Yves Reding, président de CCE-Lux (Cloud Community Europe-Luxembourg). (Photo: LaLa La Photo)

Yves Reding, président de CCE-Lux (Cloud Community Europe-Luxembourg). (Photo: LaLa La Photo)

La crise du Covid-19 fut et constituera incontestablement un choc violent pour l’écosystème socio-économique européen. Paradoxalement, cette crise représente également une des plus rapides accélérations dans la digitalisation de nos sociétés. En trois mois, plus de progrès ont été réalisés qu’en trois années.

La crise Covid-19: un frein majeur à la libre circulation des personnes

Cette crise fut rapide et violente. En Europe, le basculement dans le confinement a été réalisé en quelques jours. Le 11 mars 2020, l’OMS déclare la pandémie. Le 15 mars 2020, la frontière entre les deux moteurs de l’Europe, Allemagne et France, est fermée. En un peu plus de trois jours, le temple de la libre circulation des personnes, pierre angulaire de la citoyenneté de l’Union européenne, a quasiment été rayé de la carte. Il aura mis trois mois à être rétabli.

Malgré ce confinement physique strict, grâce à des infrastructures, des ressources, des moyens digitaux agiles et robustes, des pans entiers de l’économie souvent critiques ont pu assurer la continuité des opérations, de manière sécurisée, à distance.

Le digital est devenu en quelques jours une des colonnes vertébrales vitales de notre société, avec notre écosystème de santé. Si la crise du Covid-19 nous montré la nécessité impérieuse de reconstruire une souveraineté européenne de notre système de santé et de ressources critiques, elle a également remis en lumière l’urgence de construire une souveraineté européenne du numérique.

La crise Covid-19: une accélération majeure dans la construction de l’Europe digitale

Face aux géants américains (Gafam) ou asiatiques (BATX), l’Europe digitale est (encore) insignifiante. Et la crise du Covid-19 a montré que les géants de la tech sont les vainqueurs de cette crise. Pourtant, pendant cette crise du Covid-19, un projet européen majeur a vu le jour, le projet Gaia-X.

Né en 2019 d’une initiative du gouvernement fédéral allemand, de l’industrie et des milieux scientifiques en Allemagne, le projet Gaia-X est devenu, le 4 juin 2020, un véritable projet stratégique européen, soutenu par les deux grands moteurs de la construction de l’Europe, l’Allemagne et la France.

Peter Altmaier, ministre fédéral allemand de l’Économie et de l’Énergie, et Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, ont lancé officiellement Gaia-X, une plate-forme pour rétablir une gouvernance et une souveraineté européenne sur les infrastructures de données.

«L’objectif est de créer un écosystème numérique en Europe qui promeut les innovations», a indiqué Peter Altmaier, lors d’une conférence de presse. Il a invité, par ailleurs, tous les partenaires européens qui partagent les principes d’ouverture, de transparence, de confiance, de souveraineté et d’autodétermination à rejoindre le projet.

«… l’Europe pourra promouvoir une nouvelle culture de la gestion des données d’entreprises s’appuyant sur les principes d’ouverture, d’interopérabilité, de transparence et de confiance. La crise du coronavirus a révélé que nos données peuvent nous permettre de surmonter des épidémies plus rapidement et plus facilement, à condition que les Européens aient confiance dans la collecte et le stockage de leurs données. Gaia-X répond à cette demande en offrant une solution sûre.» (Bruno Le Maire).

Une opportunité unique pour construire l’Europe digitale

Par le passé, plusieurs initiatives de cloud souverains nationaux ont été lancées, avec souvent des échecs retentissants. Il est vital aujourd’hui que tous les acteurs du monde digital en Europe se rassemblent pour enfin construire ensemble notre Europe digitale. Le projet Gaia-X va bien au-delà de la pure infrastructure cloud. Il constitue une opportunité unique pour construire de nouveaux «use cases» au bénéfice de la société, dans le domaine de la santé, des études cliniques, de la lutte contre le cancer, de la mobilité, de l’innovation dans le secteur financier, des villes intelligentes, de l’industrie 4.0…

Le projet Gaia-X constitue enfin une opportunité unique et majeure pour l’Europe de construire un leadership dans le domaine de l’intelligence artificielle et du big data, au profit des citoyens européens, et dans le respect des valeurs européennes et de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

Ce projet constitue par ailleurs également une opportunité unique pour Luxembourg.

L’association Cloud Community Europe–Luxembourg (CCE-Lux) suit ce projet de très près depuis plusieurs mois, en particulier via ses partenaires en Allemagne, EuroCloud Deutschland et l’association Eco.

L’association CCE-Lux vise à sensibiliser et faire accrocher très rapidement l’écosystème luxembourgeois au wagon de tête de ce premier projet d’«Airbus de l’intelligence artificielle».