Mercredi, l’ADR a été le premier parti à dire tout le mal de l’empressement que le gouvernement mettait à faire voter les amendements à la loi Covid. Fernand Kartheiser, son chef de fraction, confirme qu’ils voteront logiquement contre. Surtout, il s’inquiète de ce qu’il décrit comme des dérives et les légèretés prises à l’égard de l’état de droit.
Mercredi, à la Chambre, vous avez fortement critiqué la manière de faire du gouvernement en ce qui concerne les amendements à la loi Covid. Son empressement vous agace?
. – «C’est surtout que cela est dangereux, car c’est un court-circuitage des institutions par le gouvernement. Celui-ci, c’est du jamais-vu, voulait tout régler en un jour: discussion, rapport de la commission de la santé, vote en plénière, dispense d’un second vote par le Conseil d’État, signature du et publication avant minuit! Normalement, le Parlement doit avoir les conclusions sur un texte deux jours avant d’en débattre. S’il y a une règle, c’est qu’il y a une raison. Pourquoi ne la suit-on pas? On n’est pas en URSS tout de même.
Le pays est actuellement gouverné par des intérêts partisans plutôt que par les institutions, et c’est très grave.
Un court-circuitage des institutions, c’est ce que vous craignez vraiment?
«C’est évident. Dans un état de droit, il y a des institutions qui se complètent et se contrôlent. Ici, on veut faire du Parlement et du Conseil d’État de simples comparses qui ratifient les décisions. Mercredi, la volonté était que la Chambre se prononce sans même avoir les conclusions de la commission de la santé. L’ADR a protesté de suite, et les autres partis ont suivi. Le pays est actuellement gouverné par des intérêts partisans plutôt que par les institutions, et c’est très grave.
Mais ce sont tout de même des circonstances particulières?
«Encore une fois: pourquoi alors mettre des règles? Il faut faire attention, car on crée un précédent. Qui peut dire que, dans le futur, on ne prétextera pas un certain contexte pour prendre d’autres mesures? On a ouvert ici une boîte de Pandore. Avec un argument comme celui de ‘certaines circonstances’, cela veut dire que l’État peut tout faire à tout moment. Et cela ne va pas, l’ADR s’y oppose.
Le contenu de la loi vous interpelle aussi…
«Cela touche aux libertés fondamentales, et la plus grave des mesures est sans doute celle du couvre-feu, à laquelle nous nous opposons. Il faut tout de même rappeler que la Constitution protège la liberté du citoyen et que l’État doit justifier les entraves à cette liberté. C’est tout l’inverse ici, avec une attitude paternaliste non justifiée. C’est l’inverse de tout ce qui fait la substance d’un État libre et démocratique.
La Constitution protège la liberté du citoyen. Il faut rappeler aux gens qu’ils ont des droits!
Le couvre-feu ne se justifie pas?
«Le gouvernement n’apporte aucune preuve scientifique de son utilité. On l’impose parce que quelques personnes ont organisé une fête sauvage dans l’Œsling. Il y a tout de même moyen d’agir autrement.
Les autres mesures ne trouvent guère non plus grâce à vos yeux…
«C’est logique: le gouvernement est compétent pour agir dans l’espace public, pas dans la sphère privée. Mais ici, on limite à quatre personnes la possibilité d’inviter des gens sous son toit. Pourquoi pas cinq, ou six? Qui va contrôler? Comment? Il faut rappeler aux gens qu’ils ont des droits.
Pour l’ADR, il ne faut donc rien faire dans le cadre de cette pandémie?
«Pas du tout! Nous demandons à tous d’avoir un comportement responsable, de faire attention les uns aux autres, de respecter les gestes barrières… Le gouvernement peut appeler à cela, en étant alors dans son rôle d’informer, de protéger et d’aider. Mais pas de prendre des restrictions non justifiées qui attaquent les libertés individuelles. Si je vais me promener à 2h du matin, je ne mets en danger personne, et je ne suis moi-même pas en danger, cela semble évident.»