La crédibilité de l’évaluation des actions engagées par les entreprises dépend de la fiabilité des données, laquelle impacte les stratégies d’investissement des gérants d’actifs. (Photo: Shutterstock)

La crédibilité de l’évaluation des actions engagées par les entreprises dépend de la fiabilité des données, laquelle impacte les stratégies d’investissement des gérants d’actifs. (Photo: Shutterstock)

Disposer de données fiables, doublées d’une méthodologie d’analyse interne poussée, constitue le cœur du réacteur de la crédibilité de toute stratégie d’investissement durable. LuxFlag et PwC ont consacré un webinar à cette question le 10 juin.

«Naviguer dans le monde complexe des données ESG (environnement, social, gouvernance): qu’est-ce qui est fiable, correct et répond à la demande des investisseurs?» Telle était la question posée aux orateurs du webinar organisé par LuxFlag et PwC le 10 juin.

Une problématique centrale pour les acteurs de la finance durable: la crédibilité de l’évaluation des actions engagées par les entreprises dépend de la fiabilité des données, laquelle impacte la stratégie d’investissement des gérants d’actifs.

Risques et opportunités

Les sociétés de gestion utilisent les services de fournisseurs de données et d’analyses, comme MSCI ou Sustainalytics, qui passent au crible de nombreuses sources d’informations. Elles croisent ensuite ces données avec leurs propres méthodologies, pour aboutir à une notation ESG des entreprises qu’elles détiennent en portefeuille.

«Nous utilisons les fournisseurs de données extrafinancières comme base de travail, qui nourrit aussi nos modèles d’analyse. Et nous challengeons également ces prestataires pour nous assurer que les informations transmises sont bien pertinentes», confirme Ophélie Mortier, responsible investment strategist chez Degroof Petercam Asset Management.

Avant de poursuivre: «Nous regardons aux risques ESG, en particulier au risque de réputation, mais aussi aux opportunités que peuvent receler les critères ESG pour les entreprises».

Manque de données

Une demande émerge par ailleurs du côté des investisseurs: celle d’avoir accès aux données utilisées par les gérants. «Nous avons besoin de comprendre pourquoi une entreprise a un bon ou un mauvais rating, et nous avons besoin d’avoir accès aux données brutes. C’est pourquoi nous investissons aussi beaucoup dans l’analyse fondamentale», ajoute Ophélie Mortier.

Sauf que les données brutes n’existent pas toujours. «Nous sommes dépendants des données disponibles, et en la matière, nous nous heurtons à une certaine réalité: parfois, les données ne sont pas suffisantes ou bien elles ne sont pas d’assez bonne qualité», constate Hans-Ulrich Beck, vice-président exécutif de Sustainalytics, société de recherche spécialisée.

Exigences standardisées

Le règlement «disclosure» (nouvelles obligations de reporting), qui entre en application le 10 mars 2021, et  (référentiel qui catégorise les activités économiques «durables»), attendue pour fin 2021, vont-ils alors simplifier la collecte de données?

Le type de données collectées et les demandes de reportings seront standardisés, ce qui facilitera la tâche des analystes. Encore faudra-t-il que les entreprises jouent le jeu…

«Nous allons proposer des outils pour que les investisseurs puissent évaluer l’alignement de leurs portefeuilles par rapport à la taxonomie. Mais il existe encore une grande différence entre les critères de transparence qui seront requis par la taxonomie et ce que les entreprises divulguent actuellement», affirme Leslie Swynghedauw, vice-présidente, ESG Research, chez MSCI.

Ce que confirme Hans-Ulrich Beck: «Sans une obligation de communication imposée aux entreprises, nous lutterons tous pour accéder aux données».