Dans l’indifférence d’une actualité accaparée par l’envie de Vladimir Poutine d’engloutir l’Ukraine comme d’autres enchaînent ces burgers pauvres en fibres, assez peu de médias auront évoqué un tournant dans 50 ans de recherche: la cartographie complète des 12.590 cellules de l’épithélium de l’intestin, par .
À partir de bouts d’intestin de 4,5 à 9 mètres de trois donneurs décédés, les chercheurs ont isolé l’ARN de chaque cellule jusqu’à savoir combien de gènes et dans quelle quantité se trouvent dans chaque cellule. Soit 11.000 échantillons individuels par cellule et plusieurs milliers de cellules, composées à partir de 20.000 gènes actifs ou pas. Soit 144 millions de points de données pour les 12.590 cellules étudiées.
Ces calculs ont été rendus possibles par la technologie de séquençage d’ARN acquise il y a plusieurs années pour la création de l’Advanced Analytics Core Facility par le biais du Centre UNC pour les maladies gastro-intestinales et la biologie. Les chercheurs ont utilisé des algorithmes qui leur permettent de filtrer les données pour retenir celles qui sont pertinentes.
Rééquilibrer l’alimentation individuellement
À ceux qui se demandent à quoi peuvent servir la médecine prédictive et la technologie qui doit y être associée, cette publication est le meilleur exemple.
Pourquoi? Parce que surnommé le «second cerveau», l’estomac serait à l’origine de nombreuses pathologies, qui vont de la dépression à certains cancers. Être capable d’établir un atlas, à partir de 144 millions de possibilités, de chaque épithélium de l’intestin – la partie entre l’intestin et le reste du corps dans environ 900 plis – permettrait probablement de redresser la situation avant qu’il ne soit trop tard, notamment à partir d’un rééquilibrage individuel de l’alimentation, en fonction de l’ADN de chaque personne.
C’est en tout cas le pari au Luxembourg pris par Nium, une spin-off du Luxembourg Centre for Systems Biomedicine, qui dépend de l’Université du Luxembourg. En décembre, la start-up et le LIH ont lancé «Luxfico», une étude menée auprès de résidents luxembourgeois, nourris alternativement d’un régime riche en fibres et pauvre en fibres. .
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Nium rebondit aux États-Unis
Lundi, la chercheuse du LIH Helena De Franco, qui vient de terminer un Master en sciences de la nutrition à l’Université de Bordeaux et son projet de Master sous la direction du Pr Mahesh Desai, a reçu la bourse FNR Industrial Fellowship, 200.000 euros, pour financer son doctorat sur l’effet individualisé des fibres sur le microbiote intestinal. Son étude pourra servir de base à l’élaboration de recommandation personnalisée basée sur le métabolisme de chaque individu, que Nium a en vue.
La start-up a d’ailleurs annoncé un autre développement, dans l’Arizona, où elle s’est associée à l’Arizona State University College of Health Solutions, AZ WearTech Center et Aventyn pour une étude-pilote de soutien nutritionnel pour les patients atteints de cancer ambulatoire. «Nous utiliserons notre solution Nutrida pour fournir un soutien nutritionnel sur mesure aux patients et à leurs équipes de soins.»
Cet article est issu de la newsletter hebdomadaire Paperjam Trendin’, le rendez-vous pour suivre l’actualité de l’innovation et des nouvelles technologies. Vous pouvez vous y abonner