Jennifer Wu, global head of sustainable investing chez JP Morgan AM, souligne le rôle que doivent jouer les asset managers dans la décarbonation de l’économie, mais précise qu’il s’agit avant tout d’une responsabilité envers le patrimoine investi de la clientèle. (Photo: Tom Birtchnell/JP Morgan AM)

Jennifer Wu, global head of sustainable investing chez JP Morgan AM, souligne le rôle que doivent jouer les asset managers dans la décarbonation de l’économie, mais précise qu’il s’agit avant tout d’une responsabilité envers le patrimoine investi de la clientèle. (Photo: Tom Birtchnell/JP Morgan AM)

La transparence exigée par la clientèle et les évolutions réglementaires rendent incontournables la collecte et l’analyse de données ESG pour les gestionnaires d’actifs. Chez JP Morgan AM, cette composante s’inscrit désormais dans sa responsabilité fiduciaire.

Comme le rappelait récemment Massimo Greco, head of European funds pour JP Morgan AM, le gestionnaire d’actifs majeure de ses activités vers la finance durable. Un thème sur lequel est revenu Patrick Thomson, le CEO de l’asset manager, à l’occasion de l’annuel European Media Summit de JP Morgan AM, organisé à Londres du 7 au 8 juin. «Je pense que notre capacité à offrir un choix aux clients dans le domaine de la finance durable constitue une source d’opportunité. C’est probablement notre plus importante initiative et elle se répercute sur tous nos investisseurs.»

Pour sa part, Jennifer Wu, global head of sustainable investing chez JP Morgan AM, estime que la question du changement climatique représente «un défi sans précédent auquel nous devons faire face en tant que communauté, car aucune personne, entreprise ou organisation ne peut le résoudre seul». Pour ce faire, elle n’hésite pas à rappeler les rôles de chacun. Les décideurs politiques ont la responsabilité de guider et diriger l’économie tout en coopérant au niveau international. À leur tour, les entreprises doivent trouver les moyens d’atténuer leurs risques, quitte à s’adapter.

Je pense que notre capacité à offrir un choix aux clients dans le domaine de la finance durable constitue une source d’opportunité. C’est probablement notre plus importante initiative et elle se répercute sur tous nos investisseurs.
Patrick Thompson

Patrick ThompsonCEOJP Morgan AM

En ce qui concerne les asset managers, «notre rôle, en tant qu’investisseurs, est de comprendre ces risques et leur horizon dans le temps», indique Jennifer Wu. Et elle ajoute: «Nous voulons éviter les entreprises qui pourraient potentiellement faire face à des amendes ou à des dommages réputationnels». La collecte de signaux anticipant de potentielles controverses reste d’ailleurs une tâche constante des analystes.

«Un rendement ajusté au risque»

Et qui dit risques dit opportunités. «Notre travail en tant qu’investisseurs est de trouver des futurs potentiels afin de générer de meilleurs rendements pour nos clients.» De la sorte, JP Morgan AM examine chaque cible d’investissement sous l’angle de l’efficacité opérationnelle. «Si une entreprise est capable de produire le même niveau de biens à des coûts moindres parce qu’elle gère mieux les ressources naturelles, nous nous attendons à ce qu’elle génère une meilleure qualité.» Ainsi, le but même de l’intégration des principes ESG consiste à «obtenir un meilleur rendement ajusté au risque». Un élément que Jennifer Wu tient à souligner tout particulièrement: «Il y a quelques malentendus sur le marché, qui font que certains pensent que nous avons l’habitude de nous préoccuper de sauver le monde.»

Il y a quelques malentendus sur le marché, qui font que certains pensent que nous avons l’habitude de nous préoccuper de sauver le monde.
Jennifer Wu

Jennifer Wuglobal head of sustainable investingJP Morgan AM

L’approche d’investissement ESG de JP Morgan AM consiste donc à identifier des entreprises qui peuvent surpasser leurs pairs en se basant sur d’autres paramètres que ceux de la gestion traditionnelle. Ce qui nécessite une vision long terme. «Les entreprises qui se concentrent sur l’amélioration de leurs opérations par le biais d’un meilleur recyclage, d’une meilleure gestion du capital humain ou d’une meilleure qualification de leur personnel et qui se concentrent également sur la mise en place d’un conseil d’administration solide (…) sont des entreprises qui se forment avec le temps», rappelle Jennifer Wu.

«Une compréhension forensique»

L’identification d’entreprises répondant à de tels critères passe incontestablement par la collecte et l’analyse de données, alimentées par les divulgations opérées par les entités. «Les données sont un point fondamental pour essayer de garantir que nous obtenons des informations exactes afin de pouvoir représenter avec précision ce que nous faisons au sein des fonds», souligne le CEO de JP Morgan AM, Patrick Thompson. Il n’hésite d’ailleurs pas à évoquer la nécessité d’obtenir «une compréhension forensique» du respect des engagements ESG de chaque entreprise. «Nous sommes une fiduciaire. (…) Nous n’agissons pas dans notre propre intérêt, mais bien au nom des clients.» En effet, nombre d’entre eux souhaitent recevoir des rapports de données détaillés, les aidant à comprendre les raisonnements motivant les investissements et les résultats attendus.

Nous sommes une fiduciaire. (…) Nous n’agissons pas dans notre propre intérêt, mais bien au nom des clients.
Patrick Thompson

Patrick ThompsonCEOJP Morgan AM

Avec le temps, l’évolution réglementaire devient également un enjeu pour la donnée ESG. Disposer de données de qualité permet déjà de répondre plus efficacement aux questions des régulateurs. L’introduction la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) impose aux gestionnaires d’actifs de classifier leurs fonds selon le fait qu’ils ont une portée durable ou non, qu’ils favorisent des caractéristiques environnementales et sociales, ou qu’ils ont un objectif d’investissement durable clair. Cette réglementation introduira un niveau supplémentaire en janvier 2023. Une révolution réglementaire visant à réduire la possibilité de greenwashing, qui, d’une part, met sous pression les entreprises pour affiner la précision des données qu’elles rapportent et, d’autre part, impose aux asset managers une prise en compte systématique de l’analyse de données.

En revanche, Jennifer Wu rappelle que le traitement des données n’est qu’une aide à la prise de décision: «La partie la plus importante de nos opérations de recherche est gérée par nos analystes et notre gestion de portefeuille.»

Cet article est issu de la newsletter Paperjam + Delano Finance, le rendez-vous hebdomadaire pour suivre l’actualité financière au Luxembourg.