Stefano Moreno, dans ses bureaux rue de Hollerich à Luxembourg, le 6 novembre 2023. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Stefano Moreno, dans ses bureaux rue de Hollerich à Luxembourg, le 6 novembre 2023. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

L’architecte Stefano Moreno, fondateur du bureau Moreno Architecture & Associés, nous parle de son activité architecturale en lien avec les espaces de bureaux et de l’évolution de ceux-ci ces dernières années.

La conception des espaces de travail a évolué ces dernières années. À quoi ressemblent nos bureaux aujourd’hui?

 «Paradoxalement, le poste de travail en lui-même n’a pas beaucoup changé. Dans la posture, il n’y a pas de grande révolution mis à part que la table est désormais réglable en hauteur et légèrement plus petite, 140cm de long au lieu de 160. De nouvelles typologies d’espaces ont toutefois émergé, comme les espaces de concentration, les zones de rencontre, les cellules pour téléphoner ou se rencontrer à deux ou trois. Ces micro-espaces complètent la posture de travail traditionnelle, mais cela depuis déjà environ une dizaine d’années. Les grandes conquêtes se passent plutôt du côté de l’analyse du comportement d’une personne au travail. C’est là que se trouvent les innovations.

Quelles sont-elles alors?

«Il existe des consultants spécialisés qui réalisent des screenings de sociétés et en dégagent des comportements, des interactions entre les membres d’une société. Cela relève aussi un peu de la psychologie et de la sociologie. Ces analyses, propres à chaque entreprise, mettent en exergue les différents besoins d’espaces pour répondre aux différents types de comportements et d’interactions en équipe: travail solitaire, travail en groupe, travail concentré, travail en situation de crise…

À partir de ces analyses, nous, architectes, recevons des lignes directrices, un guide sur les besoins en espaces et de ce point de départ, nous développons des outils spatiaux pour répondre à ces besoins variés. Aujourd’hui, il faut aussi prendre en compte que le travail ne se fait plus seulement aux headquarters, mais dans une constellation de lieux qui sont la maison, les bureaux satellites, les transports en commun… Nous devons alors nous poser la question suivante: comment ces personnes vont-elles se regrouper pour partager leur travail, en période normale, ou en situation exceptionnelle?


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Le Covid a quand même beaucoup changé notre rapport aux espaces, surtout avec la généralisation du télétravail.

«Oui, et cela se voit plus nettement sur les headquarters qui deviennent par excellence le lieu de l’échange, du rassemblement, qui doit être stimulant et participe à la réussite d’un projet. Le travail de concentration se fera plus volontiers à la maison. Les HQ doivent donc être un espace différent de ce que l’on a à la maison ou en coworking. C’est là où les employés retrouvent leur groupe et son identité, ce qui permet de développer un sentiment d’appartenance. Et ce sentiment d’appartenance se conforte surtout à travers la qualité sociale du groupe.

Des éléments comme la convivialité prennent alors une dimension plus importante. Aussi, en plus de l’espace de bureau traditionnel, tous les espaces d’un siège social doivent devenir work-friendly. C’est-à-dire que peu importe où l’on se trouve dans le bâtiment, on doit pouvoir y travailler. La cafétéria devient un work café où l’on se retrouve en groupe dans un cadre plus stimulant qu’une simple salle de réunion… On réduit au maximum les espaces inutilisés ou monofonctionnels. Mais cela demande, au niveau de l’aménagement, d’avoir des espaces pensés pour être plus flexibles.

Les espaces de travail sont créés autour de l’activité, ce sont des réponses spatiales à des comportements.
Stefano Moreno

Stefano Morenofondateur, architecte et urbanisteMoreno Architecture & Associés

Comment y parvenir?

«On peut envisager certains espaces avec du mobilier mobile. Il faut avoir partout une connectique efficiente, des dimensions de tables qui permettent de manger, mais aussi de travailler… Ce n’est souvent pas grand-chose, mais ce phénomène et ces analyses amènent un activity-based working, c’est-à-dire que les espaces de travail sont créés autour de l’activité, ce sont des réponses spatiales à des comportements.

Vous avez évoqué la question de l’identification qui passe à tra­vers le lien social. Mais cela passe aussi par l’architecture, non?

«Oui, et on a remarqué que pour avoir une identification, il faut pouvoir s’approprier des territoires pour une durée minimale. Le flex desk total, par exemple, ne fonctionne pas du tout. On a aussi remarqué que les groupes jusqu’à 10-12 personnes sont des groupes qui arrivent à créer une identité qui vient du groupe lui-même. Au-delà, on perd cet esprit collectif et ce sentiment d’appartenance. La notion de taille est donc très importante. On attribue à ce groupe un espace de travail qui regroupe les postes de travail, mais aussi des espaces neutres ou partagés qui sont des zones de concentration, des bureaux individuels, des salles de réunion.

Comment interprétez-vous la notion de confort au bureau?

«Cette question est complexe, car il y a autant de confort que de personnes. Il faut prendre en considération, entre autres, la lumière, la qualité de l’air ainsi que l’acoustique dans le bureau. Si l’on reprend cet ensemble de 12 personnes, on remarque que ce groupe s’autorégule sur la question des nuisances sonores. Au-delà, cela devient un problème subit, et donc qui revient dans la main de l’entreprise et ne reste plus à l’échelle du groupe.

Les groupes jusqu’à 10-12 personnes sont des groupes qui arrivent à créer une identité qui vient du groupe lui-même.
Stefano Moreno

Stefano Morenofondateur, architecte et urbanisteMoreno Architecture & Associés

Comment faire pour optimiser ce confort acoustique?

«En plus des possibilités liées aux matériaux comme le bois perforé ou les mousses absorbantes, on réfléchit au chemin de la marche en avant pour arriver jusqu’à son poste de travail. Une fois la circulation verticale réalisée, on entre sur un plateau de bureaux par un espace interactif qui est une zone d’échange créatif, dans lequel on peut parler. Très rapidement, on accède à des salles de réunion qui permettent aussi de recevoir des personnes extérieures au service sans déranger l’ensemble de l’équipe. Après ces deux espaces tampons, on accède à ces ensembles d’une douzaine de personnes, à l’intérieur desquels on trouve aussi des zones de concentration. On va donc du plus bruyant au plus calme et pour chacun de ces espaces, des règles parfois spontanées se mettent en place.

Par exemple, sur la zone interactive, on part du principe que chacun peut interpeller l’autre, peu importe son grade hiérarchique. Mais dans la zone de concentration, c’est une zone de silence total. Toutefois, en cas de besoin, la salle silence peut devenir une salle projet. Tout ceci se passe à l’intérieur même d’un territoire. Si le groupe utilise bien ces espaces qui lui sont attribués, il n’a pas nécessairement besoin d’aller chercher un espace ailleurs et de mobiliser d’autres surfaces. Cette approche permet, sur une surface relativement restreinte, de répondre à un grand nombre de besoins et de comportements, de trouver une certaine forme de flexibilité sans avoir recours à beaucoup d’espaces partagés à plus grande échelle. Mais il reste toujours possible de sortir de ce territoire, pour des raisons de dynamisme d’équipe notamment. Toutes ces constellations sont gérées avec des systèmes intelligents, des booking tools.

Les espaces verts ne sont plus nécessairement des espaces résiduels, mais vraiment des espaces conçus comme des aménagements paysagers et qui peuvent devenir des zones de travail.
Stefano Moreno

Stefano Morenofondateur, architecte et urbaniste Moreno Architecture & Associés

Quelle place donnez-vous aux espaces extérieurs?

«Certaines entreprises donnent en effet beaucoup d’importance aux aménagements extérieurs quand elles en ont la possibilité. Le projet que nous avons conçu avec A2M pour Atenor, et qui sera occupé par PwC Luxembourg, est dans cette perspective de projet paysager avec beaucoup d’espaces extérieurs couverts. On s’est rendu compte que quand les gens passent trop de temps à l’intérieur, même si la qualité de l’air est bonne, ils ont envie de sortir. Cela permet de se reconnecter à d’autres sensations. Il y a aussi un rapport à la nature qui est important.

Ce besoin-là a été amplifié par la crise Covid. Les espaces verts ne sont plus nécessairement des espaces résiduels, mais vraiment des espaces conçus comme des aménagements paysagers et qui peuvent devenir des zones de travail. Ce rapport à l’extérieur est important aussi pour la santé, physique et mentale. On sait qu’être en contact avec la lumière naturelle avant 11h du matin est bénéfique pour l’organisme. L’extérieur n’est pas uniquement dédié aux fumeurs. Il s’adresse à tout le monde.


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Pour les headquarters, il a été important pendant de nombreuses années que les espaces reflètent la marque de l’entreprise. Est-ce que cela se pratique encore?

«Aujourd’hui, je ne crois pas du tout que l’espace intérieur doit reprendre les codes couleurs du logo d’une marque par exemple. Beaucoup d’agences bancaires ont été réalisées ainsi il y a 15 ans, mais cette époque est révolue. Je crois beaucoup plus en du mobilier intemporel, qui supportera les changements de branding et évitera la pression psychologique de la marque au quotidien. Par contre, la marque peut se refléter dans la signalétique, des écrans interactifs. C’est plutôt, à mon sens, à travers une culture d’entreprise et une attitude que l’on crée de l’identité.

On dit que le succès d’un projet se mesure à son degré d’appropriation. Qu’en pensez-vous?

«C’est tout à fait juste, et c’est pour cela que l’on aime réaliser, quand on en a la possibilité, des zones tests pour que les équipes essayent différents types de mobiliers et d’aménagements. Le déploiement général se fera alors selon les choix opérés par les utilisateurs eux-mêmes. En faisant cela, on ne crée pas de l’identité, mais de l’appropriation. Ceux qui ont choisi le mobilier deviennent des ambassadeurs de l’aménagement déployé. Cela peut sembler peu, mais cette participation est une preuve de consi­dération de l’avis des employés de la part de l’entreprise. C’est un bon signal donné par l’entreprise envers ses collaborateurs. Donc, pour moi, déployer une identité se manifeste plus dans un état d’esprit que dans une forme, une couleur, une matière ou une texture. Il y a des espaces comme les lieux de réception clientèle qui sortent un peu de ce schéma, car ils doivent répondre à une expérience client spécifique, mais dans l’ensemble, c’est cette approche que je défends.

Venons-en à un projet précis, celui du siège d’ING à Bruxelles sur lequel vous travaillez en collaboration avec A2M. Quelle a été votre attitude face à ce bâtiment historique?

«Il s’agit effectivement d’un bâtiment des années 1960 qui a été classé pendant la procédure de développement du projet, y compris l’intérieur. Ceci implique que pour tous les aménagements que nous réalisons à l’intérieur, nous devons retrouver cette ligne des années 1960. La matérialité et le choix des textures sont cadrés par l’équivalent belge de l’INPA, qui donnent leur avis.

Au début, nous avons vécu ce classement inopiné de manière négative, car nous ne nous attendions pas à avoir une contrainte de ce niveau-là. Mais après coup, cette contrainte s’est révélée être un grand avantage, même si ni le board ni les employés n’ont eu voix au chapitre, car la ligne stylistique était par définition intemporelle. On a ainsi dessiné une ligne de mobilier dans l’esprit de cette esthétique des années 1960, mais qui répond aux besoins d’aujourd’hui. Cela nous donne l’occasion de développer un aménagement qui est en parfaite adéquation avec le bâtiment tout en répondant au principe de l’agility-based working. Un bon aménagement se distingue par un bon niveau d’analyse avant d’être une réponse formelle.


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La biophilie est aussi un élément qui a pris récemment beaucoup plus d’ampleur dans la conception des espaces de bureaux. Que pensez-vous de cette attitude de ramener de la nature à l’intérieur des bâtiments?

«La présence des plantes dans les bureaux est un sujet qui existe depuis longtemps. À la demande d’un client, il y a déjà une quinzaine d’années, nous avions imaginé des paravents visuels réalisés à partir de végétaux placés au-dessus des armoires basses entre les bureaux. La présence de plantes apporte indéniablement un effet positif. Mais cela implique la mise en œuvre de vraies plantes, ce qui nécessite un entretien. Idéalement, pour que l’introduction de végétaux fonctionne vraiment, il faut que la demande vienne des employés eux-mêmes afin qu’ils en assurent l’entretien spontanément.

Pour avec des terrasses plantées en continuité avec les espaces de travail. Les employés ont un rapport visuel avec les plantations, mais celles-ci restent dans leur milieu naturel, en extérieur, ce que je trouve préférable.

Toutefois, en intérieur, il est intéressant d’introduire de la végétation à certains endroits spécifiques comme les atriums ou dans les quiet rooms, car la plante peut alors amener un certain calme intérieur.

Dans un tout autre registre, une autre appropriation que j’ai trouvé intéressante récemment est celle de l’art. ING possède une très grande collection d’art et a proposé à ses employés de devenir parrains d’une œuvre. Ainsi, lorsque quelqu’un souhaite en savoir plus sur une des œuvres présentées, il peut s’adresser à son parrain. C’est aussi un excellent moyen d’appropriation de son espace de travail.

La question de la réhabilitation des bâtiments de bureaux existants est une question très importante aujourd’hui, car la meilleure manière de pouvoir économiser des émissions carbone est de pouvoir utiliser l’existant. Quelle expérience pouvez-vous partager à ce sujet?

«La question s’est effectivement posée pour le bâtiment ING, et elle est en fait très simple: est-ce que le bâtiment a un avenir pour accueillir les aménagements futurs et les nouvelles façons de travailler? Si la réponse est oui, se pose alors la question des coûts qui peut faire pencher la décision finale d’un côté ou de l’autre, ou alors c’est non, le bâtiment est totalement obsolète.

Pour le bâtiment d’ING, nous sommes même parvenus à lui donner une empreinte carbone neutre et une capacité partielle à régénérer l’environnement.
Stefano Moreno

Stefano Morenofondateur, architecte et urbanisteMoreno Architecture & Associés

Quand on décide de conserver un bâtiment existant de la période des années 1960, on a souvent de mauvaises hauteurs sous plafond, car trop basses parce que les besoins techniques étaient plaqués en façade plutôt que dans de faux planchers ou faux plafonds. Et il manque aussi les complexes techniques. Mais ce sont des contraintes qui peuvent être dépassées. Par ailleurs, il faut rendre le bâtiment plus performant. Pour cela, il faut travailler activement sur l’enveloppe du bâtiment, calculer les besoins en chaud et froid, analyser les apports externes, notamment solaires, tout en développant la volonté de réduire au maximum les ponts thermiques. Une fois ces études de physique du bâtiment menées, on peut réduire l’empreinte thermique du bâtiment.

Et après, on doit réfléchir à comment et où mettre la technique. Le premier objectif est de la réduire au maximum et de la déployer le plus astucieusement possible. Si l’on arrive à mener à terme tout ceci, alors presque tous les bâtiments des années 1960 ont une deuxième vie potentielle. Pour le bâtiment d’ING, nous sommes même parvenus à lui donner une empreinte carbone neutre et une capacité partielle à régénérer l’environnement. Il y a beaucoup de solutions dans la reconversion des bâtiments de la seconde moitié du 20e siècle qui peuvent être apportées. L’une d’elles est de conserver une ossature existante et de retravailler le reste du bâtiment. C’est ce que nous faisons par exemple pour le bâtiment Arcades développé par le groupe Patrizia.

Parmi la constellation des espaces de travail, il y a les bureaux satellites. Comment envisagez-vous ces espaces qui se conçoivent encore différemment d’un siège social?

«On a eu l’occasion de travailler sur deux projets de bureaux satellites pour PwC, l’un à Mondorf, l’autre à Dudelange. Ce qui ressort de ces expériences est que le satellite ne doit pas être une copie des headquarters et doit offrir ce que l’on ne trouve pas à la maison. Cet espace doit proposer également toutes les fonctionnalités déjà évoquées telles que l’espace de concentration, les espaces partagés, interactifs… Mais on s’est rendu compte que les satellites qui fonctionnent le mieux, au-delà de la question de l’emplacement qui est le premier critère à étudier, sont ceux qui offrent des espaces qui portent une identité architecturale forte et différenciante de l’espace des headquarters ou du home office. Dans le cas de Dudelange, c’est un ancien bâtiment de l’industrie sidérurgique des années 1950, avec un caractère vintage très sympa. À Mondorf, on est dans les greniers de l’ancien domaine thermal. L’espace est tellement décalé que l’adhésion est immédiate.

Ce qui veut dire que ce type de programme peut redonner vie à des bâtiments qui n’intéressaient pas ou peu les investisseurs jusqu’à présent.

«Tout à fait. Mais ce n’est pas forcément un bâtiment historique. Un bureau satellite peut aussi trouver sa place dans un bâtiment récent, mais il doit avoir un caractère différenciant. Ce type de projet peut être porté par les entreprises elles-mêmes ou par des investisseurs qui ont envie de se lancer dans quelque chose d’inattendu. Et ce sont aussi des lieux qui peuvent être partagés par plusieurs entreprises et qui ont donc un potentiel locatif.

Reste la question de la circularité. Comment un immeuble de bureaux peut-il être durable et circulaire?

«Il peut l’être dans son mode constructif bien évidemment, et c’est pour cela qu’on voit de plus en plus d’immeubles de bureaux en bois. Et on peut l’envisager aussi d’un point de vue programmatique. C’est pour cela que quand on conçoit des immeubles de bureaux aujourd’hui, on envisage toujours la capacité de reconversion de cet immeuble en logements, hôtel ou résidence services… Dans les projets de reconversion, cela n’est pas facile à faire. Mais pour une construction neuve, cette transformation fait partie des éléments à intégrer.

Pour le projet d’Atenor, par exemple, nous avions fait l’exercice sur l’une des ailes pour voir comment le projet résiste et réagit. Cette approche amène certains types de postures au niveau de la technique pour anticiper ces changements. Il faut trouver des dénominateurs communs entre les deux univers. C’est une approche de modules, notamment en façade, qui peuvent être potentiellement démontés et transformables. On réfléchit alors les bâtiments comme un oignon, avec une série de couches qui ont chacune leur durée de vie. Celle que l’on doit remettre le moins en question est la structure, puis la technique, les façades, les aménagements intérieurs et le mobilier. Il faut tout de fois signaler que cette réflexion a un surcoût, mais cela permet d’améliorer la résilience de l’immeuble. Et ce point dans les investissements devient central, notamment avec les nouvelles normes européennes, dont la taxonomie qui va imposer de plus en plus ce type de réflexion.»

Cet article a été rédigé pour . Le contenu du hors-série est produit en exclusivité pour le hors-série, il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.