Une fois par an, le chef du gouvernement se présente devant la Chambre des députés pour le grand oral du discours sur l’état de la Nation. (CSV) est donc attendu ce mardi 13 mai, à 14h, par les parlementaires, mais aussi les figures du monde économique et tous les citoyens du pays.
Audace, clarté et réponses concrètes
Pour le président de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) et vice-président de la Fédération des artisans (FDA) depuis 2021, , ce sont «des réponses concrètes» qui sont attendues, «sur des sujets d’actualité qui font partie du programme gouvernemental et qui ont maintenant été largement discutés et pour lesquels toutes les solutions sont sur la table. Il faut des réponses fortes, des réformes concrètes sur les pensions, la modernisation du droit du travail et l’absentéisme. Sur ces trois dossiers, il faut oser. On a assez discuté, il faut aujourd’hui agir, même si cela ne sera pas politiquement facile. Les solutions existent, elles ne vont pas forcément plaire à tout le monde. Le gouvernement a été élu sur un programme. C’est ce programme qu’il faut maintenant mettre en musique.» Pour Michel Reckinger, suite aux annonces de 2024, «par rapport à la table ronde du logement, du concret en est sorti. Nous sortons de l’impasse et j’espère que cela va aboutir.»
Le directeur général de la Chambre de commerce, , dit attendre trois choses du discours du Premier ministre: «Qu’il annonce un cap clair, qu’il renforce la confiance et qu’il appelle à l’action. Le cap clair, ce doit être celui d’un pays pro-business, où la création de richesse reste au centre. Il faut continuer à favoriser l’entrepreneuriat et l’innovation pour contribuer à l’augmentation de la productivité et de la croissance. Le pays doit rester pro-business à cause de ce contexte géopolitique fragile. Pour ce qui est de la confiance, il faut rassurer sur la stabilité et la prévisibilité. Pour ce qui est de l’appel à l’action, face à ses priorités, le gouvernement doit donner des réponses pertinentes aux questions pourquoi, comment, jusqu’où et par quels moyens. Si on a ces trois points, je crois que ce sera un bon discours qui pourra inspirer la population, les entrepreneurs et leur donner confiance. Pour moi, les priorités actuelles sont la défense et l’intelligence artificielle, qui est pour moi la niche de souveraineté du futur. Et n’oublions pas l’amélioration de la compétitivité et de l’attractivité du pays.»
Le président de la CGFP et de la CHFEP, , avoue de son côté «ne pas attendre trop de choses. On espérait avoir déjà des informations supplémentaires concernant la réforme fiscale ou celle des pensions depuis plusieurs semaines, mais rien de précis n’a toutefois émergé. Le Premier ministre va-t-il profiter de son discours sur l’état de la Nation pour enfin être plus clair? Nous verrons bien… Le logement reste un problème majeur dans le pays et malgré le plan présenté l’année dernière, il n’y a pas eu de changements spectaculaires, pour les jeunes notamment. Et la dialogue social doit redevenir une priorité pour ce gouvernement également.»
La lutte contre la pauvreté, préoccupation de la majorité parlementaire
Le député du parti de la coalition (CSV) attend que «le Premier ministre, au nom de ce gouvernement, mette encore une fois clairement le doigt sur quatre priorités que j’estime fondamentales: le développement économique, qui passe par la compétitivité et la simplification administrative, la défense, la sécurité intérieure et la lutte contre la pauvreté. Pour la lutte contre la pauvreté, je n’ai pas le sentiment qu’un programme très concret ou une stratégie très concrète ait déjà été amorcé. Par rapport à l’an dernier, un bon nombre de mesures annoncées ont été implémentées, notamment en matière de sécurité, où le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden (CSV, nldr), a déposé de nombreux projets de loi au Parlement. Il faut tenir le rythme», insiste le député.
«Bien que ‘traditionnel’ et ‘annuel’, le discours sur l’état de la Nation revêt d’une importance qu’il ne faut surtout pas sous-estimer», estime la députée et présidente du DP, . «Alors que le titre que porte ce discours suggère que l’objectif principal est de discuter l’état actuel du pays, ce que le discours doit surtout offrir est une vision future et claire de comment le pays se développera à court, moyen et long terme. Suite aux annonces qui ont été faites concernant le ‘Sozialdësch’, le discours constitue à nos yeux une opportunité de redémarrer les discussions autour du dialogue social. Il en est de même du sujet des pensions, sur lesquelles les discussions devraient très bientôt s’achever en des propositions concrètes de la part du ministère compétent. Par ailleurs, les thèmes autour du marché de logement et l’essor des prix de l’énergie en raison des crises récentes demeurent des sujets d’actualité. Le combat de la pauvreté et le maintien d’une vie digne pour tous resteront dès lors des objectifs à poursuivre.»
Les oppositions sceptiques
Qu’attend le député-maire de Dudelange, (LSAP), du discours de Luc Frieden ce mardi? «Pour être honnête, pas grand-chose. Le discours n’évolue pas, l’idéologie non plus: on répète que la croissance est indispensable pour financer le social et les transitions. On sert un discours militariste, qui fait aussi office d’excuse pour éviter toute projection réelle dans l’avenir. C’est toujours le même ton alarmiste, sans élan positif, mais qui maintient les gens sous tension et alimente une atmosphère anxiogène. Que peut-on attendre d’un gouvernement qui navigue sans finalité, sans vision et sans ambition, qui se contente de gérer l’instant?», interroge-t-il.
«La défense et la sécurité sont certes des sujets importants, qui nécessitent une réponse sérieuse. Mais cela ne doit pas occulter les urgences concrètes de la vie quotidienne auxquelles sont confrontés les gens. La première d’entre elles, c’est le logement. Jusqu’à présent, aucune mesure significative n’a été prise, à part celles qui protègent les intérêts des investisseurs et promoteurs via des cadeaux fiscaux. À cela s’ajoutent d’autres chantiers urgents: rétablir un dialogue social digne de ce nom, respecter les salariés et les retraités à faibles revenus, enfin clarifier les intentions du gouvernement en matière de pensions, construire de véritables stratégies pour les transitions énergétique et numérique… et la liste est encore longue: éducation, santé, cohésion sociale…», poursuit Dan Biancalana.
Pour la députée (déi Gréng), «il y a tout de même un certain flou sur certains dossiers comme les pensions ou même le logement. Des projets de loi avaient été déposés par le précédent ministre (Henri Kox, déi Gréng, ndlr), le Conseil d’État a rendu ses avis depuis des mois, mais il ne s’est encore rien passé pour la taxation des logements vides par exemple. Je m’attends à des annonces concernant la défense par exemple, mais je ne m’attends pas à grand-chose sur le climat par contre, sujet qui est négligé par ce gouvernement. Le plan pauvreté fait toujours défaut et se fait toujours attendre également», insiste la membre de l’ancien gouvernement.
(ADR) «attend que le gouvernement dise clairement quel est le but à long terme et comment il imagine l’avenir du Luxembourg. J’attends une vision ambitieuse mais réaliste pour la nation et une stratégie pour garantir la stabilité économique et la compétitivité, garder notre souveraineté, respecter les valeurs qui ont fait l’identité du Luxembourg, en évitant de faire du Luxembourg un État d’un million d’habitants.» Les dossiers prioritaires pour le député ADR sont l’insécurité, la mobilité et le logement.
Pensions, défense, compétitivité, logement, dialogue social… Autant de sujets attendus, mais seul le discours prononcé par Luc Frieden ce mardi 13 mai répondra aux interrogations des uns et des autres.