René Winkin réagit au plan de stabilisation de l’économie, dévoilé mercredi 25 mars par Franz Fayot et Pierre Gramegna. (Photo: Matic Zorman/archives)

René Winkin réagit au plan de stabilisation de l’économie, dévoilé mercredi 25 mars par Franz Fayot et Pierre Gramegna. (Photo: Matic Zorman/archives)

René Winkin, directeur de la Fedil, se réjouit des mesures d’aide aux entreprises annoncées mercredi 25 mars par le gouvernement. Maintenant, il s’agit selon lui de rester flexible. Pour la suite, ses inquiétudes se portent sur les difficultés d’investissement des industriels.

Le gouvernement a annoncé son mercredi 25 mars. Subventions sous forme d’avance jusqu’à 500.000 euros, assouplissement des conditions de remboursement des prêts et crédits SNCI (Société nationale de crédit et d’investissement)… Des mesures qui pourraient éviter la faillite d’entreprises industrielles, à l’heure où des acteurs comme ou suspendent leur production. L’avis de , directeur de la Fedil.

De manière générale, le plan répond-il à toutes vos attentes?

René Winkin. - «C’est une étape très importante qui était attendue des entreprises et a été fournie. Nous sommes dans un processus. Le premier paquet a été présenté hier, ce sont les réactions dans les premières semaines, nécessaires pour stabiliser l’économie. Les ministres l’ont dit, il faut maintenant garder la situation à l’œil. Restons agiles. Si nous nous rendons compte qu’ici ou là il y a lieu d’ajouter, regardons avec le gouvernement ce qui pourra être fait.

Le programme de stabilisation de l’économie s’articule autour de quatre objectifs. Les premiers: répondre aux besoins immédiats de liquidités et faire face aux difficultés de trésorerie. Comment ces mesures s’appliqueront-elles dans l’industrie?

«Les possibilités de report du paiement des impôts, de la TVA (dépassement de la date limite de dépôt des déclarations, ndlr), de la sécurité sociale (flexibilité accrue pour le paiement des cotisations, ndlr)… Ce n’est pas spécifique à l’industrie, mais cela va aider les entreprises de l’industrie qui, pendant plusieurs semaines, ne vont pas avoir de chiffre d’affaires. Celles qui sont fermées et éprouvent des problèmes de liquidités pourront recourir à ces instruments.

L’objectif de toutes ces mesures est de sauver les entreprises pendant cette période difficile. Suite à cela, on pourra espérer que l’argent rentre de nouveau pour l’État, ce ne sera donc pas perdu.

Le troisième volet vise à faciliter les emprunts des entreprises via un soutien étatique. Qu’en pensez-vous?

«C’est un paquet important qui va permettre de sécuriser des prêts. Cela aura un effet de levier (utilisation de l’endettement pour augmenter sa capacité d’investissement, ndlr) qui permettra à court terme de répondre à la problématique de liquidités. L’État se porte garant à hauteur de 85% (dans le cadre du régime de garantie étatique pour de nouveaux crédits bancaires sur une durée maximale de six ans pour les PME et grandes entreprises, ndlr). C’est aussi un pas important pour les banques qui prennent 15% du risque.

Au-delà des problèmes de liquidités, les garanties pourraient être utilisées pour soutenir l’un ou l’autre investissement à la sortie de la crise.

Enfin, des mesures sont mises en place pour le maintien de l’emploi. Un sujet important pour l’industrie...

«Oui, très important. En période normale, nous parlons de pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Si vous perdez vos équipes qui ont de l’expérience, des capacités d’innovation, il sera très difficile de les reconstituer après la crise. La possibilité de garder les gens grâce au chômage partiel est très importante.

L’État se donne les moyens d’agir rapidement avec des formulaires en ligne et un traitement très rapide des dossiers.

Et pour la reprise, qu’attendez-vous?

«Avec toutes les possibilités de report de paiement, les entreprises sortiront avec pas mal d’engagements à honorer. Il y a un risque que cette somme les empêche d’investir pendant une période trop longue. Le challenge sera, s’il y a un plan de relance, d’avoir des investissements dans l’un ou l’autre secteur.

Comment les entreprises industrielles sont-elles touchées jusqu’ici?

«Il y a des secteurs qui tournent en demi-régime, d’autres , des entreprises Les situations sont très diversifiées. Les industries automobiles ne redémarreront pas tant que le secteur ne redémarrera pas, pareil du côté des matériaux de construction tant que les travaux sont à l’arrêt.

Le problème de l’absentéisme est vraiment important. Il y a des taux qui sont 10 à 15 fois plus élevés qu’en temps normal. C’est un sujet qui préoccupe les secteurs qui tournent. Elles mettent tout en place pour assurer la santé des collaborateurs.

Quelle est la situation du secteur pétrolier?

«Puisque tout est ralenti, la consommation est ralentie. Vous ne le voyez pas mieux que dans la baisse des prix pétroliers mondiaux. La demande a fortement baissé parce que beaucoup d’industries ne tournent pas, la logistique tourne beaucoup moins, l’aviation est atterrée.

Au Luxembourg, les stations-service ressentent aussi le fait que la logistique est ralentie. Et le fait qu’à part les frontaliers qui viennent travailler, leurs autres clients frontaliers ne viennent plus.

Le prix des «droits à polluer» européens dégringole selon Bloomberg. Quel est l’impact au Luxembourg?

«Quelques industries de base qui émettent habituellement pas mal de CO2 n’en ont plus besoin et donc ne les achètent plus.

Je pense qu’elles préféreraient acheter des droits d’émission et produire plutôt que d’être dans la situation actuelle. Aujourd’hui, vous n’avez pas de factures d’électricité et de droits de polluer, mais d’un autre côté vous ne produisez pas, ce n’est pas une aubaine.»