Le secteur de la construction est frappé de plein fouet par une pénurie de certains matériaux et une hausse importante des prix. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le secteur de la construction est frappé de plein fouet par une pénurie de certains matériaux et une hausse importante des prix. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le Groupement des entrepreneurs estime que le pire est passé dans la crise des matériaux qui touche le secteur de la construction. Sur le terrain, les grossistes constatent cependant des prix toujours en hausse et parfois certaines difficultés persistantes d’approvisionnement.

Touché depuis plusieurs mois  et des prix en constante inflation, le secteur de la construction peut-il espérer une inversion de tendance? «Pour l’instant, sauf revirement de situation, nous pouvons affirmer que le pic de la crise est atteint», estime , secrétaire général du Groupement des entrepreneurs, qui représente les sociétés du secteur. «Les prix de certaines matières premières comme le plastique commencent tout doucement à baisser, même s’ils restent très hauts.» D’autres, comme ceux du bois ou du fer, «se stabilisent», dit-il. Une tendance globale pour laquelle il n’a pas de statistiques luxembourgeoises. Et ce, depuis «trois à quatre semaines».

Difficile cependant d’imaginer un retour aux prix connus avant crise rapidement: «Ils sont extrêmement hauts, cela prendra un certain temps avant qu’ils ne baissent.» , présidente de la Fedil, fédération des entreprises industrielles au Luxembourg, avoue ne pas imaginer de retour à la normale «avant le printemps 2023».

Bois et métaux: 30 à 40% de plus depuis le début de l’année

Une accalmie ressentie par les constructeurs que nuancent hélas les fournisseurs de matériaux. «La situation est un peu meilleure, nous arrivons de nouveau à nous approvisionner. Alors qu’en juin et juillet, pour le bois, le métal, le PVC, les matériaux d’isolation, c’était très difficile d’en avoir», se réjouit modestement Bob Wilwert, responsable de Wilwert Matériaux. Mais les prix «augmentent encore. J’ai reçu ce matin un mail d’un producteur de rigoles qui prévoit une hausse de 2 à 3% au 1er octobre.» Il estime que les tarifs des métaux et du bois ont augmenté de 30 à 40% depuis le début de l’année, et ceux des matériaux d’isolation de 20%. «Je ne pense pas que cela va empirer. Je n’espère pas», relativise-t-il.

«C’est chaque semaine plus haut», ajoute Andreas Freihoff, responsable des matériaux chez Maroldt, entreprise spécialisée dans le carrelage. «Pour l’approvisionnement en plâtre, en silicone, c’est une catastrophe.» Chez Batipro, «cela va mieux au niveau de l’approvisionnement», indique le service Gros œuvre. Pour Hoffmann-Neu Matériaux, «les prix montent, mais lentement».

Lino Marques, responsable pour sa part du département Techniques du bâtiment chez Neuberg, se montre bien moins optimiste: «Cela se dégrade. Ce n’est pas fini. Même au début de l’année prochaine, je ne pense pas que nous aurons une vision plus positive.» Il cite l’exemple du port chinois de Ningbo-Zhoushan, fermé le 11 août à cause de cas positifs au Covid-19, qui reprend tout doucement ses activités, ou de la Malaisie, en confinement total. Résultat: des délais de livraison parfois «cinq fois plus importants». Pour l’acier, «nous avons appliqué une augmentation des prix de 11% en juillet», illustre le grossiste. «En octobre, ils augmenteront de nouveau de 11,5%.»

Période de répit ou non, cette crise des matériaux semble donc bien loin d’être terminée. Les entreprises s’organisent comme elles peuvent pour s’approvisionner, les prix augmentent toujours.