À quoi ressemblera l’organisation du travail au-delà de la pandémie? Quels seront les contours de cette nouvelle normalité: évolution ou révolution? Ces questions étaient au cœur du dernier épisode d’Arendt We Live. , Partner, Employment Law, Pensions & Benefits chez Arendt, nous livre son analyse.

Après plusieurs mois passés à expérimenter le travail à distance, prenant conscience des opportunités et limites de cette organisation, beaucoup aspiraient à une révolution durable des pratiques professionnelles. Alors que les mesures exceptionnelles liées à la gestion de la pandémie devraient prochainement être levées, à quoi faut-il s’attendre? «Très clairement, nous n’assisterons pas à la révolution à laquelle beaucoup aspiraient, commente Philippe Schmit. De nombreux salariés sont d’ailleurs déjà de retour au bureau, comme en témoigne par exemple l’évolution du trafic aux heures de pointe. Cependant, les nouvelles habitudes prises pendant les mois passés ont induit de nouvelles attentes des collaborateurs, en faveur d’une flexibilité accrue, que les employeurs ne peuvent pas ignorer.»

Nouvelles attentes et restrictions

À l’heure actuelle, beaucoup d’organisations s’interrogent sur la nouvelle normalité, les possibilités d’accorder davantage de flexibilité à leurs équipes, au regard notamment du cadre réglementaire et fiscal applicable au Luxembourg. «Les acteurs se posent beaucoup de questions. L’enjeu est de préserver son attractivité à l’échelle du marché du travail. Mais de nombreuses restrictions, particulièrement au Luxembourg, doivent être prises en compte. Beaucoup attendent de voir la manière avec laquelle leurs concurrents vont se positionner», poursuit l’Associé d’Arendt. 

Les principales restrictions, dans un pays où une partie importante des salariés réside dans les pays voisins, sont de nature fiscale et sociale. «Un travailleur dépend de la sécurité sociale du pays de son employeur, pour autant que le nombre de jours de travail prestés à l’étranger n’atteigne pas 25% de son temps de travail. Au-delà, il dépendra de la sécurité sociale de son pays de résidence. Alors que l’on peut se réjouir de bénéficier, au Luxembourg, d’un système de sécurité sociale particulièrement performant, il faut être particulièrement attentif à ces limites», explique Philippe Schmit.  

Solutions innovantes

Pour offrir davantage de flexibilité, répondre aux attentes des salariés et demeurer attractifs tout en se conformant aux obligations légales, les employeurs doivent donc faire preuve de créativité. «Cela peut passer par la mise en œuvre d’une politique de télétravail adaptée, ou encore par le recours à des bureaux satellites à proximité des frontières, pour se rapprocher du lieu de résidence de leurs collaborateurs», commente Philippe Schmit. Les aménagements peuvent aussi se traduire au niveau des horaires de travail, avec là aussi des limites dont il faut tenir compte. «Il y a aussi des enjeux organisationnels à ce niveau, pour que cette flexibilité ne nuise pas au travail en équipe et à la collaboration», précise l’avocat.

Par ailleurs, ces changements impliquent d’adapter le style de management à un nouveau contexte de travail, où chacun est davantage à distance. «La formation des équipes, pour leur permettre de s’adapter à cette nouvelle normalité, est importante. Il faut faire évoluer l’état d’esprit afin d’adopter de nouveaux modes de travail, poursuit Philippe Schmit. S’il donne la possibilité à ses collaborateurs de travailler à distance, l’employeur a aussi la responsabilité de s’assurer que chacun puisse effectuer sa mission en sécurité et dans les bonnes conditions à domicile.»

Agilité et anticipation seront les clés

Sans aucun doute, la nouvelle réalité donnera lieu à des évolutions notables. S’il est aujourd’hui difficile d’en définir les contours, celles-ci se révéleront dans le temps et la pratique. «Face à ces enjeux, les organisations doivent faire preuve d’agilité et essayer d’anticiper, conclut Philippe Schmit. L’organisation du travail évoluera vers davantage de flexibilité. Pour la mettre en œuvre, toutefois, il faut des politiques internes adaptées, qui tiennent compte des nombreux aspects évoqués

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