Dans le top 3 des pays que les étudiants ont choisis pour leurs d’études, on retrouve la Belgique en troisième position (3.463 étudiants), le Luxembourg en deuxième place (4.050) et, sur la première marche du podium, c’est l’Allemagne qui attire le plus (4.560).  (Photo: Shutterstock)

Dans le top 3 des pays que les étudiants ont choisis pour leurs d’études, on retrouve la Belgique en troisième position (3.463 étudiants), le Luxembourg en deuxième place (4.050) et, sur la première marche du podium, c’est l’Allemagne qui attire le plus (4.560).  (Photo: Shutterstock)

Polyglottes, les jeunes qui sortent de l’enseignement secondaire ont bien souvent l’opportunité de découvrir de nouveaux horizons en allant faire au moins une partie de leurs études à l’étranger. Dans le rapport «Chiffres clés de l’enseignement supérieur 2022/2023», le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche donne les destinations qui séduisent le plus d’étudiants. Premier constat: le Luxembourg n’est pas leur premier choix.

Au sortir du lycée avec leur diplôme de fin d’études en poche, les Luxembourgeois se retrouvent face au choix qui incombe à beaucoup de futurs étudiants: quelle université intégrer? La question peut même se poser plusieurs fois en cours de cursus si l’on souhaite changer de domaine ou se spécialiser dans une matière spécifique. Pour eux, les opportunités sont encore plus vastes, car le trilinguisme qui caractérise le pays et l’apprentissage de l’anglais dans l’enseignement secondaire leur permet de suivre des études supérieures en allemand, en français ou en anglais. Alors, dans quels pays retrouve-t-on finalement les étudiants luxembourgeois?

Dans ses «Chiffres clés de l’enseignement supérieur 2022/2023», le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche donne un panorama de la répartition des étudiants, résidents au Luxembourg, à travers le monde. Dans l’étude, le terme «étudiants» désigne cependant uniquement ceux ayant sollicité une aide financière. Mais le ministère précise qu’on «peut estimer que la presque-totalité des étudiants (résidents), susceptibles d’être éligibles pour une aide financière, en font la demande. La part d’étudiants potentiellement éligibles qui n’en font pas la demande est probablement extrêmement faible. S’y rajoutent les étudiants qui ont opté (volontairement) pour une formation non éligible pour l’aide financière de l’État pour études supérieures. Ces étudiants sont probablement très limités en nombre également.» On s’intéressera donc ici spécifiquement au cas des étudiants qui ont sollicité une aide financière et qui résident au Luxembourg.

Dans le top 3 des pays qu’ils ont choisis pour leurs d’études, la Belgique apparait en troisième position (3.463 étudiants), le Luxembourg à la deuxième place (4.050) et, sur la première marche du podium, c’est l’Allemagne qui attire le plus d’étudiants (4.560). Dans un contexte de , on peut s’inquiéter de voir le Luxembourg, et donc l’Uni, ne pas séduire plus massivement les jeunes installés dans le pays. Car si 4.050 étudiants ont choisi de rester au Luxembourg pour leurs études, ils sont 15.878 à s’être lancé dans une aventure à l’étranger.

Pour la présidente de l’Association des cercles d’étudiants luxembourgeois (ACEL), Ann Bertemes, il n’y a pas là de quoi s’inquiéter: «Il y a quand même beaucoup d’étudiants qui reviennent au Luxembourg après avoir étudié à l’étranger. Vivre seul ou en collocation à l’étranger pour y étudier est une expérience très enrichissante que beaucoup ont envie de vivre. Je ne pense pas qu’il y ait une vraie “perte” d’étudiants pour le Luxembourg.» L’Uni est aussi «encore jeune, elle vient de fêter ses vingt ans, et ne propose pas encore toutes les spécialités possibles, ce qui pousse certains étudiants à aller étudier à l’étranger. Aussi, quand on veut avoir de la qualité, c’est normal que ça prenne du temps et on le voit . L’Uni fait de son mieux pour étoffer son offre de formation.»

Les «Chiffres clés de l’enseignement supérieur 2022/2023» donnent aussi le top 4 des villes universitaires préférées par domaine d’étude. Si Luxembourg-ville occupe la première place pour la plupart d’entre eux, elle est souvent au coude-à-coude avec d’autres villes de pays voisins et se fait même dépasser par Bruxelles pour la psychologie. Elle se démarque tout de même en matière de droit, d’économie, de mathématiques et d’informatiques, mais a tout juste une tête d’avance en architecture, beaux-arts et audiovisuel, médecine ou encore en ingénierie. Pour ce dernier domaine (dans lequel 204 étudiants étudient à Luxembourg), Ann Bertemes explique que «les étudiants qui veulent devenir ingénieurs vont souvent à Aix-la-Chapelle [183 étudiants], Munich [54] ou Kaiserslautern, en Allemagne, ou encore à Zürich [66], en Suisse, qui ont des universités renommées.»

Le prix des loyers, obstacle à l’indépendance

Mais tout n’est pas une question d’offre de formations ou de renommée. La crise immobilière, et l’augmentation des loyers qu’elle a entrainée, est un vrai frein à l’envie des étudiants de choisir le Luxembourg pour leurs études. «Le coût des logements étudiants est vraiment élevé et c’est impossible de se payer un studio avec la bourse. Ça dépend évidemment d’où on choisit de vivre au Luxembourg, mais si on s’éloigne de la capitale et de Belval, les temps de trajets en transport sont longs. Les étudiants ont parfois envie de vivre l’expérience de l’indépendance en quittant le nid familial en s’installant seuls ou en collocation, et les loyers sont moins chers à l’étranger», constate la présidente de l’ACEL.

Entre les aspirations des étudiants, leurs ambitions professionnelles, leur envie d’indépendance ou simplement leurs préférences personnelles, «les facteurs qui poussent les étudiants à partir étudier à l’étranger sont multiples et propres à chacun d’entre eux», estime Ann Bertemes. Elle rappelle que «les Luxembourgeois ont beaucoup d’opportunités qui s’offrent à eux car ils peuvent étudier en allemand, en français ou en anglais. Le choix peut être difficile, mais beaucoup d’organismes et de sources d’informations sont à leur disposition.»

L’Autriche tendance, le Royaume-Uni moins accessible

Les Pays-Bas et l’Autriche sont les pays qui plaisent de plus en plus aux étudiants. Le premier en accueillait seulement 1.016 durant l’année scolaire 2018/2019, alors qu’il en a accueilli 1.537 pour l’année 2022/2023: c’est la plus forte évolution parmi les pays d’études. Pour Ann Bertemes cela s’explique par les importants investissements que les Pays-Bas ont faits dans leurs universités ces dix dernières années, mais aussi parce que «l’anglais est de plus en plus demandé dans le monde du travail et pouvoir faire ses études en anglais aux Pays-Bas est un vrai avantage qui peut aussi expliquer ce phénomène.» Un engouement qu’elle a constaté «car l’ACEL avait un seul cercle d’étudiant pour tous les Pays-Bas et depuis l’année dernière on en a un pour Amsterdam [qui est passé de 256 étudiants luxembourgeois en 2019/2020 à 342 en 2022/2023] et un pour Maastricht [passé de 267 à 381]».

Pour l’Autriche, elle ne voit pas de raison factuelle à son succès: «Pour ce pays, il n’y a pas vraiment de gros changements dans le système universitaire qui pourrait expliquer cela, je pense que c’est plutôt une tendance. Peut-être aussi parce que le cadre de vie y est agréable. Par exemple à Innsbruck [497 étudiants], on peut aller skier non loin de l’université.» Elle ajoute que «le goût des étudiants pour l’Autriche explique peut-être le fait qu’il y ait maintenant moins de Luxembourgeois en Allemagne, où l’on peut aussi faire ses études en allemand.» Car l’Allemagne et le Royaume-Uni sont les deux pays qui perdent le plus d’étudiants luxembourgeois au fil des années. «Depuis le Brexit, c’est devenu beaucoup plus cher d’aller étudier au Royaume-Uni. On parle ici de doubler, voir tripler les frais, alors que les universités sont déjà chères là-bas», indique la présidente de l’ACEL.