CSV et DP se considèrent tous deux comme les garants d’une gestion saine des finances publiques, s’accusant mutuellement d’avoir fait décrocher la dette publique. (Photo: chd.lu)

CSV et DP se considèrent tous deux comme les garants d’une gestion saine des finances publiques, s’accusant mutuellement d’avoir fait décrocher la dette publique. (Photo: chd.lu)

Lors de la deuxième journée de débat sur l’état de la Nation à la Chambre, ce jeudi, la situation de la dette publique a été au cœur des heurts entre CSV et DP. Si celle-ci a explosé ces deux dernières décennies, chacun se rejette la responsabilité du problème.

En cette deuxième , ce jeudi, sur , la dette publique était au cœur des désaccords. CSV et DP se sont écharpés sur l’état de santé des finances publiques, avec des interprétations bien différentes.

Le député (CSV) a ouvert les hostilités: celui-ci s’est dit «choqué» par le déficit des finances publiques sur un an prévu pour 2023, qui devrait s’élever à plus de 2,6 milliards d’euros. La dette publique a, pointe-t-il du doigt, «doublé en dix ans», passant de 11,3 milliards en 2014 à 21,8 milliards en 2023. «Voilà le résultat de dix ans de politique ratée», a-t-il asséné, visant les dix ans de coalition DP-LSAP-déi Gréng au pouvoir.

Différentes lectures de l’histoire

Car pour le député, c’est bien la prise de pouvoir de la coalition qui marque le début d’une gestion erratique des deniers publics: «La dette publique est un problème structurel qui date d’il y a dix ans», estime-t-il, ajoutant que le pays est désormais «dos au mur» du fait de ce «raté complet». «Les générations futures devront payer la note du déficit de l’État de ces dernières années», ajoute-t-il.

Le chef du groupe parlementaire DP, , a bien sûr une lecture tout à fait différente de la situation. Selon lui, la prise du pouvoir par la coalition en 2014 a au contraire permis de «casser la spirale de la dette» que le pays connaissait jusque-là. De fait, lors des dix années précédentes, alors que le CSV était aux responsabilités tant au ministère d’État qu’au ministère des Finances, la dette publique est passée de 2,2 milliards d’euros en 2004 à 10,9 milliards en 2013. Elle a donc été multipliée par cinq en dix ans. Difficile, dans ces conditions, de donner des leçons de rigueur budgétaire.

5,5 milliards dépensés pour gérer les crises

«Nous avons assaini les finances publiques» lors des premières années de mandature, estime Gilles Baum. Ce qui a permis par la suite de prendre en charge les coûts des crises qui se sont succédé depuis 2020. 5,5 milliards ont ainsi été dépensés pour répondre aux conséquences de la pandémie et de l’explosion des prix de l’énergie. «Sans cela, notre économie serait à terre», déclare-t-il.

Or, sans comptabiliser le coût de ces mesures de crise, la dette publique ne connaîtrait pas une telle hausse, rappelle le député libéral. Les estimations prévoient une dette de 24,6% du PIB en 2022 et de 29,5% en 2026, mais de seulement 17,6% en 2022 et 23,5% en 2026 sans ces mesures d’exception, a-t-il évalué. Une manière de tenter d’illustrer la gestion «responsable» des finances publiques par le DP.

Si Gilles Baum a estimé que «les temps de crise ne sont pas le moment pour une politique d’austérité», il a tenu à rappeler en parallèle que le parti libéral se définit toujours comme le garant de la rigueur budgétaire. Ainsi, pas question d’aller au-delà des 30% de dette publique par rapport au PIB, ce qui pourrait, selon lui, provoquer une perte du triple A et donc entraîner des conséquences «graves» pour la place financière et pour le pays.

De la marge budgétaire nécessaire

Il n’est donc pas envisageable de donner droit à la revendication du CSV consistant à baisser la charge de l’impôt. «Les citoyens paient de plus en plus d’impôt, mais l’État ne parvient pas à joindre les deux bouts», constate le député Gilles Roth. «Les gens ont besoin de moins d’impôt», a-t-il ajouté, critiquant un gouvernement qui «n’apporte pas de réponses aux problèmes des gens».

Sur le principe, le DP se positionne pourtant plutôt pour une telle évolution de la fiscalité. «Nous pouvons réfléchir à une décharge fiscale pour les temps à venir. Le DP veut plus d’équité fiscale, une fiscalité plus ciblée, une adaptation du barème fiscal», commence par expliquer Gilles Baum. Mais cela ne pourra advenir que «si nous avons de la marge budgétaire. Si nous ne l’avons pas, alors ce sera irréalisable et irresponsable», conclut-il. Au vu de l’évolution des finances publiques présentée par la ministre des Finances et une dette publique prévue à 29,5% du PIB en 2026, cela pourrait ne pas être dans un avenir proche.