Mathilde Lemoine voit un risque accru d’instabilité financière, ces prochains mois, pour cause de divergence probable des politiques monétaires. (Photo: Edmond de Rothschild)

Mathilde Lemoine voit un risque accru d’instabilité financière, ces prochains mois, pour cause de divergence probable des politiques monétaires. (Photo: Edmond de Rothschild)

Pour Mathilde Lemoine, group chief economist au sein du groupe Edmond de Rothschild, l’actuel rebond de croissance est menacé par la reprise des cas de Covid-19 en Asie et le trop faible taux de vaccination qui ne peut en l’état assurer une immunité collective. Avec le risque d’une croissance ralentie et inégalitaire.

Dans un contexte de décalage entre la surperformance américaine, la reprise en zone euro et une croissance asiatique pénalisée par le faible taux moyen de vaccination et la persistance des restrictions aux frontières, Mathilde Lemoine, group chief economist au sein du groupe Edmond de Rothschild, voit la tendance se tasser à 5,2% en 2021 et à 4,9% en 2022. Dans le détail, la croissance aux États-Unis devrait se situer à 6,6% en 2021 et à 4,6% en 2022. En Europe, on serait autour de 4% en 2021 et de 4,9% en 2022 et, en Asie, autour de 5,1% en 2021 et de 5,8% en 2022.

Pour elle, une croissance économique plus homogène passe par un engagement politique fort, notamment au sein du G20, pour atteindre une immunité collective. En attendant, «l’ampleur de la reprise mondiale reste soumise à la résurgence épidémique, ce qui continue à peser sur les perspectives de croissance tendancielles».

Un risque accru d’instabilité financière

En quoi une croissance ralentie et inégalitaire est-elle un risque pour l’économie et les investisseurs? «Parce que les hétérogénéités de la reprise rendent disparates les politiques de sortie des soutiens monétaires décidés face à la pandémie. C’est le pire des scénarios pour les investisseurs et les gouvernements qui pourraient, en conséquence, avoir à faire face à une instabilité financière sauf si une coordination est décidée comme après la crise financière.»

Pour Mathilde Lemoine, l’actuel changement de paradigme de la Fed porté par la croissance de l’économie américaine contraint les autres banques centrales à se positionner par rapport à elle. «Les Européens sont en train de perdre l’autonomie monétaire que leur avait conférée la coordination globale des orientations de politiques monétaires», estime-t-elle. «Ce qui est dangereux dans un contexte où la situation conjoncturelle de la zone euro repose sur l’investissement public et privé, et donc sur la capacité de la Banque centrale européenne à maintenir des conditions de crédit accommodantes pour les PME.»

«Face à ces divergences, seul le renforcement de la coordination mondiale serait de nature à limiter la volatilité et la hausse de la prime de risque», conclut-elle.