Claude Turmes et ses collègues ministres de l’Énergie ont mis sur la table cinq mesures qui vont permettre à la Commission d’avancer dans les prochains jours.  (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Claude Turmes et ses collègues ministres de l’Énergie ont mis sur la table cinq mesures qui vont permettre à la Commission d’avancer dans les prochains jours.  (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Une réunion extraordinaire des ministres européens de l’Énergie se tenait ce vendredi à Bruxelles. Cinq mesures visant à atténuer le coût du gaz (et de l’énergie en général) pour les États et les ménages se sont dégagées.

Annoncée voici 10 jours par le ministre tchèque de l’Industrie et du Commerce, Jozef Síkela (dont le pays préside actuellement l’Union européenne), une réunion extraordinaire des 27 ministres européens de l’Énergie se tenait ce vendredi 9 septembre à Bruxelles, en présence donc de (déi Gréng). Une réunion d’urgence dont le but était de débattre sur les mesures à prendre sans (trop) attendre afin d’atténuer les prix élevés du gaz et de l’électricité.

«Je sors plutôt satisfait de cette réunion», expliquait Claude Turmes. «Tout le monde a admis que nous vivons une crise profonde. Et un très large consensus s’est dégagé pour agir vite et suivre le plan proposé par la Commission européenne.»

L’idée est de collecter des fonds sur les superprofits réalisés actuellement dans ce marché et de recycler ceux-ci en direction des consommateurs.
Claude Turmes

Claude Turmesministre de l’Énergie

En amont de cette réunion extraordinaire, cette dernière avait en effet  Désormais, elle a donc reçu mandat pour fournir des propositions concrètes dans cinq domaines:

1. Tout d’abord, instaurer un plafonnement des revenus des producteurs d’électricité à faibles coûts de production (c’est-à-dire issue du renouvelable et du nucléaire), ces derniers vendant leur électricité très au-dessus de ceux-ci. «L’idée est de collecter des fonds sur les superprofits réalisés actuellement dans ce marché et de recycler ceux-ci en direction des consommateurs», expliquait un Claude Turmes qui ajoutait «que cette mesure avait recueilli un large consensus, même si elle ne sera pas obligatoire. Certains États fonctionnant déjà autrement en la matière.»

Le plafonnement du gaz russe pas assez soutenu

2. La Commission a aussi reçu mandat afin de travailler sur l’introduction d’une contribution de solidarité pour les entreprises de combustibles fossiles (gaz, pétrole, charbon). «Mais il faut être conscient que cela s’annonce assez compliqué à mettre en place sur le plan juridique», tempérait le ministre déi Gréng.

3. «Dans ses propositions, la Commission avait préconisé un plafonnement du gaz russe. Mais cette mesure n’a pas été fortement soutenue», continuait le ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire. Le problème est connu. Deux ou trois pays de l’Europe de l’Est (principalement la Hongrie et la Slovaquie) restent très dépendants de ce gaz russe. Et sans solution de repli.

Par contre, le soutien a été plus important (15 pays) lorsqu’il a été question de travailler à une intervention d’urgence et temporaire, y compris un possible plafonnement, concernant le prix du gaz acheté par l’UE dans son ensemble. Et cela tout en accélérant pour «la mise en place de la plateforme d’achats conjoints de gaz naturel».

De nouvelles réductions de consommation?

4. À côté du règlement européen obligatoire (adopté en août dernier) de réduction de 15% de la demande de gaz (qui a donné lieu à ), la Commission européenne va aussi travailler à un autre plan de réduction de la consommation en matière d’électricité. «Et notamment à une manière de réduire les pics de consommation», expliquait Claude Turmes. Une situation qui pousse forcément à se demander si une réduction supplémentaire de la demande en énergie ne va être demandée à terme aux États et aux citoyens… «Il est encore trop tôt pour se prononcer à ce niveau-là», lançait le ministre. «On va déjà voir ce que va proposer concrètement la Commission.»

5. «Il faut absolument prévenir la situation où un acteur du marché du gaz tomberait en faillite. Parce que cela risquerait de provoquer un effet domino», énonçait, Claude Turmes, avant d’ajouter que certains pays de l’UE ont déjà connu cette problématique dernièrement. Dans cette optique-là, la Commission est chargée de réfléchir si, au-delà des instruments nationaux, elle ne peut pas, dans un délai très court, en mettre un en place au niveau européen.

Ils veulent se revoir avant la fin du mois

Le but de ce Conseil était d’obtenir une orientation commune sur une série de pistes. C’est donc désormais bien le cas. Dès lors, la balle est aujourd’hui dans le camp d’une Commission qui va plancher, dans les jours à venir, sur ces différentes propositions faites ce vendredi. «Nous présenterons dès la semaine prochaine des mesures sans précédent pour répondre à une situation sans précédent», a expliqué Kadri Simson, la relativement discrète – jusque-là – commissaire à l’Énergie. 

Quant aux différents ministres de l’Énergie, ils devraient se revoir rapidement afin d’analyser ce qu’il en ressortira. «Je suis prêt à reconvoquer une réunion extraordinaire avant la fin du mois», a ainsi lancé Jozef Síkela lors de la conférence de la presse d’après-conseil. Le compte à rebours est lancé.