence pour un acteur industriel européen et le besoin permanent d’investissements en capital pour poursuivre la croissance de l’entreprise.
Une alliance qui n’est pas un vain mot
En outre, l’implication de l’État dans la cybersécurité était également un autre élément à prendre en considération. En effet, Excellium servait des banques et des assureurs (50%), ainsi que des «gouvernements et des opérateurs d’infrastructures critiques» (50%). Enfin, ils recherchaient un acheteur qui n’était pas «uniquement à la recherche d’une extension de leurs autres activités».
M. Bianco pense que Thales a acquis Excellium en raison de son expertise, bien plus que pour les revenus qu’elle générait. Plus important encore, l’acquisition par Thales offrait aux employés d’Excellium les meilleures perspectives d’emploi, comme celle de travailler à l’étranger.
Selon M. Bianco, la plus grande réussite d’Excellium a été de créer une entreprise comptant 200 experts en cybersécurité au Luxembourg, où l’offre de ce type d’expertise est «très limitée».
Thales étant impliqué dans l’espace, la cybersécurité et la défense, Paperjam a interrogé M. Bianco sur l’importance des considérations de défense dans la transaction. Il pense que la combinaison des capacités d’Excellium en matière de cybersécurité et des contrats de défense de Thales avec la Belgique et le Luxembourg a donné lieu à des synergies intéressantes. Il en va de même pour ses relations avec l’agence de maintenance et d’approvisionnement de l’Otan (Namsa) et l’Otan elle-même.
Aujourd’hui, nous sommes impliqués dans des projets qui étaient hors de portée d’Excellium... nous sommes dans la cour des grands.
Le groupe élargi ne servira pas uniquement les institutions financières sensibles et le gouvernement luxembourgeois, entre autres. En effet, Thales mènera des activités de recherche et de développement dans le pays.
Construire l’avenir a commencé il y a des années
M. Bianco et certains de ses collègues ont fait éclore de nouveaux talents dans une dizaine d’instituts d’apprentissage, dont le , dans la grande région de Luxembourg. M. Bianco et son cofondateur ont perçu de manière plutôt positive la perspective de voir Thales consolider ses racines au Luxembourg.
Le contrat de vente excluant toute clause d’earn-out, Bianco et son cofondateur étaient libres de toute obligation le jour de la signature du contrat de vente. Ils se sont néanmoins engagés à gérer l’intégration au cours des deux premières années et ont décidé de rester, Thales ayant exprimé sa confiance dans le duo pour tirer parti de ses capacités au sein du groupe.
«Aujourd’hui, nous sommes impliqués dans des projets qui étaient hors de portée d’Excellium... nous sommes dans la cour des grands.» M. Bianco explique qu’ils ont doublé leur chiffre d’affaires et qu’ils dirigent désormais de grands projets, alors qu’Excellium n’aurait fait partie que d’un consortium dans sa vie antérieure.
Cet article a été rédigé initialement , traduit et édité pour le site de Paperjam en français.